Le harcèlement de rue mis à sac

Le harcèlement de rue mis à sac

Initiative Une association nantaise lutte contre le phénomène à l'aide d'un message percutant
Julie Urbach

Julie Urbach


«Ta main sur mon cul, ma main sur ta gueule ». Depuis un mois, cette petite phrase aussi directe qu'une bonne gifle est devenue la philosophie de toutes celles qui souhaitent protester contre le harcèlement de rue. L'association Colère : nom féminin, dont la majorité des membres habitent à Nantes, a en effet lancé une collection de débardeurs et de petits sacs (vendus 12 et 10 € et imprimés à Rezé) arborant ce slogan. « On voulait proposer un joli visuel avec un message clair, qui permette, enfin, d'ouvrir le débat sur toutes ces remarques, gratuites et non sollicitées, que les femmes ont à subir dans la rue tous les jours », explique Cécile, graphiste de 26 ans, qui a conçu le design du logo.

Avec déjà 1 000 commandes passées du monde entier, le succès est au rendez-vous, à tel point que le site Internet est fermé pour quelques jours, le temps de traiter les demandes en attente. L'association a déjà récolté 10 000 € ; une somme qui, après avoir remboursé les frais de fabrication, sera reversée à des associations de terrain, comme Stop harcèlement de rue, ou vouée à financer des actions. « C'est vraiment super que ça cartonne, estime Cécile. Mais cela veut dire aussi qu'il y a un vrai problème. »



Main sous la jupe



Le problème ? Le « viande à viol » et les autres insultes entendues par Laura, qui en a eu «ras le bol» et a décidé de monter cette association avec dix copines. Mais aussi la main d'un homme, que Patricia a senti un matin sous sa jupe, alors qu'elle montait un escalier, à la gare. «Instinctivement, je lui ai mis une claque, raconte-t-elle. Je ne peux pas concevoir que la rue devienne un danger, un endroit où l'on n'est pas respectées. » Pour la suite, l'association travaille déjà sur de nouveaux slogans, dont certains pourront être portés par les hommes. « Beaucoup de nos amis masculins n'ont pas conscience du phénomène, car les femmes concernées sont souvent seules lorsque ça se produit, explique Cécile. Certains peuvent aussi en être victimes.»

■ Autodéfense

Cent places pour une initiation gratuite à l'autodéfense ont été distribuées, par l'association, à des Nantaises volontaires. Les cinq sessions, prévues en août, ont été financées grâce aux recettes.