Municipales 2020 : Montpellier détient le record de France métropolitaine du nombre de listes
ELECTIONS•Quatorze listes sont en course pour l’élection municipale à Montpellier (Hérault). Un exemple unique dans les villes de plus de 100.000 habitants en France métropolitaineJérôme Diesnis
L'essentiel
- Quatorze listes, soit 910 colistiers, se présentent à Montpellier ce dimanche au premier tour de l’élection municipale. Un record de France métropolitaine pour une commune de plus de 100.000 habitants.
- Cette situation « est le signe d’une difficulté à recomposer le système politique montpelliérain après deux faits marquants : la fin du fréchisme, qui traîne en longueur sans issue, et la disruption Saurel de 2014 », estime le politologue Emmanuel Négrier.
Le nombre de listes aux élections municipales est en augmentation dans toutes villes de France (et en baisse dans les villages). « Cela vient de l’éclatement des partis politiques qui jouaient auparavant un rôle de filtre. Pour être candidat, il fallait l’investiture d’un parti sous peine de n’avoir quasiment aucune chance, souligne le politologue Michel Crespy. Ça a explosé avec le macronisme et avant cela, à Montpellier avec Philippe Saurel. Aujourd’hui, être investi, c’est plus un handicap qu’un avantage. A Montpellier, cela pousse des gens comme Mohed Altrad ou Rémi Gaillard à se présenter par exemple. »
Car ce qui est vrai ailleurs prend des proportions inédites à Montpellier. Il y a eu foule pendant la dernière semaine de février à la préfecture pour le dépôt des listes en vue des élections municipales des 15 et 22 mars. Quatorze listes, soit quand même la bagatelle de 910 colistiers (sans compter les suppléants, placés en réserve en cas d’inéligibilité de l’un des noms couchés sur la liste) : l’élection municipale n’a jamais suscité autant de vocations. C’est même un record en métropole.*
« La fin du fréchisme traîne en longueur »
Dans aucune des 39 autres villes de plus 100.000 habitants en France les électeurs n’auront à choisir parmi un nombre aussi important de prétendants. A Angers, Boulogne-Billancourt et Orléans, il n’y a même que six listes sur la ligne de départ... « On assiste à la présence de deux listes d’extrême gauche [comme en 2014] et à l’explosion des écologistes en trois morceaux. Ce sont des circonstances locales très conjoncturelles », reprend Michel Crespy.
Cette situation « est le signe d’une difficulté à recomposer le système politique montpelliérain après deux faits marquants : la fin du fréchisme, qui traîne en longueur sans issue ; la disruption Saurel de 2014, qui a contribué à la décomposition sans clairement établir un nouveau cadre politique stable, ajoute le politologue Emmanuel Négrier. Du coup, non seulement on a une fragmentation politique, mais aussi des fractures à l’intérieur de presque toutes les forces en présence, plus des candidatures venant d’autres univers (Altrad, Gaillard). C’est particulièrement important s’agissant de l’une des principales villes françaises. »
Aux municipales de 2014, elles étaient neuf sur la ligne de départ. La liste menée par Philippe Saurel s’était finalement imposée à l’issue d’une quadrangulaire.
*Parmi ces communes, seule Saint-Paul, sur l’île de la Réunion, compte davantage de listes : dix-sept.