Nantes: Ce qu'il faut savoir sur l'arrêt des bus à la demande, en test dès ce lundi soir
LUTTE CONTRE LE HARCELEMENT•Un nouveau dispositif est expérimenté à partir de ce soir et pendant six mois...Julie Urbach
Elle met ses écouteurs et dès qu’elle descend, « trace » jusque chez elle. Comme Juliette, 21 ans, nombreuses sont les Nantaises à ne pas se sentir à l’aise dans un bus ou une rue vide, surtout quand il fait nuit noire. Pour tenter de les rassurer, et lutter contre le harcèlement, la Semitan met en place dès ce lundi soir un dispositif inédit en France, déjà en vigueur au Canada : l’arrêt des bus à la demande.
Quel est le principe ?
A partir de 22h30, tout voyageur (homme ou femme) empruntant l’un des douze bus ou chronobus de nuit pourra descendre entre deux arrêts, à condition d’en faire part en amont (au moins un arrêt à l’avance), et de vive voix, au conducteur.
Comment ça marche concrètement ?
Pour des raisons de sécurité, c’est le chauffeur qui décidera du point précis de desserte, mais il ne fera jamais de détour. Le dispositif est valable pour ceux qui souhaitent avoir moins à marcher tout seul la nuit mais aussi pour les personnes qui se sentent importunées à l’intérieur même du véhicule. « La demande pourra se faire discrètement, assure Hervé Bruand, directeur de l’exploitation à la Semitan. La descente se fera par l’avant, pour que la personne n’ait pas à retourner au fond du bus. Cela permet au chauffeur de contrôler le mouvement. » Et notamment de s’assurer que la personne ne soit pas suivie par un individu ou un groupe mal intentionné.
Qu’en pensent les associations ?
C’est justement sur ce dernier point que les associations s’interrogent. « On espère que les chauffeurs seront bien formés et auront l’oeil. Le fait que la mesure soit aussi ouverte aux hommes est un détail qui nous fait tiquer, juge Laura, de l’association Colère Nom féminin. Sinon, c’était vraiment important de mettre en place cette mesure : cela va redonner envie aux femmes de sortir davantage. »
Pour l’association Stop harcèlement de rue 44, il faudrait aller encore plus loin. « Ca va permettre de se sentir un peu plus en sécurité, mais les regards déplacés, les agressions, ça se produit aussi en plein jour, juge Charlotte. Il faut faire comprendre aux hommes que ces comportements ne sont pas normaux. »
Une évaluation du dispositif est-elle prévue ?
Cette expérimentation doit durer six mois avant une première évaluation. Le dispositif pourra être étendu à d’autres grandes villes de France, « sur la base du volontariat ». A Nantes, selon l’impact, la mesure pourra être revue ou étendue. La société de transport estime que ce système pourrait toucher 5 % des gens utilisant le service de nuit - soit environ 1.500 en semaine et 3.500 le samedi soir.