Élections municipales en Auvergne Rhône-Alpes : La prime au sortant dans les grandes villes de la région
POLITIQUE•Éric Piolle à Grenoble, Olivier Bianchi à Clermont-Ferrand, Gaël Perdriau à Saint-Etienne ou encore Nicolas Daragon à Valence… Les maires sortants arrivent souvent largement en tête, tous bords politiques confondusManuel Pavard
L'essentiel
- En Auvergne Rhône-Alpes comme ailleurs en France, les maires sortants sont souvent arrivés largement en tête dimanche, voire même pour certains ont été réélus dès le premier tour.
- De Grenoble à Clermont-Ferrand, en passant par Saint-Etienne, Valence, Annecy, Chambéry, Bourg-en-Bresse et Roanne, focus sur les résultats du premier tour dans les principales villes de la région.
Est-ce la peur de l’inconnu et le besoin de stabilité en cette période anxiogène de propagation du coronavirus ? Difficile à dire mais le constat est éloquent : à l’exception notable de Lyon où Yann Cucherat (LREM), soutenu par le maire Gérard Collomb, n’arrive qu’en 3e position, loin derrière l’écologiste Grégory Doucet, les grandes villes d’Auvergne Rhône-Alpes ont vu les maires sortants basculer nettement en tête à l’issue de ce premier tour. Et ce, quelle que soit leur couleur politique.
Dans l’hypothèse, de plus en plus incertaine, d’un second tour maintenu dimanche prochain, on pourrait ainsi assister à une large vague de réélections dans la région. Petit tour d’horizon des résultats – tous marqués par une forte abstention – dans les principales villes.
Tous les résultats par ici
À Grenoble, Éric Piolle (EELV) arrive très largement en tête
C’était l’un des résultats les plus attendus de ce premier tour dans la région. Favori du scrutin, le maire écologiste sortant Éric Piolle, soutenu par une large alliance rouge-verte allant d’EELV à La France Insoumise en passant par le PCF, arrive très largement en tête à Grenoble avec 46,67 % des voix, loin devant le revenant et ancien maire Alain Carignon (divers droite), qui n’obtient que 19,80 % des suffrages. Derrière, Emilie Chalas (LREM) et Olivier Noblecourt (PS) se tiennent dans un mouchoir de poche avec respectivement 13,75 % et 13,31 %. Si une quadrangulaire se profile entre ces quatre candidats, Éric Piolle semble bien avoir balayé la concurrence dès le premier tour et aborde un éventuel second tour dans un fauteuil.
À Clermont-Ferrand, Olivier Bianchi (PS) en ballottage très favorable
Gérée depuis plus d’un demi-siècle par le PS, Clermont-Ferrand devrait théoriquement rester dans l’escarcelle socialiste pour au moins un mandat supplémentaire. Le maire PS sortant Olivier Bianchi, à la tête d’une large coalition de gauche, totalise en effet 38,09 % des voix au premier tour, avec une avance conséquente sur ses rivaux. Derrière lui, trois candidats sont en capacité de se maintenir au second tour : Jean-Pierre Brenas (LR), soutenu par le député MoDem Michel Fanget, avec 20,74 %, Eric Faidy, investi par LREM, avec 15,54 %, et enfin la candidate LFI Marianne Maximi, qui recueille 12,32 % des suffrages.
À Saint-Etienne, Gaël Perdriau (LR) loin devant
Duel ou triangulaire ? À Saint-Etienne, le maire sortant Gaël Perdriau (LR) a creusé l’écart sur ses poursuivants dès le premier tour, avec un score de 46,88 %. Reste à savoir ce que décideront les deux autres candidats pouvant se maintenir au second tour, Pierrick Courbon (PS) et Olivier Longeon (EELV), qui obtiennent respectivement 21,31 % et 12,42 % des voix. Le plus probable serait en effet un ralliement du candidat écologiste au socialiste, ce qui aboutirait à un duel entre Gaël Perdriau et Pierrick Courbon. L’autre point notable est la débâcle de l’ancien attaquant des Verts Hervé Revelli, investi par LREM mais lâché par certains marcheurs, et de la candidate RN Sophie Robert, tous deux sous la barre des 10 %.
À Valence, Nicolas Daragon (divers droite) réélu dès le premier tour
À Valence, large victoire pour le maire LR sortant Nicolas Daragon, à la tête d’une liste divers droite, réélu dès le premier tour avec 59,45 % des suffrages. Suivent deux listes divers gauche : celle de Michel Quenin, soutenue notamment par LFI et EELV, avec 17,71 %, et la liste de Florent Mejean, adoubée par le PS, avec 8,96 %. Pour le reste, gros camouflet pour le candidat LREM Alain Auger, qui ne recueille qu’un maigre 6,89 %, ainsi que pour le RN Olivier Amos, qui dépasse tout juste la barre des 5 % (5,57 %).
À Annecy, Jean-Luc Rigaut (UDI, soutenu par LREM) talonné par François Astorg (divers gauche)
C’est sans doute la grande ville d’Auvergne Rhône-Alpes où le second tour s’annonce le plus serré. En difficulté presque partout, LREM sauve les meubles à Annecy où le parti présidentiel soutient le maire sortant Jean-Luc Rigaut (UDI). Mais l’édile, qui mène une coalition de droite et du centre (LREM, LR, MoDem, Agir, Parti radical), ne devance ses adversaires que d’une courte tête, avec 28,39 % des voix. Jean-Luc Rigaut est ainsi talonné par la liste divers gauche de François Astorg (27,87 %), soutenue par le PS. Un résultat historique pour la gauche dans une ville de centre-droit depuis des décennies. François Astorg pourrait en outre enregistrer le ralliement de Denis Duperthuy (divers gauche), qui franchit de justesse la barre des 10 %. Et pour compliquer encore les choses, la candidate dissidente Frédérique Lardet (divers centre), partie de LREM fin janvier faute d’investiture, peut se maintenir au second tour avec son score de 21,50 %.
À Chambéry, Michel Dantin (divers droite) en tête mais un second tour incertain
Grand favori du scrutin, le maire sortant Michel Dantin (divers droite) arrive bien en tête à Chambéry, avec 37,38 % des suffrages. À première vue, son avance semble conséquente sur ses deux poursuivants, l’ancien ministre Thierry Repentin (divers gauche) et Aurélie Le Meur (liste citoyenne, soutenue par EELV). Ils arrivent au coude à coude avec respectivement 22,64 % et 22,46 % des voix. Une triangulaire serait ainsi sans doute à son avantage. Mais le jeu des alliances et les discussions possibles entre les deux listes de gauche en vue du second tour pourraient bien rebattre les cartes et menacer Michel Dantin.
À Bourg-en-Bresse, Jean-François Debat (PS) réélu dans un fauteuil
Il n’y aura pas de second tour à Bourg-en-Bresse. Comme en 2008 et en 2014, le maire socialiste sortant Jean-François Debat est réélu dès le premier tour avec 59,19 % des suffrages. Un résultat historique pour l’édile, qui devient le premier maire de Bourg-en-Bresse élu trois fois consécutivement. Derrière lui, la liste conduite par le candidat LR Aurane Reihanian est créditée de 20,62 %, suivie de Jérôme Buisson (RN), qui réunit 8,74 % des voix. Le candidat LREM Michaël Ruiz enregistre quant à lui un score décevant de 7,42 %.
À Roanne, Yves Nicolin (LR) réélu au premier tour
À Roanne comme ailleurs, la prime au sortant a fonctionné. Yves Nicolin (LR), qui briguait un troisième mandat après ceux de 2001 et de 2014, est ainsi largement réélu au premier tour en récoltant 59,04 % des voix. Il devance de plus de 40 points la liste divers gauche conduite par Franck Beysson (17,61 %), talonnée par la liste de la socialiste Brigitte Dumoulin (17,42 %). Notons que les deux candidats de gauche ne sont séparés que de 13 voix !