ELECTIONSDans l'ancien bastion de Noël Mamère, la relève est au vert

Municipales 2020 en Gironde : A Bègles, ex-bastion de Mamère, son successeur vert n'est pas en danger

ELECTIONSLe successeur de Noël Mamère à Bègles a réalisé une alliance élargie à gauche qui devrait lui assurer de rester sur le fauteuil de maire
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

L'essentiel

  • A Bègles, ville dirigée pendant longtemps par Noël Mamère, son successeur Clément Rossignol-Puech ne semble pas en danger pour les municipales.
  • Il a réalisé une large coalition, avec le PC, le PS notamment, dans une ville qui vote historiquement à gauche.
  • Ses adversaires l’attaquent sur sa politique en matière de logements et sur son expérimentation d’une vitesse de 30 km/h sur quasi toute la ville.

C’est LA commune écolo de la métropole bordelaise et cela ne devrait pas changer de sitôt. Bègles a été de 1989 à 2017 le bastion de Noël Mamère et c’est aujourd’hui son successeur vert qui est porté favori pour les élections municipales.

En Juin 2017, Noël Mamère avait abandonné son mandat municipal de façon anticipée, laissant aux manettes Clément Rossignol-Puech, alors conseiller municipal dans son équipe. Les 15 et 20 mars prochain, le successeur de Noël Mamère va se confronter aux électeurs pour la première fois.

Une alliance « blindée »

« Clément Rossignol Puech n’est pas en danger à Bègles car il a fait le choix d’un socle plutôt élargi qui associe la couche la plus ancienne du PC, celle moins importante du PS et la couche mamèrienne », estime Jean Petaux, politologue à Sciences Po Bordeaux. Une alliance qualifiée de « blindée » face à Christian Bagate, un médecin généraliste sans étiquette, ancien président du club omnisports de Bègles qui mène la liste citoyenne Espoir Bèglais. Pour le politologue, le candidat François Jamet (LREM) ne représente pas un vrai danger dans cette ville écolo qui relève du « ghetto de gauche ». Une configuration qui vient selon lui en partie de la technique de découpage adoptée par la droite en 1986/1988.

« Clément Rossignol-Puech pourrait bien être élu dès le premier tour mais on va justement essayer de faire qu’il y ait un second tour », commente Christian Bagate, tête de liste d’Espoir Bèglais, qui souligne les tensions entre les forces alliées. « C’est une coalition de circonstances plus qu’une union de la gauche », surenchérit le candidat LREM François Jamet, qui se définit comme un candidat de centre gauche, écologiste.

Le 30 km/h et les logements au cœur de la campagne

« Je m’inscris dans la continuité [de Noël Mamère] mais j’impose mon tempo, relève Clément Rossignol-Puech. Et mon marqueur je crois que c’est la proximité : j’ai organisé 200 réunions publiques et 14 forums de proximité en deux ans ». Son projet pour Bègles consiste à en faire « un village urbain préservé, populaire et avec une mixité sociale ». Il veut s’attacher à « préserver les quartiers d’échoppes » en modifiant le plan local d’urbanisme (PLU) pour contrer une « tendance des promoteurs à acheter des pâtés de maisons pour faire plus haut ».

Selon un petit sondage en ligne réalisé par la liste Espoir Bèglais, de nombreux Bèglais n’auraient pas une perception de leur ville comme écologique. « C’est une ville sale, mal entretenue, avec des espaces verts qui diminuent et où l’on ne circule pas bien », justifie Christian Bagate. François Jamet s’émeut pour sa part de la délivrance de 928 autorisations de permis de construire en 2018 dénonçant « un bétonnage de la ville ». Ce candidat de la liste « Bègles c’est vous » propose « un moratoire sur tous les permis de construire qui comprennent plus de trois logements ».

Le maire sortant a récemment lancé une expérimentation sur le 30 km/h sur 95 % de la ville (portions hors rocade) qui a été un fiasco selon ses opposants. Les principaux axes étant déjà limités, il justifie qu’il était assez logique de franchir ce pas et que « la mesure a permis d’abaisser de 5 km/h la vitesse moyenne de circulation sur la ville (qui est passée de 45 à 40 km/h). » « C’était un effet d’annonce ! s’agace Christian Bagate, il y a eu plus de 2.000 PV dressés parce que le 30 km/h était impossible à tenir ». Sa liste soutient une meilleure concertation sur les limitations de vitesse en ville. « C’est une mesure qui a été imposée pour faire un coup de pub », abonde François Jamet, qui plaide pour une « démocratie implicative » avec des réunions quartier par quartier, tous les trimestres.

Le maire sortant propose des réaménagements de places, de parcs et de nouveaux équipements (maisons de la parentalité, des associations et salle polyvalente) mais aussi la gratuité d’accès à la piscine et au cinéma un dimanche par mois. « Tout ça sans augmenter les impôts car on a une situation financière très saine qui permet de relancer un emprunt », assure-t-il. N’hésitant pas à parler de « baratin » et de « règne autocratique » Christian Bagate espère réunir les électeurs déçus du bilan du maire sortant autour de sa candidature.