Nantes: Les lasers, l'autre incivilité qui pourrit la vie des conducteurs de la Tan
TRANSPORTS•Projetés au visage des conducteurs de bus ou tramway, les rayons lasers inquiètent le personnel de la Semitan...Frédéric Brenon
Moins spectaculaire que les caillassages, une autre incivilité pourrit la vie des conducteurs de bus et tramways nantais depuis plusieurs mois: les lasers. Rares il y a encore quelques années, ces petits engins produisant des rayons lumineux vert ou orange sont de plus en plus souvent utilisés par les jeunes, qui les dirigent, parfois, vers les yeux des conducteurs. En 2014, la direction de la Semitan a recensé en moyenne deux signalements de cette nature par semaine.
«Ça brouille la vue quelques secondes»
«C’est un jeu stupide qui a l’air de plaire, déplore Chantal Roullaud, déléguée CFDT à la Tan. Le rayon crée une gêne évidente à la conduite. Cela suscite aussi une inquiétude sur la santé puisqu'on ne connaît pas la puissance de ces lasers.» «Ça brouille la vue quelques petites secondes. Et au volant d’un bus, si une voiture freine juste devant à ce moment-là, on ne la voit pas», s'alarme Ronan Gilbert, délégué CGT.
Les actes surviennent tout au long de l'année, avec des pics lors des vacances scolaires ou au moment de la fête foraine, estiment les syndicats de personnel.
«Il est évident que ça génère un stress»
Conscient de la situation, le directeur de la Tan se dit «vigilant» mais ne veut «pas non plus dramatiser». «Il n’y a pas encore eu d’accident lié au laser, il me semble, observe Alain Boeswillwald. Ce que disent les professionnels de l’ophtalmologie, c’est qu’il faudrait une exposition de plusieurs secondes au fond de l’œil pour créer un dommage. C’est pratiquement impossible. Néanmoins, il est évident que ça génère un sentiment de stress chez le conducteur.»
«Ils sont très durs à localiser»
Le phénomène serait difficile à contrecarrer. «Il est compliqué de prendre les auteurs sur le fait. Alors on ne peut que constater un sentiment d'impuissance», regrette Chantal Roullaud. «Les lasers s’achètent facilement sur Internet, explique Alain Boeswillwald. Ils peuvent être utilisés depuis la rue, une fenêtre, ou même une voiture en mouvement. Ils sont très durs à localiser. On échange avec la police à ce sujet. Après, comme d’autres problématiques de sécurité, on est un peu gêné pour communiquer. On ne veut pas donner des idées.»