POLITIQUEContre le logement indigne, « les candidats ne sont pas à la hauteur »

Municipales 2020 à Marseille : Contre le logement indigne, « les candidats ne sont pas à la hauteur »

POLITIQUELa fondation Abbé-Pierre regrette le fait que la question du logement ne soit pas au cœur de la campagne des municipales à Marseille, malgré les besoins et le drame de la rue d’Aubagne
Mathilde Ceilles

Mathilde Ceilles

L'essentiel

  • Les effondrements de la rue d’Aubagne ont fait du logement insalubre une question fondamentale à Marseille.
  • Et pourtant, selon plusieurs associations comme la fondation Abbé-Pierre, les propositions des candidats aux municipales sur ce thème sont faibles, voire inexistantes.
  • Ils proposent une série de mesures aux candidats, à un mois du scrutin.

Le 5 novembre 2018, huit personnes trouvaient la mort dans l'effondrement de plusieurs immeubles rue d'Aubagne, en plein cœur de Marseille. Quelques jours plus tard, des milliers de Marseillais étaient évacués de logements insalubres​, plaçant la deuxième ville de France dans une crise sans précédent et la question de l’habitat indigne au cœur des débats. Un enjeu qu’on aurait pu croire au cœur des prochaines élections municipales, mais qui, étonnamment, à un mois du scrutin, reste pour l’heure le grand absent de la campagne, au grand dam de la fondation Abbé-Pierre.

« A ce stade, on est un peu interpellés, parce que, pour l’instant, dans le débat public et dans la campagne, on trouve que les choses sont encore très pauvres en matière de logement et d’habitat, dans les propositions débattues, s’agace Florent Houdmon, directeur de l’agence Paca de la fondation Abbé Pierre. En caricaturant un peu, on a l’impression aujourd’hui que c’est à qui plantera le plus d’arbres dans Marseille. Evidemment, on n’est pas contre les espaces verts et les arbres. Mais à un moment donné, quand il y a des immeubles qui s’écroulent sur la tête des gens, et qu’on affronte autant de déficits, voilà vraiment l’enjeu principal. »

Soixante mesures à destination des candidats

« L’enjeu du logement indigne n’est pas pris en compte à la hauteur par tous les candidats, s’indigne Kaouther Ben Mohamed du collectif Marseille en colère. Les délogés passent toujours après. On n’a pas de visibilité sur leur prise en charge demain. Tout le monde nous parle des arbres, des piscines en face de la Corniche. C’est merveilleux, sauf que ce n’est pas la priorité. Aujourd’hui, les gens n’ont pas accès à la première des sécurités : un logement. »

Pour faire avancer le débat, la fondation Abbé Pierre et 29 autres associations ont rédigé et adressé à certains candidats une série de 60 mesures pour un logement pour tous. Des propositions qui vont du renforcement des pouvoirs de police et des moyens judiciaires pour mieux sanctionner les marchands de sommeil au rachat d’immeubles dégradés à des fins de réhabilitation et de logement social sur un territoire qui en manque cruellement, en passant par la création de douches publiques à destination des sans-abri.

« Certains nous ont répondu, indique Florent Houdmon. Bruno Gilles (DVD) nous a reçus et nous a répondu par écrit. On a pu échanger au téléphone avec Michèle Rubirola (Printemps Marseille) et elle nous a envoyé les premières propositions de son programme par écrit. On a pris rendez-vous avec Sébastien Barles (EELV) pour en discuter avec lui. Aujourd’hui, on attend des réponses de Samia Ghali (DVG) qui a accusé réception. J’ai eu les équipes d’Yvon Berland (LREM) encore hier au téléphone. Ils n’ont pas été en mesure aujourd’hui de nous répondre mais ils ont pris acte de ces propositions et promis de nous répondre dans les semaines à venir. Aujourd’hui, Martine Vassal (LR) ne nous a pas répondu et n’a pas prévu de nous recevoir à notre connaissance. »

Contacté, l’entourage de Martine Vassal n’a pas confirmé cette information. Celui de Samia Ghali nous a assurés de son côté avoir transmis une réponse que 20 Minutes n’a pour l’heure pas pu consulter. La fondation Abbé Pierre et les autres associations n’ont de plus pas souhaité solliciter Stéphane Ravier, candidat RN à la mairie de Marseille, au motif que ses positions ne sont pas compatibles avec leurs valeurs. Contacté par souci d’équité par 20 Minutes, le sénateur regrette cette décision « politique » et indique « ne pas avoir attendu la fondation Abbé-Pierre pour trouver des solutions face à cette situation alarmante ».