Municipales 2020 à Paris : Des maires d’arrondissement font cavalier seul à Paris (et ça ne plaît pas à tout le monde)
POLITIQUE•Trois maires d’arrondissement sortants et candidats à leur réélection, partent actuellement sans écurie officielle à ParisRomain Lescurieux
L'essentiel
- Après les candidats à la mairie de Paris « sans parti », place aux candidats aux mairies d’arrondissement sortants sans étiquette. Pourtant, Jérôme Courmet, Geoffroy Boulard ou Jean-Pierre Lecoq ont précédemment été élus sous les bannières du PS ou de LR.
- Si du côté des soutiens d’Anne Hidalgo, il n’y a aucun doute que Jérôme Courmet sera tête de liste de la maire sortante dans le 13e, à droite, les initiatives personnelles des maires du 6e et du 17e ne reçoivent pas le même accueil.
La hype des candidats « sans parti » se poursuit dans la capitale. Si jusqu’ici cette mode était l’apanage des candidats à la mairie de Paris – Pierre-Yves Bournazel, Gaspard Gantzer et même Anne Hidalgo –, on la retrouve désormais dans les mairies d’arrondissement. Symptôme d’une offre politique éclatée et chamboulée par l’arrivée d’En Marche, trois maires d’arrondissement sortants et candidats à leur réélection n’affichent toujours pas leur couleur ou étiquette partisane, après avoir pris leur distance avec leur formation d’origine tout en vantant des projets d’arrondissements au service des habitants. Qui sont-ils ? 20 Minutes fait un tour d’horizon du 13e au 17e en passant dans le 15e.
Jérôme Coumet (ex-PS) maire du 13e arrondissement
En 2008 et 2014, Jérôme Coumet a gagné la mairie du 13e arrondissement avec le Parti socialiste. Pour 2020, c’est terminé. Jérôme Coumet, qui a quitté le PS en 2017, n’affiche toujours pas ses couleurs pour le prochain scrutin. Et maintient toujours le suspens alors que dans les rangs de la maire de Paris, il n’y a aucun doute : Jérôme Coumet sera la tête de liste Paris en Commun (la plateforme de soutien à Anne Hidalgo) dans le 13e arrondissement. Le principal intéressé préfère prendre son temps. « Chaque chose en son temps. Je ne souhaite pas démarrer la campagne trop tôt. Je me suis aussi posé la question de me présenter ou non. C’est quelque chose qui ne se fait pas à la légère. Je me déclarerai auprès des habitants du 13e en janvier. Je souhaite aussi présenter une équipe », réagit-il auprès de 20 Minutes. Et de préciser : « Je travaille bien avec la maire de Paris mais les choses se finaliseront en leur temps. J’ai été sollicité par les uns et les autres mais je reste de gauche, je ne suis plus au PS mais je reste un social-démocrate, donc ma démarche s’inscrira en ce sens. »
Geoffroy Boulard (LR), maire du 17e arrondissement
Il s’est lancé vendredi. Sur son tract pas de logo de parti, ni de photo de Rachida Dati, ni de Benjamin Griveaux, ni de Cédric Villani. Juste lui. Maire du 17e arrondissement depuis 2017, encore étiqueté Les Républicains, Geoffroy Boulard est candidat à sa réélection, sans parti politique. Pour le moment. Contacté par 20 Minutes, il n’a pas souhaité répondre à nos questions mais dit dans une lettre qu’il « souhaite bâtir avec les habitants du 17e un nouveau projet innovant et durable, un projet qui devra rassembler le plus grand nombre », note-t-il en « invitant les habitants à exprimer leurs attentes et faire remonter leurs idées pour améliorer la vie de leurs quartiers ». Prenant acte de cette décision, Rachida Dati lui plante le couteau dans le dos et propose d’investir ce mardi face à lui sa directrice de campagne, Nelly Garnier.
Dans les rangs pro-Griveaux ça tacle aussi, via un communiqué. « Le groupe majorité présidentielle/LREM du 17e mené par Jérôme Dubus, président du Groupe PPCI au Conseil de Paris, prend acte de la déclaration de candidature de Geoffroy Boulard, maire Les Républicains sortant, pour un nouveau mandat. Il note sa volonté d’ouverture mais s’étonne de la précipitation de cette déclaration dans un contexte électoral parisien mouvant. De notre côté, nous préparons avec les nombreux marcheurs du 17e et nos quatre ambassadeurs un projet pour les habitants du 17e qui sera porté par une équipe et un collectif. »
Jean-Pierre Lecoq (LR), maire du 6e arrondissement
Jean-Pierre Lecoq élu sous l’étiquette UMP en 2014 en conduisant une liste d’union UMP-MoDem-UDI, a cette fois-ci annoncé sa candidature, sans écurie politique derrière, sans tampon officiel et plaide pour un rassemblement d’arrondissement de la droite à LREM en passant par le centre. Celui qui avait jeté l’éponge dans la course à l’investiture LR dans la capitale, est candidat à sa réélection tout en prenant ses distances avec son parti d’origine alors que Rachida Dati n’a désigné aucune personne sur ces terres. Mais Jean-Pierre Lecoq veut mener quoi qu’il arrive une liste de « large union » avec notamment Marielle de Sarnez en deuxième position sur sa liste. « Peu de gens ont des tampons. Moi, je suis candidat du 6e pour les habitants du 6e, et je n’enfile pas de maillot », affirme-t-il auprès de 20 Minutes. « Depuis tout temps, l’élection municipale est la plus dépolitisée de toutes les élections et ça va encore se renforcer. Les gens vont voter pour une équipe, un maire, un programme. […] Et pour que l’alternance joue il faut des listes d’union, après il faut des preuves d’amour, il ne faut pas juste utiliser cette formule pour sauver sa gueule à tout prix », lâche-t-il.