La chasse au tueur d'abeilles est lancée
Environnement Les particuliers sont invités à piéger les frelons asiatiques dans leurs jardinsGuillaume Frouin
Haro sur le frelon asiatique. Une « campagne de piégeage » inédite vient d'être lancée en Loire-Atlantique pour enrayer l'invasion de cet insecte, qui décime les abeilles depuis son arrivée dans le département il y a trois ans. Les particuliers sont invités à fabriquer leurs propres pièges – par exemple en coupant une bouteille plastique aux deux tiers, et en retournant son goulot – et à les installer dans leurs jardins. Libre à eux, ensuite, de mettre ce qu'ils veulent à l'intérieur. « Les frelons asiatiques sont friands de déchets de crevettes, poissons, bière brune, sirop de cassis ou vin blanc », énumère-t-on à l'Union des apiculteurs de Loire-Atlantique (Unapla), à l'origine de la campagne. Le miel est à proscrire : cela pourrait avoir des effets sanitaires négatifs sur les abeilles. Les dates de la campagne – du 1er février au 1er mai, et du 20 août au 30 novembre – ont aussi leur importance, pour ne pas piéger d'autres insectes.
Production en chute libre
Pour les apiculteurs, il y a urgence : la production de miel a chuté de 33 % l'an passé en Loire-Atlantique. Les ravages du frelon asiatique sont en effet venus se rajouter à ceux provoqués par les pesticides. « Nous sommes aussi stressés que nos abeilles », confirme Xavier Godin, apiculteur à Treillières, qui a vu s'effondrer dix-neuf de ses soixante-quatorze ruches en l'espace de deux mois. Ses abeilles, suppose-t-il, sont « mortes de fatigue et de stress » après avoir défendu pendant plusieurs mois l'entrée de leurs ruchers contre le frelon asiatique.
« Personne ne bouge »
La campagne de piégeage est d'autant plus cruciale que l'entrée en vigueur du classement du frelon asiatique comme « espèce nuisible », promise par le gouvernement pour la fin 2012, se fait attendre. Cela permettrait de débloquer des fonds, pour payer par exemple les échelles et nacelles d'entreprises spécialisées dans son éradication. « Personne ne bouge, alors que la saison va bientôt démarrer », s'exaspère Joël Brochard, président de l'Unapla. « On a donc décidé de se prendre en main. » ■