Municipales 2020 à Rennes : La gauche veut se rassembler, la droite et LREM partent divisées
ELECTIONS•Arrivée en tête, la maire sortante Nathalie Appéré négocie avec la liste écologiste de Matthieu TheurierJérôme Gicquel et Camille Allain
L'essentiel
- Arrivée en tête, la maire sortante de Rennes Nathalie Appéré discute avec le candidat écologiste Matthieu Theurier, crédité de 25 % des suffrages au premier tour des municipales.
- Le Parti socialiste et les écologistes avaient déjà fusionné en 2014 après de délicates négociations.
- Face à eux, la candidate LREM Carole Gandon et le candidat de la droite Charles Compagnon ne vont pas nouer d’alliance.
De surprise il n’y avait pas eu. Au soir du premier tour de l’élection municipale à Rennes, la liste emmenée par Nathalie Appéré s’affichait assez largement en tête avec 32,77 % des voix. Au soir du 15 mars, la maire sortante avait fait savoir qu’elle ne fera pas campagne pour le second tour, afin de gérer au mieux l’épidémie de coronavirus qui frappait le pays, occupant au passage le terrain médiatique. Devançant ses alliés écologistes de sept points (25,37 %), la socialiste promettait alors « un rassemblement de la gauche ».
Depuis, c’est le Covid-19 qui s’est invité dans le scrutin et peu de chose ont avancé. Il y a bien eu quelques SMS d’échangés mais les négociations ne font que commencer entre Nathalie Appéré et Matthieu Theurier. Il va falloir faire vite. Les listes doivent être déposées mardi en vue du second tour prévu le 28 juin. En face, il n’y aura pas d’alliance entre le candidat de la droite Charles Compagnon et Carole Gandon, candidate LREM. Sauf cataclysme, Rennes restera aux mains de la gauche.
Les résultats des municipales à Rennes
« Je ne peux pas dire grand-chose. Nous discutons ». Matthieu Theurier n’est pas du genre à manier la langue de bois. Mais la tête de liste écologiste ne peut se prononcer quant aux échanges qu’il mène avec Nathalie Appéré. « Notre volonté a toujours été de rassembler les forces de gauche. Nous sommes toujours sur cette même ligne », assure celui qui avait déjà fait alliance avec les socialistes au second tour en 2014. Du côté de la maire sortante, les équipes ne sont pas beaucoup plus loquaces. Mais on imagine que les négociations seront animées pour établir une liste et un programme commun. Car si les écolos ont gagné dix points, la maire bénéficie de sa visibilité dans la gestion de l’épidémie.
En 2014, les Verts avaient imposé des conditions et demandé certains postes à la ville et à la métropole (approvisionnement, mobilités, culture, économie sociale et solidaire) « en échange » de leurs 8.900 voix (15 % des suffrages). En six ans, l’alliance a tenu bon et les échanges sont restés courtois. Mais la maire a plusieurs fois regretté le choix des écologistes de faire cavalier seul au premier tour. Peut-elle être tentée de se lancer seule dans le second tour ? C’est peu probable, même si certains dossiers comme la construction d’une Aréna et l’aménagement du palais du commerce divisent les deux camps.
« Aucun intérêt arithmétique à cette fusion » pour Charles Compagnon
La manœuvre serait cependant peu risquée pour la maire sortante puisque l’opposition est très loin. Créditée de 14,29 % des voix, Carole Gandon ne devrait pas perturber le scrutin. La candidate de La République en marche a dû se confiner depuis deux mois et ses équipes auront bien du mal à faire campagne en cette période de crise sanitaire. Elle réunissait ses troupes mercredi soir pour faire le point.
Qualifié pour le second tour avec 12,21 % des suffrages, Charles Compagnon (centre droit) n’a pas noué d’alliance avec la candidate du parti gouvernemental pour une raison simple. Il ne voit « aucun intérêt arithmétique à cette fusion », estimant qu’il aura plus de chance de grappiller des élus au conseil municipal s’il part seul. « Je regarde déjà vers l’avenir », assure l’ancien patron des commerçants du centre-ville, promettant déjà de « s’inscrire dans la durée » à Rennes.