Municipales 2020 à Marseille : Métro, bateau, zéro… Comment désenclaver les quartiers Nord, privés de transports en commun réguliers ?
PROGRAMME (7/8)•A l’approche des municipales, les promesses des candidats se multiplient pour désenclaver les quartiers Nord, privés de transports en commun réguliersMathilde Ceilles
L'essentiel
- Les municipales se tiennent les 15 et 22 mars 2020. Chaque lundi, 20 Minutes abordera un thème de la campagne. Aujourd’hui, la desserte des quartiers Nord en transports en commun.
- Les 250.000 habitants de ces arrondissements de Marseille sont en effet privés de transports en commun réguliers, malgré des projets et des promesses réitérées à chaque campagne.
- Pour rattraper ce retard, les projets des candidats aux municipales divergent.
Près de 250.841 habitants, soit environ 30 % de la population marseillaise et l’équivalent de la population lilloise, répartis sur plus de 76 km² et quatre arrondissements, et pourtant… seulement deux stations de métro, aucune ligne de tramway, et quelques bus sporadiques, qui conduisent vers le centre-ville en une heure là où la voiture permet de gagner le Vieux-Port en une poignée de minutes. Tel est le quotidien depuis des décennies des habitants des quartiers Nord de Marseille, comme le symbole d’une ville décrit par de nombreux candidats à la mairie comme fracturées.
Comment rattraper un tel retard ? La perspective d’un métro, à minima vers le très grand hôpital Nord, refait surface à chacune des élections municipales, sans toujours se concrétiser. Cette année encore, plusieurs candidats à la succession de Jean-Claude Gaudin réitèrent cette promesse. « Pourquoi on serait encore des Marseillais de seconde zone dans les quartiers Nord ?, peste Stéphane Ravier, sénateur des quartiers Nord de Marseille et candidat pour le Rassemblement national. Moi je suis favorable au métro, il faut une ligne qui aille de capitaine Gèze à l’hôpital Nord. »
Un métro aérien pour LREM
Idem pour l’ancienne socialiste Samia Ghali, elle aussi sénatrice des quartiers Nord. « Il faut la prolongation du métro au moins jusqu’à l’hôpital nord et Saint-Loup. », réclame la candidate DVG. « Nous, on a réfléchi à un métro aérien, d’un coût moindre, qui existe dans certaines villes, confie Yvon Berland (LREM). C’est aujourd’hui une des pistes pour aller de Gèze à l’hôpital Nord. »
Une option qui peut toutefois refroidir certains quand on sait que la toute jeune station de métro Capitaine Gèze, dans les quartiers Nord de Marseille, a mis près de dix ans à ouvrir au public…
Bus ou tram train ?
« On peut proposer développer un tram train sur les voies de la côte Bleue, en partant de Saint-Charles, puis en passant par Joliette, Arenc et longer littoral, propose Sébastien Barles (EELV). Ça consiste à utiliser les rails de la SNCF en faisant plein d’arrêts, dix, quinze, jusqu’à l’Estaque. Ça c’est possible, et ce n’est pas très compliqué à mettre en place. »
« La plus grande urgence, c’est d’améliorer la qualité de service existant, en mettant le paquet pour développer des liaisons rapides vers l’hôpital Nord, réclame Jean-Marc Coppola, candidat pour le Printemps Marseillais dans les quartiers Nord. Il faut améliorer et renforcer l’offre de transports en bus, en écoutant les besoins. »
« Le choix a été fait sur le tramway »
« Je vais être décapant : je ne crois plus à la possibilité d’avoir rapidement un métro ou un tramway, lance le candidat de droite dissident Bruno Gilles. Elections après élections, tout le monde promettait un tramway ou un métro pour l’hôpital Nord. Aujourd’hui, il y a un projet, mais en attendant sa réalisation, il suffirait d’améliorer la desserte par les bus, en doublant les lignes, en ayant une meilleure fréquence, en ajoutant quelques quartiers à la desserte. Rien qu’avec le bus, à moins d’un million d’euros, on peut arriver à beaucoup plus desservir les 13e, 14e, 15e et 16e arrondissements. »
L’actuelle présidente de la métropole, et candidate LR pour les municipales, a en effet fait voter le principe d’un tramway qui irait jusqu’à la Castellane pour 2025. « Maintenant que Capitaine Gèze est ouverte et fonctionne, l’idée, c’est de partir et de continuer à étoiler, rétorque Martine Vassal. Il ne faut pas qu’à chaque fois qu’un nouveau responsable arrive, il mette son propre mode de transport. Aujourd’hui, le choix a été fait sur le tramway, il faut en rester là. »
Le bateau prend l’eau ?
Et de rappeler qu’elle a récemment développé une navette maritime toute l’année entre l’Estaque et le Vieux-Port, le matin et le soir. « J’aimerais bien pouvoir développer cela, mais il faudrait que ce soit un peu rentable, estime Martine Vassal. Ce n’est absolument pas le cas aujourd’hui. »
« Martine Vassal a aussi développé des tarifs très dissuasifs pour ceux qui vont travailler, tacle Jean-Marc Coppola. Il nous faut des navettes maritimes électriques toute l’année, ça marche très bien. » « Je suis pour le développement du transport maritime, abonde Samia Ghali. Je veux que ce soit toute l’année. On a la chance d’avoir un littoral, mais on ne l’utilise pas assez. Il faut réfléchir à un taxi bateau. » Et comment le financer ces projets coûteux qui demandent un investissement au long cours ? Nombreux sont candidats, à gauche comme à droite, qui s’engagent à taper à la porte de l’Etat et de l’Union Européenne pour débloquer les fonds nécessaires. Y a plus qu’à…