GASTRONOMIEVendée: Un producteur de foie gras jugé pour «cruauté» sur des canards gavés

Vendée: Un producteur de foie gras jugé pour «cruauté» sur des canards gavés

GASTRONOMIELa société Ernest-Soulard, dont le foie gras est réputé, est poursuivie par l'association L214 à la suite d'une vidéo dénonçant les conditions de gavage des canards dans ses fermes...
Frédéric Brenon

F.B. avec AFP

Un producteur de foie gras comparaît ce jeudi devant le tribunal correctionnel de La Roche-sur-Yon (Vendée), après avoir été cité pour «sévices graves et actes de cruauté» par une association de défense des animaux.

En novembre 2013, l'association L214 avait publié une vidéo dénonçant les conditions de gavage des canards dans des fermes sous contrat avec la société Ernest Soulard, basée dans la commune de L'Oie (Vendée), qui fournit de grandes tables parisiennes. Sur les images, on voyait des canards cantonnés dans des cages individuelles, ne pouvant pratiquement pas bouger.

Le chef multi-étoilé Joël Robuchon avait décidé de suspendre ses approvisionnements chez ce fournisseur après la diffusion, imitant le chef anglais Gordon Ramsay.

Le «premier procès du gavage en France»

L214, qui avait porté plainte début 2014, poursuit la société vendéenne sur citation directe, une procédure sans enquête de police, où le tribunal juge sur les pièces produites par les parties.

Pour l'association, ce «premier procès du gavage en France» va permettre «de discuter du fondement, de la légalité ou pas de cette pratique» et des «conséquences qu'elle peut avoir sur les animaux», explique la porte-parole de L214, Brigitte Gothière.

«Si la société est condamnée, cela aura évidemment une incidence sur la pratique du gavage, interdite par de nombreux pays», estime l'avocate de l'association, Hélène Thouy, précisant que le délit «d'actes de cruauté» est passible de «30.000 euros d'amende et deux ans d'emprisonnement ».

«Nous ne sommes pas des barbares» se défend le directeur

«Ce n'est pas le procès du gavage, rétorque le directeur général d'Ernest Soulard, Roland Tonarell. La question est: est-ce qu'il y a eu maltraitance ou pas? Nous allons démontrer pas à pas, minute par minute, que ce n'est pas le cas. Nous avons des éléments factuels pour démontrer que la vidéo est un montage (...) et que tout n'a pas été tourné chez nous.» Le directeur évoque par exemple «des cages très sales sur un plan global», puis «d'un coup une cage très propre sur un plan serré».

La société de gavage avait porté plainte après la diffusion de la vidéo pour «violation de domicile» et pour des dégradations. L'association L214 et deux de ses membres doivent d'ailleurs comparaître jeudi pour ces faits.

«Nous ne sommes pas des barbares (...). La vidéo a fait du mal aux producteurs et créé un climat de suspicion», déplore Roland Tonarelli, «convaincu» que l'entreprise «sortira blanchie de cette affaire».

L'Union européenne, qui a interdit les cages individuelles en 2011, a donné aux producteurs jusqu'au 31 décembre 2015 pour s'équiper de cages collectives pour le gavage.