Municipales 2020 : Après 90 ans de règne, le parti communiste pourrait perdre la ville de Seclin
ELECTIONS•La commune de la métropole lilloise est un bastion du communisme depuis 1929.François Launay
L'essentiel
- La ville de Seclin, située au sud de Lille, est communiste depuis 1929.
- Mais la commune pourrait bien basculer au deuxième tour des municipales le 28 juin au profit d'un candidat sans étiquette qui défie le maire sortant.
Résidence Lénine ou encore place Stalingrad. A Seclin, il suffit de se promener dans les rues pour s’apercevoir que le communisme a la cote. Et pour cause : depuis 1929 (exception faite de l’Occupation), la commune de 13.000 habitants, située au sud de Lille, n’a connu que six maires, tous issus du parti à la faucille et au marteau. « Mais je vous rassure, on est en train de construire une résidence Simone-Veil », sourit Bernard Debreu, maire de la commune depuis 2004 et candidat à une réélection qui s’annonce compliquée.
Les résultats du 1er tour des municipales à Seclin
Car le bastion communiste de la métropole lilloise pourrait bien finir par tomber le 28 juin. Déjà vainqueur de justesse en 2014 (146 voix d’écart), Bernard Debreu a connu une campagne mouvementée. Lors du dernier mandat, l’union de la gauche a volé en éclats et deux de ses anciens adjoints se sont même présentés contre lui au premier tour. Le 15 mars, le maire communiste (40,18 %) a été devancé de 16 voix par François Xavier Cadart (40,58 %), son opposant historique qui se déclare indépendant.
Un ex-adjoint du maire sortant a rallié l’opposant historique
Le second tour s’annonce donc incertain d’autant plus que Didier Serrurier (DVG), ex-adjoint de Debreu et arrivé troisième au premier tour (10,16 %), a décidé de rallier contre toute attente la liste de Cadart. « Une alliance contre nature », tonne le maire sortant. Pourtant, si le communisme est peut-être en train de vivre ses derniers jours à Seclin, personne n’en fait un argument de campagne comme l’assure François Xavier-Cadart.
« Certes, je suis opposé à Bernard Debreu mais je ne fais pas d’anti-communisme primaire. Je ne me retrouve pas dans la politique du maire mais qu’il soit communiste, de droite ou de gauche, mon combat aurait été le même. C’est sa façon de concevoir la politique qui me gêne. Mon objectif n’est pas de faire tomber un bastion communiste, mais bien d’avoir une alternative pour Seclin », lâche cet avocat de 48 ans, conseiller général dans la majorité (DVD) du département du Nord.
Un héritage communiste qui convient aux deux rivaux
De son côté Bernard Debreu assure que ses administrés ne lui parlent pas de ça : « On ne me parle jamais de communisme dans la rue. Par contre, les gens me parlent des trous sur leur trottoir ou des encore des masques que j’ai distribué pendant la crise du Covid ».
Mais n’allez pas croire pour autant que le maire de 74 ans renie son engagement communiste. Bien au contraire : l’héritage de la ville est à lui seul un argument de campagne. « On a sans doute les tarifs les plus bas de la métropole pour la cantine, le centre de loisirs ou encore la piscine. La bibliothèque est gratuite, on subventionne aussi 100 associations de la ville. Il y a beaucoup de solidarité. Si c’est ça l’héritage communiste, je le porte avec fierté », clame l’élu.
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La lutte finale du 28 juin
Des acquis sociaux que François-Xavier Cadart promet d’ailleurs de ne pas remettre pas en cause s’il devient maire de la ville. « Je garderai l’ADN de la ville. Je ne changerai pas la tarification basse des cantines scolaires ou du centre de loisirs. Il y a des avantages dont disposent les Seclinois qui n’ont pas lieu d’être remis en cause. Mais cet héritage n’est pas le monopole de Bernard Debreu. Quoi qu’il arrive, mon objectif n’est pas de faire la révolution à Seclin mais d’offrir une nouvelle orientation », assure le candidat de l’opposition.
La révolution attendra donc à Seclin mais pas la lutte finale qui aura bien lieu le 28 juin dans les urnes de la cité rouge.