Municipales 2020 à Lyon : L’anneau de sciences, contournement ouest de l’agglomération, est-il indispensable ?
MOBILITES•Ce projet, lancé en 1989, est devenu l’un des enjeux de la campagne pour les élections municipalesCaroline Girardon
L'essentiel
- Véritable serpent de mer, l’anneau des sciences est devenu un sujet de discussion très disputé pendant la campagne des municipales à Lyon.
- Il s’agit de construire 15 kilomètres pour achever le contournement de l’agglomération lyonnaise.
- Comment se positionnent les candidats ? 20 Minutes fait le point.
Un véritable serpent de mer devenu en 15 jours l’un des sujets phares de la compagne pour les municipales à Lyon. L’anneau des sciences, projet que l’on pensait discrètement enterré, est ressorti une première fois des cartons en 2012. Autrefois appelé TOP, tronçon ouest du périphérique, il constituerait le dernier maillon pour boucler le contournement de l’agglomération lyonnaise.
Lancé en 1989, ce projet revisité depuis, divise les candidats qui briguent la métropole de Lyon. Et soulève cette question : est-il réellement indispensable pour le développement de l’agglomération et pour faciliter les mobilités ? Comment chacun se positionne sur le sujet ? 20 Minutes fait le point.
Qu’entend-on par anneau des sciences ?
Le projet tel qu’il a été présenté en 2012 par la métropole de Lyon est le suivant : une section de 15 kilomètres (dont 80 % réalisés en souterrain) qui permettrait de relier la porte de Valvert à Saint-Fons et absorber ainsi une partie du trafic de l’autoroute A6/A7 et des villes situées à l’ouest de l’agglomération. A savoir entre 55.000 et 70.000 véhicules par jour, selon les porteurs du projet. Le coût de la réalisation a été chiffré à 3,2 milliards d’euros. Le calendrier présenté faisait état du début des travaux pour 2022 avec une ouverture prévue à l’horizon 2030.
Qui est favorable ?
Gérard Collomb, le maire LREM de Lyon, est un fervent défenseur du projet. Il l’a toujours été même lorsqu’il a fait alliance avec les écologistes. « Chaque jour, on observe une saturation de tous les axes de circulation. Une saturation de plus en plus importante. Si on ne fait pas l’Anneau des sciences, il est clair qu’il n’y aura jamais de liaison entre les quartiers de Confluence et de Gerland. Nous ne pourrons pas non plus relier Saint-Fons et la Saulaie à Oullins », expose-t-il. Et d’enfoncer le clou : « On ne pourra pas faire non plus faire de covoiturage. Nous aurons les dix années à venir les mêmes problèmes que nous connaissons aujourd’hui mais en pire. Et ceux qui nous succéderont, nous reprocherons de ne pas avoir fait l’anneau des sciences ».
Interrogé sur l’éventualité de faire de l’anneau des sciences un « aspirateur à voitures », le maire de Lyon avance l’idée d’un modèle comparable au périphérique de Madrid, où l’une des deux voies de circulation serait réservée aux bus. « Ils pourront ainsi relier le nord de l’agglomération au boulevard Laurent-Bonnevay. Et il y aura la possibilité d’embarquer des vélos à bord pour que les cyclistes terminent les quelques kilomètres qu’il leur restera à faire », promet l’élu.
Qui est contre ?
David Kimelfeld, président LREM de la métropole de Lyon, a longtemps partagé les mêmes idées que son prédécesseur Gérard Collomb. Il a même soutenu le projet des dizaines d’années avant d’opérer récemment un virage à 180 degrés. Au mois de mars, celui qui candidate à sa propre succession, avait déjà revu ses positions en se disant favorable à l’anneau des sciences « sous certaines conditions ». A savoir réserver des voies de circulation au covoiturage et développer en périphérie des parkings relais reliés aux transports en commun.
Mais le 30 novembre, l’élu a complètement changé d’avis, annonçant à Lyon Capitale qu’il ne ferait pas l’anneau des sciences en cas de réélection à la tête de la métropole. « C’est un projet d’une autre époque, totalement dépassé », estime-t-il désormais. Et d’argumenter : « Il a été lancé en 1989 quand notre rapport à la voiture et aux transports en commun était radicalement différent. Aujourd’hui, il ne répond plus aux besoins et aux attentes. Il y répondra encore moins dans 15 ans ».
Une prise de position qui permet à David Kimelfeld de marquer une nette rupture avec Gérard Collomb et de se rapprocher des écologistes, farouchement opposés depuis toujours à ce projet jugé « climaticide ». Dans le camp EELV, on estime que l’anneau des sciences « va amener plus de voitures et plus de pollution » selon un principe simple mis en exergue par différentes études : l’augmentation des capacités routières induit toujours une augmentation des déplacements en voiture. « Ce serait une catastrophe écologique », selon Bruno Bernard, chef de file du parti.
Qui est plus nuancé ?
François-Noël Buffet, candidat LR à la métropole de Lyon, ne se dit « pas hostile au projet » du moment qu’il « reste raisonnable ». « Dans l’idée d’un périphérique qui serait complet, je suis convaincu par l’idée de développer des sites propres afin de faire circuler les bus à haut niveau de service. Pour la première fois dans la métropole, cela permettrait un système de transport collectif circulaire », développe-t-il. Mais pour lui, l’anneau des sciences n’est « clairement pas la priorité ».
« Ce n’est pas l’alpha ou l’oméga de toutes les politiques de circulation qui doivent être mises en place à ce jour, expose l’élu. L’urgence est de renforcer singulièrement le métro, les horaires de bus, de mettre en place une navette fluviale pour desservir les rives de Saône et développer un RER à la lyonnaise ».
Enfin le Rassemblement national et La France insoumise ne sont pas clairement positionnés sur le sujet depuis le début de la campagne.