Notre-Dame-des-Landes: Rassemblement à Saint-Nazaire pour une famille menacée d'expulsion
PROJET D'AEROPORT•Le concessionnaire du futur site, Aéroports du Grand Ouest (AGO), demande l'expulsion d'une famille locataire d'une maison située sur la zone...J.U. avec AFP
Environ 200 opposants au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes se sont rassemblés mercredi devant le palais de justice de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), en soutien à une famille menacée d'expulsion.
Les manifestants ont apposé des banderoles sur les grilles du tribunal, proclamant «Pour la sauvegarde du bocage de Notre-Dame-des-Landes», ou avec un avion barré d'une croix rouge. Des pancartes ont été accrochées aux quelque 25 tracteurs garés devant le palais de justice, avec inscrit «Nos lieux de vie valent plus que vous profits» ou «Village en danger, Vinci déporte la population».
« SaintNazaire Les tracteurs aux portes du tribunal #NDDL pic.twitter.com/2y3GT80YaP — julien bouliou (@julienbouliou) March 25, 2015 »
La famille y habite depuis 1996
Le concessionnaire du futur site, Aéroports du Grand Ouest (AGO), filiale de Vinci, avait saisi le tribunal d'instance de Saint-Nazaire en référé (procédure d'urgence) à l'automne d'une demande d'expulsion de la famille, un couple et son enfant, locataire d'une maison située sur la zone où doit être construit l'aéroport.
Le juge des référés s'était déclaré le 21 novembre incompétent, considérant qu'il y avait une «contestation sérieuse», et avait demandé de saisir le tribunal au fond.
La famille habite depuis 1996 cette maison, que son propriétaire a vendue à l'Etat en janvier 2009, sans mentionner la présence de locataires, qui étaient devenus occupants sans droit ni titre. Le concessionnaire du futur aéroport avait une première fois saisi la justice, avant de suspendre la procédure d'expulsion en 2012.
Un délai de trois ans demandé
«Il n'y a aucune urgence à ce que AGO reprenne son bien. S'il y avait eu urgence, cette période de deux ans où il ne s'est rien passé n'aurait pas existé (...) AGO nous dit que c'est urgent, saisit des juridictions en référé, mais quatre ans plus tard, il ne se passe toujours rien. Et si l'aéroport ne se fait pas, qu'est-ce qu'on va dire à toutes les personnes qui ont été délogées?», a plaidé l'avocat de la famille, Stéphane Vallée, demandant au tribunal un délai de trois ans, le maximum que la loi peut autoriser dans une procédure d'expulsion.
«La société AGO a été missionnée par l'Etat pour construire cet aéroport, c'est une mission d'intérêt général, l'aéroport a été déclaré d'utilité publique. Il y a eu beaucoup de recours (contre l'aéroport), à leur issue le chantier va être ouvert et il faudra que les occupants soient partis quand la construction va commencer», a soutenu de son côté l'avocat d'AGO, Emmanuel Cheneval, réclamant une expulsion dans le délai minimum légal, c'est-à-dire deux mois.
Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 13 mai.