ELECTIONSQuels sont les enjeux des élections municipales à Illkirch-Graffenstaden ?

Municipales 2020 à Illkirch-Graffenstaden : Succession de Jacques Bigot, fin de la bétonisation, sécurité... quels sont les enjeux ?

ELECTIONSRéputée tranquille, la quatrième ville du Bas-Rhin s'apprête à vivre des élections municipales agitées
Thibaut Gagnepain

Thibaut Gagnepain

L'essentiel

  • Jacques Bigot désormais sénateur à plein-temps, les élections municipales à Illkirch-Graffenstaden suscitent des convoitises. Cinq listes sont enregistrées.
  • Parmi les cinq, l’ancien premier adjoint de Jacques Bigot et édile actuel, Claude Froehly. Ce dernier a vu deux de ses anciens adjoints monter des listes. A droite aussi, deux listes sont déposées.
  • Deux grands sujets ressortent de cette campagne municipale à Illkirch : la sécurité et la bétonisation.

Cinq listes, contre deux en 2008 et 2014. Les élections municipales des 15 et 22 mars s’annoncent disputées à Illkirch-Graffenstaden. Dans cette commune du sud de l’agglomération de Strasbourg, l’héritage du sénateur et ancien maire Jacques Bigot constitue l’un des principaux points de divergence, mais pas le seul.

Une majorité éclatée, l’opposition aussi

Plus de vingt ans de règne. Elu en 1995 à la tête de la sixième ville d’Alsace (environ 27.000 habitants), Jacques Bigot a démissionné de son poste en décembre 2016, contraint par le non-cumul des mandats. Le sénateur du Bas-Rhin a laissé sa place à son premier adjoint, Claude Froehly.

« Il est président de mon comité de soutien », assure l’édile, qui s’inscrit dans la lignée de son prédécesseur socialiste. Sans faire l’unanimité au sein de son actuelle majorité. L’ancienne ajointe à la culture, Pascale Gendrault, et celui à l’écologie, Richard Hamm, ont ainsi monté une liste chacun de leur côté. « Pour prendre un autre chemin », dixit la première. « Pour aller plus loin dans notre programme écologique » assure le second, qui n’a pas l’investiture EELV.

Au sein de l’opposition actuelle, des dissensions sont aussi apparues. Trois des sept élus ont décidé d’accompagner Rémy Beaujeux (divers droite) et non plus le grand battu de 2014, Thibaud Phillips. « Le fait qu’on soit arrivé au bout d’un cycle donne des envies », résume ce dernier, qui a reçu le soutien du Modem, de LREM et des Républicains.

Moins de « bétonisation » ?

Le Parc Huron en plein centre, les Prairies du canal à proximité de Lixenbuhl et, dans un futur proche, la zone proche du Baggersee. Les projets immobiliers fleurissent à Illkirch-Graffenstaden. Pas forcément au goût de tous les candidats. « Tout ce qui est en actuellement en terre naturelle doit le rester », lance ainsi Richard Hamm.

« Je suis en désaccord profond avec la bétonisation de notre ville », appuie Pascale Gendrault qui pointe « une hauteur de construction pas adaptée à l’environnement des jardins ». « Je propose une révision du PLU [plan local d’urbanisme]. Il faut faire moins dense et moins haut », appuie Thibaud Philipps. Les deux ont dans leur viseur le dernier grand projet signé par le maire, l’éco-quartier des Prairies du canal.

« Il n’y aura que 17 % d’emprise au sol avec beaucoup d’espaces verts et de maraîchages, se défend Claude Froehly. Si on veut permettre à nos jeunes de rester dans la commune et en même temps garder des coins de nature, il faut gagner en hauteur. »

« Le solde migratoire à Illkirch est négatif. L’intensité de cette urbanisation ne correspond pas aux besoins démographiques », rétorque Rémi Beaujeux qui propose d’élaborer une « charte d’urbanisme et de la qualité de la ville pour préserver notre identité. »

Des problèmes de sécurité, vraiment ?

Des voitures et des camionnettes brûlées dans le quartier Liebermann : la dernière nuit de la Saint-Sylvestre avait aussi été agitée à Illkirch, une commune pourtant réputée paisible. « Le problème, c’est qu’on ne dispose que de six agents de police municipale et qu’ils ne peuvent pas assurer toutes les plages horaires », pointe Thibaud Philipps, qui envisage de renforcer la vidéo-surveillance. Des propositions évoquées également par Rémy Beaujeux qui plaide aussi pour « des mesures de prévention et de médiation ». « Les chiffres de la délinquance sont cachés », insiste-t-il.

« On n’est pas à Chicago ! Il y a eu la Saint-Sylvestre, des feux de poubelles de temps en temps mais rien de grave », répond Richard Hamm, rejoint sur ce point par ses anciens partenaires politiques, Pascale Gendrault et Claude Froehly. « La sécurité est du domaine de la police nationale, je ne dépenserai pas d’argent supplémentaire à ce sujet, qui n’est pas un problème », promet le maire actuel, avant de conclure : « Comme dit Jacques Bigot, le seul défaut d’Illkirch, c’est son attractivité. »