JUSTICEXynthia: L'ancien maire de la Faute-sur-Mer risque gros

Xynthia: L'ancien maire de la Faute-sur-Mer risque gros

JUSTICEAprès cinq semaines de procès, le jugement de la catastrophe sera rendu ce vendredi matin aux Sables-d'Olonne...
Frédéric Brenon

Frédéric Brenon

C'est ce vendredi, vers 10h, que le tribunal correctionnel des Sables d'Olonne rendra sa décision dans le procès de la catastrophe Xynthia, qui avait fait 29 morts à la Faute-sur-Mer (Vendée) dans la nuit du 28 février 2010. Un jugement très attendu au regard de l'émotion suscitée dans la France l'entière par le drame, au regard des auditions glaçantes des victimes qui se sont succédé à la barre, au regard également du caractère exceptionnel du procès qui s'était déroulé pendant cinq semaines dans un centre des congrès réquisitionné pour accueillir les 120 parties civiles, la centaine de journalistes et le public.

L'ex «petit maire» risque 4 ans de prison

L'enjeu sera de dire si des erreurs humaines ont bien été responsables du lourd bilan. Principal mis en cause, l'ancien maire de La Faute-sur-mer, René Marratier, risque gros: le procureur a requis contre lui quatre ans de prison dont trois ferme. Il lui est reproché une «frénésie immobilière», une «urbanisation à outrance», au mépris des règles d'urbanisme et de sécurité, sans informer la population des risques encourus dans cette zone inondable théoriquement inconstructible. Une réquisition d'une «très grande sévérité, parfaitement injustifiée et hors de proportion» dénonce l'avocat de René Marratier, Antonin Levy, qui craint une condamnation «pour faire plaisir aux victimes» et qui fasse de son client un «bouc émissaire».

«Il faut de temps en temps des sanctions exemplaires»

Tout au long du procès, René Marratier n'avait eu de cesse de se positionner en «petit maire» aux «petits moyens» gérant la commune en «bon père de famille» et ne pouvant pas prévoir une catastrophe de cette ampleur.

«René Marratier tente depuis le début de se faire passer lui aussi pour une victime, s'agace de son côté Renaud Pinoit, président de l'association des victimes des inondations de la Faute-sur-mer (Avif). Mais ce qui s'est passé n'était pas un accident: il y a eu des erreurs humaines. Il faut de temps en temps des sanctions exemplaires pour faire évoluer les consciences et que cela ne se reproduise plus. Ça ne ramènera pas les morts. Mais si cela peut éviter d'autres drames similaires ailleurs, ce procès aura été utile.»

Le représentant de l'Etat épargné?

Outre l'ancien maire, son adjointe à l'urbanisme et promoteur immobilier, François Babin, risque également trois ans de prison, dont deux ferme. Deux ans de prison dont un ferme ont aussi été requis à l'encontre du fils de Françoise Babin, Philippe Babin, agent immobilier, jugé pour ne pas avoir organisé de surveillance de la digue la nuit de la tempête. Le procureur n'a en revanche réclamé qu'une peine d'un an avec sursis contre Alain Jacobsoone, ex-directeur départemental adjoint des territoires et de la mer à la préfecture de Vendée, seul représentant de l'État présent sur le banc des prévenus, poursuivi pour ne pas avoir suffisamment alerté le maire sur les dangers de la tempête.

«Alain Jacobsoone a quasiment plaidé coupable, il est seul à avoir clairement exprimé des regrets et à s'être mis au niveau des familles de victimes», considère Renaud Pinoit, qui précise que «si des relaxes étaient prononcées, ce procès serait vécu comme une deuxième catastrophe» pour les parties civiles.

En cas de condamnations, les prévenus auront dix jours pour faire appel. Le parquet pourrait lui aussi décider de faire appel en cas de décision jugée trop clémente.