Elections municipales en Languedoc-Roussillon : A Perpignan, Montpellier et Nîmes, rien n'est joué
ELECTIONS•En fonction des alliances ou des retraits, le scrutin peut basculer dans la capitale héraultaiseNicolas Bonzom
L'essentiel
- A Montpellier, le maire est menacé par une triangulaire qui ne lui est pas favorable.
- A Perpignan, Louis Aliot ne serait inquiété que par un hypothétique front républicain.
- A Nîmes, le duel entre Yvan Lachaud et Jean-Paul Fournier s’annonce sans merci. A moins que ce ne soit la gauche qui crée la surprise au deuxième tour.
A Béziers (Hérault), l'élection dès le premier tour de Robert Ménard (divers droite), à plus de 68 % des voix, n’a pas fait un pli. Mais dans les autres grandes villes du Languedoc-Roussillon, la situation est incertaine. 20 Minutes fait le point sur les forces en présence pour le deuxième tour des municipales (s’il a lieu) à Montpellier (Hérault), Perpignan (Pyrénées-Orientales) et Nîmes (Gard), où tout est encore possible.
D’autant que dans ces trois villes, l’abstention, qui pourrait être décisive au deuxième tour des municipales, a battu des records. A Nîmes, elle frôle les 68 %. A Montpellier, plus de 65 % des inscrits n’ont pas voté. Et à Perpignan, un peu plus de 60 %.
A Montpellier, le maire sortant est menacé
A Montpellier, le résultat du premier tour est surprenant à plus d’un titre. D’abord, il y a la performance de Michaël Delafosse (PS), qui rassemble 16,66 % des suffrages, bien plus que ce que les sondages lui prédisaient ces dernières semaines. Et, mécaniquement peut-être, le scrutin a été marqué par le score étonnamment bas de Philippe Saurel (divers gauche), qui ne parvient pas à passer la barre des 20 %, à 19,11 %.
« Pour un premier mandat, c’est rare que le maire sortant perde autant de points, confie le politologue et professeur émérite de sciences politiques Paul Alliès, à 20 Minutes. Son électorat du premier tour d’il y a six ans s’est sans doute dispersé sur d’autres. »
Philippe Saurel, que les enquêtes d’opinion avaient surestimé ces derniers mois, est clairement menacé au deuxième tour. Car sous la barre des 10 % sont restées sur la touche quelques listes de gauche qui ne lui sont pas du tout favorables, comme celles des écologistes ou d’Alenka Doulain. Voire de Rémi Gaillard. « Si le deuxième tour a bien lieu, à mon avis, sur une triangulaire, il risque de perdre, reprend Paul Alliès. Sur les onze listes qui ont été éliminées, il y a un réel réservoir de voix pour Michaël Delafosse. Ce sont pour la plupart des listes qui avaient fait la critique de Philippe Saurel. »
A moins d’une alliance, malgré les tensions du passé, avec Mohed Altrad (divers), qui s’est qualifié avec 13,30 % des voix ? « Ce n’était pas le chemin que prenait Mohed Altrad, reprend le politologue. Je ne le vois pas vraiment se ranger derrière Philippe Saurel comme un bon petit soldat. » Pour l’heure, aucune alliance n’a été annoncée à Montpellier. Mais Michaël Delafosse a annoncé qu’il engageait des « discussions dans un esprit de rassemblement des écologistes, des listes citoyennes ».
A Perpignan, Louis Aliot fait office de favori
A Perpignan, en revanche, les résultats du premier tour n’ont surpris personne, dimanche soir : Louis Aliot (RN) s’est hissé largement en tête, avec 35,65 % des voix. Le maire sortant, Jean-Marc Pujol (LR), confronté à une forte division à droite, arrive loin derrière, avec 18,43 %. Agnès Langevine (EELV), à 14,51 %, et Romain Grau (LREM), à 13,17 %, sont eux aussi qualifiés. Se dirige-t-on, à Perpignan, vers un scénario à la Ménard, où le RN rafle une grande ville au nez et à la barbe de toute l’opposition ?
« Louis Aliot a pris une longueur d’avance, confie Paul Alliès. Un front républicain, s’il a lieu, je ne sais pas si cela peut marcher contre lui. Les scores des candidats dits 'républicains" restent assez bas. Et il faudrait une coalition des trois candidats. Je suis assez sceptique. » Pour l’instant, aucun candidat n’a évoqué de stratégie précise. Mais plutôt qu’un front républicain, Jean-Marc Pujol a plaidé, dans l’Indépendant, pour un « retrait républicain ». « Les Perpignanais m’ont fait confiance malgré les divisions, ils m’ont mis en tête de la primaire de la droite et du centre », confie le maire sortant.
A Nîmes, le deuxième tour sera fratricide
C’est sans doute à Nîmes que le scrutin est le plus incertain. Derrière le maire sortant Jean-Paul Fournier (LR), arrivé en tête avec 34,34 %, se sont qualifiés son ancien allié Yvan Lachaud (LREM), à 15,73 %, Vincent Bouget (divers gauche), à 15,68 %, Yoann Gillet (RN), à 14,34 % et Daniel Richard (union de la gauche), à 12,19 %.
Dans la capitale du Gard, tout est encore possible, en fonction d’éventuels retraits. Ou des alliances. Notamment celle de la gauche. Yvan Lachaud, bien décidé à « battre Jean-Paul Fournier » avec qui il semble irréconciliable, a tendu la main le premier, dimanche soir. « Nous allons réfléchir comment nous allons nous présenter à ce second tour (…), on va réfléchir, avec celles et ceux qui ont envie qu’une page se tourne dans cette ville, a confié Yvan Lachaud, dimanche soir. S’il y en a qui veulent qu’on y réfléchisse, pourquoi pas. » Qui ? « Je n’ai pas d’idée », reprend le candidat LREM.
Résultats du 1er tour des municipales
Avec Vincent Bouget ? Le mariage entre le candidat centriste, estampillé LREM, et le secrétaire départemental du PCF, semble impossible. Vincent Bouget a d’ailleurs évacué l’éventualité, après l’annonce des résultats. « J’appelle à ce que le peuple de gauche se rassemble pour enfin tourner la page Fournier et Lachaud », a scandé le candidat, dimanche soir, devant ses militants. A Midi Libre, le candidat communiste indique ce lundi avoir contacté Daniel Richard. « Sans réponse pour le moment », confie-t-il. Car à Nîmes, c’est peut-être la gauche qui pourrait créer la surprise, au deuxième tour.