Municipales 2020 à Montpellier : L'option osée d'une campagne éclair pour Philippe Saurel
ELECTIONS•Le maire de Montpellier a annoncé mercredi sa candidature. Alors que ses opposants occupent le terrain depuis plusieurs mois, il va mener une campagne de trois semainesJérôme Diesnis
L'essentiel
- Stratégie ou contrainte liée à son opération du genou sous anesthésie générale : la campagne de Philippe Saurel sera extrêmement courte.
- Pour le politologue Michel Crespy, qui penche pour une stratégie, « perdre du temps alors qu’on a une base très affaiblie et un électorat à conquérir, c’est une option stratégique très risquée ».
La maire sortant Philippe Saurel (DVG) a annoncé mercredi sa candidature à Montpellier. S’il aura l’avantage de s’appuyer sur un bilan et pourra bénéficier de la traditionnelle prime au sortant, une entrée aussi tardive en campagne, à huit jours de la date limite de dépôt des candidatures en préfecture, est un cas unique en France pour une ville de cette importance.
« Les contraintes personnelles m’ont obligé à rentrer tard dans cette campagne », justifie Philippe Saurel, opéré du genou sous anesthésie générale en début d’année. Certains ont pensé que je jouais la montre mais après une intervention comme ça (…) on n’est pas sûr des suites post-opératoires. La moindre des honnêtetés vis-à-vis du peuple de Montpellier, était de ne pas m’engager tant que je n’étais pas sûr physiquement de pouvoir assumer une campagne. »
Contrainte ou stratégie ?
Michel Crespy est de ceux-là. Le politologue pense qu’il s’agit d’une stratégie. « Je ne suis pas médecin, mais il me semble que ce n’était pas une opération tout à fait inattendue. Il avait déjà mal au genou il y a six ans. Il a fixé la date d’opération en fonction de son dossier médical, sans doute, mais aussi de l’agenda qu’il avait décidé. » Philippe Saurel assure pour sa part que la douleur était devenue trop forte pour retarder davantage une intervention chirurgicale.
Choix délibéré ou non, cette entrée tardive en campagne est très risquée selon le politologue. « Les campagnes peuvent changer beaucoup de choses car l’opinion est très instable actuellement. Les gens sont plus sensibles aux projets qu’aux bilans. Et je pense qu’il partait déjà avec un handicap. Dans les sondages, il est crédité de 22-23 % des intentions de vote, ce qui est très bas pour un maire sortant. Il aurait eu intérêt à cravacher pour conquérir une partie de l’opinion qui lui aurait échappé. Perdre du temps alors qu’on a une base très affaiblie et un électorat à conquérir, c’est une option stratégique très risquée. »
Pas de débat mais des rencontres directes avec les habitants avant le premier tour
« Un tas de gens parmi les candidats étaient inconnus de la population, reprend Michel Crespy. Les gens les connaissent beaucoup mieux parce que Philippe Saurel leur a laissé l’espace nécessaire pour se faire connaître. » Le maire de Montpellier a présenté hier son programme pendant une heure et demie. Ce sera l’un des rares rendez-vous avec les médias avant le premier tour (le 15 mars).
En refusant de participer à des débats avant le premier tour, il se positionne au-dessus de la mêlée. « Je suis sollicité par les universitaires, les associations, les médias… Participer à des débats, c’est de l’entre-soi. Tous les habitants de Montpellier recevront mon programme dans leur boîte à lettres. Je vais mener ces trois semaines en direct avec les habitants, les rencontrer, discuter avec eux. Quand on veut être élu d’une ville, on va à la rencontre des habitants. On n’a pas à se valoriser auprès des autres chefs de file des équipes candidates. »
Philippe Saurel mènera son seul meeting de campagne le jeudi 12 mars dans l’ancienne mairie, salle Pagézy.