SANTENantes: La CFDT pense que le CHU ne peut pas financer le regroupement sur l'île

Nantes: La CFDT pense que le CHU ne peut pas financer le regroupement sur l'île

SANTEAlors q'un nouveau plan d'économies vient d'être présenté, le syndicat CFDT est convaincu que le CHU n'a pas les moyens de financer la construction du nouvel hôpital sur l'île de Nantes. La direction dément...
Frédéric Brenon

Frédéric Brenon

Il soutenait jusque-là, malgré les critiques, le projet de construction d’un nouvel hôpital public sur l’île de Nantes. Mais aujourd’hui, le syndicat CFDT «ne voit plus du tout les choses de la même façon». Ses représentants au CHU de Nantes doutent en effet sérieusement de la capacité de l’hôpital à financer un tel projet depuis la découverte d'une note d’information rédigée à l’occasion du dernier comité technique d’établissement.

Il était en effet écrit, selon le syndicat, que le CHU avait une «structure financière saine» mais «insuffisante pour soutenir un investissement de 1000 millions d’euros». Précisément le montant du coût global du regroupement de l’Hôtel-Dieu et de l’hôpital Nord-Laënnec prévu sur l’île à l’horizon 2023.

«On va droit dans le mur»

Pour la CFDT, pas de doute, le nouveau plan d’économies qui vient d’être présenté par la direction du CHU serait un «écran de fumée» servant en fait à dégager des moyens pour «tenter de financer le déménagement». Les syndicalistes ont fait leurs calculs: si l’on déduit la subvention de l’Etat et l'emprunt bancaire, le CHU devra encore apporter près de 300 millions d’euros de ressources propres pour boucler le financement du projet.

«Nos provisions, inférieures à 100 millions d’euros, sont insuffisantes, d'autant plus qu'il faut retirer 47 millions d'euros liés à des emprunts toxiques. Les économies restant à réaliser sur le dos d’un personnel déjà usé sont trop énormes. Le CHU n'a pas les moyens de ses ambitions. On va droit dans le mur. Il faut rouvrir le débat sur le financement», s'alarme le syndicat.

Forte montée du stress et des arrêts de travail

Entre 2008 et 2011, le CHU de Nantes était parvenu à économiser 30 millions d'euros grâce à un plan de rigueur et à une hausse de la productivité. «Cela s'était traduit par une forte montée du stress et des arrêts maladie en raison de la dégradation des conditions de travail des agents», estime la CFDT.

Le CHU compte sur la vente de l'hôpital Laënnec

La direction du CHU de Nantes se veut nettement plus rassurante. «Le montage financier du projet île de Nantes a fait l'objet d'une instruction rigoureuse au plus haut niveau de l'Etat», assure Laetitia Flender, directrice adjointe du pôle investissement au CHU.

Selon elle, le nouvel hôpital sera financé par une aide de l'Etat de 225 millions d'euros, par un emprunt bancaire d'environ 470 millions d'euros, par les «provisions existantes du CHU de Nantes» [environ 90 millions d'euros], lesquelles «ne doivent pas diminuer mais n'augmenteront pas forcément», ainsi que par la vente future des terrains de l'hôpital Laënnec à Saint-Herblain. «C'est une zone urbanisée très valorisable», est convaincue Laetitia Flender.

L'emprunt serait remboursé par les économies générées par la limitation des déplacements liée au regroupement des sites, et par le développement de l'activité ambulatoire.

Un nouveau plan d'austérité pour satisfaire l'Etat

Quant au nouveau plan de rigueur courant sur trois années (2015, 2016, 2017) qui vient d'être présenté, il ne serait «pas lié» au projet de déménagement sur l'île mais dû aux efforts demandés par le gouvernement «dans le cadre de la baisse des dépenses d'assurance-maladie au niveau national», affirme la direction.

La baisse des tarifs hospitaliers décidée par l'Etat va «entraîner une perte de recettes de 4 millions d'euros» pour le CHU de Nantes. Un manque à gagner auquel il faut ajouter 6 millions d'euros de dépenses liées à des évolutions salariales et changements de statut du personnel. «Cela fait déjà 10 millions d'euros à compenser pour parvenir à rester à l'équilibre en 2015», indique la directrice adjointe.