ELECTIONSCe que les candidats à la mairie proposent pour l'hôpital Saint-Roch à Nice

Municipales 2020 à Nice : Ce que les candidats proposent pour l'ancien hôpital Saint-Roch

ELECTIONSLes 36.000 m2 de l’ancien lieu de soins doivent être convertis en « hôtel des polices », mais tous les candidats ne sont pas d’accord avec cette décision déjà entérinée par l’État
Jonathan Hauvel

Jonathan Hauvel

L'essentiel

  • Initié en 2009 et validé par l’ancien ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, le nouvel « hôtel des polices » de Nice doit être livré en 2024.
  • Des listes candidates aux municipales s’opposent à cette affectation.
  • Les résultats des élections des 15 et 22 mars permettront d’en savoir plus sur l’avenir du lieu.

Social contre sécurité. C’est l’opposition au cœur de laquelle se trouve l’ancien hôpital Saint-Roch, à Nice. Dès 2022, le lieu doit progressivement devenir le nouvel « hôtel des polices » de la cinquième ville de France, rassemblant les fonctionnaires de la police municipale, ceux de la police nationale et le centre de supervision urbain. Le tout pour un budget environnant les 200 millions d’euros, dont 40 à la charge de la ville.

Une maison des solidarités avant tout

Tous les candidats aux municipales ne voient pas d’un bon œil l’affectation sécuritaire du bâtiment, défendue par le sortant Christian Estrosi. Et à quelques jours du scrutin, ils le font savoir. C’est le cas de la liste ViVA !. Ce lundi 9 mars, les candidats conduits par Mireille Damiano ont organisé un rassemblement devant les bâtiments pour présenter leur avenir pour le lieu.

« Après douze années d’une politique du tout sécuritaire à outrance et il est grand temps de rééquilibrer la politique municipale. (…) Donner la priorité à la solidarité à Nice passe par des actes forts : la liste ViVA ! s’engage à restituer sa vocation sociale à l’ancien hôpital Saint Roch et, de fait, à utiliser ces 40 millions d’euros pour l’action sociale », avance le rassemblement citoyen, soutenu par le PCF, LFI, Ensemble ! et Génération.s.

Concrètement, ViVA ! déclare vouloir « casser la convention signée avec le gouvernement » afin de créer une « maison des solidarités », qui regrouperait un Ehpad, un centre d’hébergement d’urgence, des espaces intergénérationnels, un centre de santé et une maison des femmes.

Cette vision pour le bâtiment désaffecté est proche de celle deJean-Marc Governatori. Le candidat de Nice écologique (EELV-AEI) souhaite également y installer un centre d’accueil pour les femmes victimes de violence conjugale, composé d’une quarantaine de logements. En parallèle, un jardin communautaire serait aménagé, ainsi qu’un centre culturel. « On pense que les artistes locaux qui n’ont pas une renommée nationale ou internationale ont du mal à s’exprimer à Nice. On voudrait réunir des sculpteurs, des penseurs, des photographes et autres artistes pour qu’ils y travaillent et y exposent », fait savoir l’écologiste. Toujours dans cette lignée culturelle, l’ancien hôpital Saint-Roch abriterait le musée du Carnaval et ses ateliers.

Quant au socialiste Patrick Allemand, il est prêt à faire quelques concessions : « Si on part du principe que c’est mieux d’avoir une centralisation des forces de sécurité, je ne vais pas faire d’idéologie là-dessus. Par contre, l’hôpital Saint-Roch est suffisamment grand pour accueillir également un Ehpad. C’est ce qui me semble le plus en conformité avec l’histoire du lieu et sa configuration technique », explique le meneur de la liste « Nice au cœur ».

Estelle Jaquet, quant à elle, aménagerait des logements sociaux et une crèche. « C’est un très bon endroit pour avoir quelques HLM pas loin du centre-ville qui permettent aux Niçois qui gagnent peu de se loger », déclare la tête de liste Lutte ouvrière.

La sécurité oui, mais avec quelques adaptations

Et puis il y a les candidats qui sont en accord avec la vocation sécuritaire du lieu défendue par Christian Estrosi (LR). Mais avec des nuances tout de même. C’est le cas de Benoît Kandel (CNIP-DLF) : « Qu’on fasse le centre de supervision urbain, oui, ça ne pose pas de problèmes. Je conteste, par contre, l’idée de regrouper toute la police municipale au centre de la ville. C’est totalement contre-productif. » Le colonel en retraite souhaiterait exploiter l’espace libéré pour « donner plus de locaux pour la police nationale, installer le bureau de la police municipale de quartier de Saint-Roch, et une ou deux unités centrales de police municipale comme l’unité VTT par exemple ».

De son côté, Philippe Vardon se dit « favorable au projet de grand hôtel des polices ». « Nous l'avions même défendu alors que le projet semblait totalement à l'abandon, tant du côté de l'État que de la municipalité », évoque la tête de liste du Rassemblement national. « En revanche, nous serons particulièrement vigilants à ce que la création de cet hôtel des polices ne se traduise pas par une concentration des effectifs pouvant nuire au maillage nécessaire de tous les quartiers », ajoute celui qui milite pour le déploiement de dix postes de police municipale dans toute la ville.

Valéry Sohm, quant à elle, garde les yeux sur le budget. « Un hôtel de police, a priori, ce n’est pas une mauvaise idée, à condition de ne pas trop endetter les Niçois », conclut la candidate UPR.