Ragondins maltraités à Nantes: Les agriculteurs organisateurs se défendent
SOCIETE•Le traitement réservé aux ragondins lors de la manifestation des agriculteurs mercredi midi à Nantes a choqué sur les réseaux sociaux...Frédéric Brenon
Depuis la manifestation des agriculteurs mercredi midi à Nantes, la polémique atteint des sommets. Des centaines d'habitants ont publié sur les réseaux sociaux des commentaires indignés devant les images de ces ragondins lâchés en ville, frappés ou recouverts de peinture. Pointé du doigt, le président du syndicat FNSEA 44, principal organisateur de la manifestation, se dit «outré» par les réactions, ce jeudi.
«Un décalage profond avec les citadins»
«C'est scandaleux que tout le monde se focalise sur cette histoire alors que cette manifestation à risques a été gérée de main de maître, sans la moindre casse, s'agace Alain Bernier, président de la FNSEA 44. Il y a visiblement un décalage profond entre les citadins et le monde rural. Il faudrait que les citadins sortent un peu de chez eux, mettent des bottes, pour voir notre réalité. Les ragondins sont des animaux nuisibles! Ils détruisent les ruisseaux, les berges, les récoltes, véhiculent des maladies pour le bétail. Ils peuvent aussi être dangereux et agressifs pour l'homme. C'est un fléau pour notre profession et nos campagnes. Ce n'est pas pour rien qu'ils sont piégés.»
«Quand des agriculteurs se suicident, il y a moins d'émotion»
La FNSEA avait choisi de mettre ces rongeurs en avant «car ils symbolisent le fait qu'à trop protéger la biodiversité, on protège aussi des nuisibles». «Certes, certains ragondins ont été repoussés avec les pieds mercredi, admet Alain Bernier, éleveur de profession. Mais je ne comprends pas que ce soit ça qu'on retienne! Quand des agriculteurs se suicident, et il y en a beaucoup, là ça provoque beaucoup moins d'émotion! Quand des sangliers déboulent en ville, font des dégâts, ça ne choque personne qu'on soit obligé de les abattre! Depuis hier [mercredi] soir, je reçois de nombreux coups de téléphone d'agriculteurs remontés et dégoûtés qu'on ne parle que de cette histoire plutôt que de nos difficultés quotidiennes.»
Un «ras-le-bol» qui s'est exprimé
La Fondation Brigitte Bardot, qui défend la protection des animaux, a annoncé qu'elle allait porter plainte. «On a des avocats, on saura répondre, commente Alain Bernier. Si c'était à refaire, on referait le lâcher de ragondins. Mais je donnerais sans doute des consignes pour qu'ils soient libérés directement au bord de l'Erdre. Vous savez, les 350 agriculteurs présents à Nantes étaient extrêmement en colère. Le ras-le-bol s'exprime parfois de manière inattendue. Ne croyez pas qu'il est facile de maîtriser individuellement chaque manifestant face aux caméras.»