TRANSPORTSNantes: Trente ans après, le tramway n'est-il pas vieillissant?

Nantes: Trente ans après, le tramway n'est-il pas vieillissant?

TRANSPORTS«Performant», «Fiable», «surchargé», «ringard»: les avis divergent concernant le tramway nantais, 30 ans après sa remise en service...
Frédéric Brenon

Frédéric Brenon

La Semitan célèbre ce mercredi les 30 ans de la remise en service du tramway à Nantes. En trois décennies, le tram est passé d’une à trois lignes et sa fréquentation a atteint 72 millions de voyageurs en 2014. Pour autant, répond-il toujours aux attentes? A-t-il bien vieilli? Ce qu'en pensent les principaux intéressés.

«Trop centralisé» et «un peu ringard» pour l'association d'usagers. «Le tramway nantais a longtemps eu une longueur d'avance en France, considère Jean-Bernard Lugadet, président de l'Association nantaise déplacements environnement (ANDE), membre de la fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut). Mais, depuis quelques années, il ne progresse plus et s'est fait rattraper. Bien sûr, la qualité de service globale reste satisfaisante. Mais le réseau est encore trop centralisé autour de Commerce: les flux de piétons y sont mal organisés, la ligne 1 est surchargée. L'information sonore et visuelle doit également être améliorée, tout comme le service du dimanche. Et puis, c'est vrai que les vieilles rames ayant été conservées, les stations ayant peu évolué, elles renvoient aujourd'hui une image un peu ringarde, pas très sexy, comparée à d'autres villes.»

«Fiable» mais «pas très moderne» pour le blogueur-photographe Allan Touchais. «Le tramway nantais reste pour moi un moyen de transport très agréable, estime l'auteur de L'inconnu du tramway. Je le trouve bien desservi, fiable, il y a relativement peu de pannes. Après, le matériel n'est pas toujours très moderne. Nantes était en avance il y a dix ans mais on dirait qu'ils se sont un peu endormis depuis, sur les nouvelles technologies et la communication 2.0 en particulier. A Rennes, on propose par exemple le wifi et la radio dans les rames. L'écoute des usagers laisse aussi un peu à désirer.»

«Compétitif» et «durable», pour Pascal Bolo, premier adjoint au maire de Nantes et président de la Semitan. «Notre tramway est fiable, bien entretenu et compétitif. Grâce à nos efforts, un kilomètre parcouru coûte plutôt moins cher à Nantes qu'ailleurs. Il y a beaucoup de délégations qui viennent observer notre savoir-faire. La fréquentation, qui n'a cessé de progresser depuis 30 ans, est aussi une réponse positive. Toutefois, il y a des progrès à faire pour développer les radiales. On sait que la faiblesse de notre réseau c'est sa centralité autour de Commerce. J'entends également les remarques sur le design des premières rames Alstom. Mais je constate que dans les villes étrangères plusieurs générations de rames circulent en même temps, comme chez nous, sans que ça ne gêne personne. A l'heure où d'autres dépensent ou remplacent à grands frais, nous, on a fait le choix du durable.»

«Surchargé», selon la CFDT, syndicat majoritaire au sein du personnel de la Semitan. «La fréquentation ne cesse d'augmenter et, aujourd'hui, il y a une saturation aux heures de pointe, commente Gabriel Magnien, trésorier du CE. Le réseau en croix passant par Commerce accentue cet engorgement et créé des difficultés quand il y a des incidents. De gros efforts ont été consentis pour la fiabilité et la sécurité. Mais, sur ce dernier point, je pense qu'on peut faire davantage (caméras, équipes supplémentaires).»

«Il vieillit» mais «c'est du costaud», pour Alain Boeswillwald, directeur de la Tan. «Le tramway nantais a vieilli, reconnaît Alain Boeswillwald, mais on veille à ce qu'il vieillisse bien. On a eu des phases de rénovation lourdes et cela va continuer ces prochaines années. Une partie du matériel a un design des années 1980, mais je ne crois pas que ce soit un souci pour nos clients. Ce qui compte, c'est la fiabilité et la performance. Et puis c'est du costaud. Je ne suis pas sûr que tous les tramways modernes dureront 30 ans.»