RELIGIONAttentats de janvier: Comment les responsables religieux nantais se sont rapprochés depuis un an

Attentats de janvier: Comment les responsables religieux nantais se sont rapprochés depuis un an

RELIGIONLes représentants musulman, juif, orthodoxe, bouddhiste, catholique, bahai, protestant ou agnostique de Nantes ont répondu aux attaques terroristes par l'unité...
Julie Urbach

Julie Urbach

Depuis le 7 janvier dernier, l’un gère « sa douleur » tout en combattant la « manipulation » autour de l’islam, sa religion. L’autre évoque le « sentiment insupportable » de voir cette nécessaire protection policière devant la synagogue. Mohammed Gerroumi, porte-parole de la mosquée nantaise Assalam, et René Gambin, secrétaire du consistoire israélite de Nantes, ont encore du mal à évoquer les attaques terroristes de Charlie Hebdo.

De ces épisodes tragiques de 2015, il semble s’être pourtant dégagé une conséquence positive. « Plutôt que de nous diviser, les événements ont ressoudé les différents responsables religieux autour d’une indignation commune, assure Mohammed Gerroumi. J’ai été bluffé par cette unité que l’on a aussi retrouvée chez beaucoup de citoyens. Je crois qu’ils ont compris que les musulmans n’y sont pour rien dans ces atrocités, et qu’ils sont au contraire victimes de ces impostures. »

« Ne pas laisser le terrain libre »

Un constat général que semblent partager les autres représentants orthodoxe, bouddhiste, catholique, bahai, protestant ou agnostique. En témoigne leur participation, une fois encore, à la traditionnelle cérémonie de « vœux de paix », organisée par l’association Tibhirine, qui prône le discours interreligieux, mardi soir au temple protestant. Une soirée qui avait une dimension particulière. « Nous ne pouvons laisser le terrain libre à ceux qui prônent le meurtre, justifie René Gambin. Nous nous devons d’avancer pas à pas vers tous nos amis croyants pour faire tomber les représentations qui nous empoisonnent. »

« Personne ne peut dire que 2016 ne sera pas similaire à l’année dernière et pourtant nous persistons dans l’espérance, a lancé le père François Renaud. Je fais le vœu que jamais celle-ci ne nous fasse défaut. »

« Ce n’est jamais gagné »

Tout au long de l’année, et au lendemain des deux attaques terroristes, les différents représentants des cultes ont tenu à afficher leur unité. Une réunion et une marche commune avait eu lieu en janvier, avant qu’un texte intitulé « La haine ne passera pas par nous » avait été cosigné en novembre dernier. Plusieurs conférences ont été organisées. A l’association Tibhirine, qui prône le dialogue interreligieux depuis 20 ans (après la mort des moines en Algérie), en organisant des rencontres mensuelles, on a constaté « un regain d’échanges, des interrogations mutuelles, des remises en cause nécessaires. »

Pour 2016, chacun s’est promis de ne pas relâcher cet élan. « Ce n’est jamais gagné, estime Jacques Hubert, le fondateur de l’association Tibhirine. Après la coopération entre les responsables, c’est le dialogue entre les gens que nous aimerions aider à instaurer. Et c’est un long chemin. »