On ne peut pas vraiment parler de prise de guerre, Benoit Simian ayant toujours affiché son soutien au maire sortant Nicolas Florian (LR) depuis le début de la campagne. Il n’empêche, la présence du député LREM du Médoc, ce vendredi matin, parmi les quatorze premiers colistiers du maire sortant de Bordeaux en vue des municipales de mars, est une petite surprise. Et va faire grincer des dents.

Une surprise car le parti présidentiel a tout de même investi à Bordeaux un candidat, Thomas Cazenave, contre Nicolas Florian. Interrogé par 20 Minutes sur cette singularité, qui pourrait semer le trouble chez les électeurs, Benoit Simian ne s’est pas démonté. « Pour Thomas Cazenave, il s’agit là d’une aventure éminemment personnelle, et qui oublie l’histoire de Bordeaux : Alain Juppé n’a pas manqué de soutenir le président de la République, à plusieurs reprises. Thomas Cazenave a fait ses choix, il a annoncé qu’il n’aurait aucune stratégie d’alliance, je le regrette. Mais tout cela est extrêmement surprenant, parfois ubuesque, et je ne comprends pas bien ce Meccano politique. Cela montre qu’il faut travailler davantage avec les élus locaux, les associer, sans quoi cela donne un bazar généralisé. »

Benoit Simian assure d’ailleurs avoir « échangé avec Stanislas Guerini [délégué général de La République en marche] sur ce cas particulier qu’est Bordeaux, parce que je m’étonnais de ce traitement fait au successeur d’Alain Juppé, et à ses équipes qui n’ont jamais manqué de soutenir la majorité présidentielle. Moi, j’appelle tout le monde à un retour au calme dans la stratégie politique, si tant est qu’il y en ait une. »

« Je suis bien dans mes baskets »

Le déboulé de Benoit Simian dans la campagne bordelaise, est doublement surprenant, parce que l’on peut aussi se demander ce que vient faire un élu du Médoc dans cette élection. « Je suis un enfant du Médoc, mais je suis né à Bordeaux et j’ai fait une partie de ma scolarité à l’école Saint-Seurin, a d’abord rappelé le jeune député. Quand Nicolas Florian a dit que son parti, c’est Bordeaux, je me suis tout de suite reconnu et senti à l’aise. »

« Quand j’étais maire de Ludon-Médoc, poursuit Benoit Simian, j’ai parrainé le président de la République pour son projet dans lequel je me reconnaissais, dans lequel il défendait ce dépassement des clivages. L’essence même du macronisme, c’est ce mouvement citoyen qui a vocation à rassembler les progressistes. Clairement, c’est ce qui est fait ici avec Nicolas Florian, et je suis bien dans mes baskets. Ce qui compte, c’est l’homme. »

« Un député hybride »

Le successeur d’Alain Juppé voit, lui, un atout de poids avec ce ralliement. « Benoit Simian est quelqu’un de très investi pour les territoires, et il porte la voix de la Gironde et de Bordeaux au national. C’est important d’avoir des relais dans les assemblées, et il connaît bien toutes les questions de mobilité », estime ainsi Nicolas Florian.

Benoit Simian devrait représenter dans la campagne la figure du « renforcement avec les territoires ». « Clairement, je veux incarner ici à Bordeaux cette relation avec les territoires, et on voit que le sujet des mobilités sera le défi majeur à relever ces prochaines années. Moi je suis un député hybride : une jambe métropolitaine, et une jambe très rurale qui va jusqu’à Soulac-sur-Mer. »

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Hybride, et un brin contorsionniste : Benoit Simian est en effet passé en quelques années du Parti socialiste, à une liste de droite, même si Nicolas Florian assure qu’il ne demandera pas l’investiture du parti LR.