Municipales 2020 à Lille: « Pour moi, il y a très peu de différences entre La France Insoumise et le RN» persiste la candidate LREM
POLITIQUE•Violette Spillebout reproche aux écolos de vouloir s'allier au deuxième tour avec la France Insoumise qu'elle considère comme un parti extrémisteFrançois Launay
L'essentiel
- Violette Spillebout, candidate LREM aux municipales de Lille, accuse les écologistes de vouloir faire alliance avec la France Insoumise en cas de deuxième tour.
- Celle qui lorgne les voix écolos lilloises met quasiment sur le même point la France Insoumise et le Rassemblement National.
- De quoi énerver candidats écolos et insoumis lillois.
La campagne se tend. A six mois des élections municipales, les premières piques ont élé lancées ce week-end entre candidats déjà déclarés. Si Martine Aubry, maire depuis 2001, n’a pas encore dévoilé ses intentions, les candidats à sa succession sont nombreux et ne manquent pas d’ambitions.
Parmi eux figure Violette Spillebout. Ancienne directrice de cabinet d’Aubry, elle a été investie cet été par La République en marche (LREM). Celle qui convoite les voix écolos avec un slogan (Faire respirer Lille) axé sur ce thème s’est payée samedi Stéphane Baly, le candidat d’Europe Ecologie les Verts (EELV).
La candidate LREM lui reproche, dans un communiqué, d'avoir «franchi la ligne jaune» en annonçant la possibilité de s’allier avec la France Insoumise en cas de second tour. Interrogée par 20 Minutes ce lundi, elle persiste et signe.
« Les gens de la France Insoumise sont des personnes radicales qui sont dans le populisme »
« Pour moi, La France Insoumise et le Rassemblement National, c’est l’extrême gauche et l’extrême droite. Il y a très peu de différences entre eux. Les gens de la France Insoumise sont des personnes radicales qui sont dans le populisme, dans la protestation permanente, dans la haine et qui, aujourd’hui, n’expriment pas de dialogue démocratique. Je ne souhaite pas établir de dialogue avec la France Insoumise. Et je me suis adressé à EELV pour montrer le vrai visage de leur proposition politique », a taclé Violette Spillebout.
Des propos forts qui peuvent s’expliquer par un contexte particulier. Alors que son (ex) directeur de campagne, Dominique Bailly, a été congédié le 24 octobre pour avoir fait du lobbying au Sénat contre un projet de loi écolo du gouvernement, Violette Spillebout a sans doute voulu reprendre la main dans la campagne.
Les Insoumis lui répondent sèchement
« L’outrance de Mme Spillebout correspond à une phase de sa campagne où elle est en difficulté. C’est une vieille stratégie. La meilleure défense, c’est l’attaque. C’est un signe de fébrilité et c’est de la politique à l’ancienne », estime Julien Poix. Le candidat de la France Insoumise, accusé d’extrémisme, en profite aussi pour lui répondre séchement sur ce terrain.
« Pour nous, l’extrémisme est déjà au pouvoir via La République en marche, le parti qui la soutient. Ce parti a baissé les APL, entamé le pouvoir d’achat des Français, augmenté la CSG pour les retraités. La pauvreté augmente sous le mandat de M. Macron. S’il y a un extrémisme, il est dans les mains de La République en marche. Parfois, les extrémismes ne sont pas là où l’on pense. Je pense que les Lillois comprendront où est leur intérêt général », poursuit Julien Poix.
Un électorat vert très convoité à Lille
Mais au-delà des mots, pourquoi Violette Spillebout attaque-t-elle les écolos sur ce terrain-là ? Avec 21, 70 % des suffrages exprimés à Lille lors des Européennes en mai dernier, la liste EELV a été devancée de très peu par la liste LREM (21, 97 %).
L’électorat vert pourrait donc bien faire basculer la prochaine élection municipale. Avec un scrutin à deux tours, le jeu des alliances sera sans doute décisif à l’issue du premier tour qui aura lieu le 15 mars. Convoité de toutes parts, Stéphane Baly, le candidat vert, a déjà clairement annoncé sa préférence.
Baly ferme la porte à Spillebout mais pas aux Insoumis
« Avec La France Insoumise, on a des visions qui peuvent être différentes. Néanmoins, on partage leur vision sur une transition écologique forte qui s’appuierait sur le local. Avec la candidate LREM, la porte est fermée à une alliance. Les conditions ne sont pas remplies aujourd’hui avec Violette Spillebout. Et me renvoyer aux extrêmes, c’est inacceptable », ne digère pas le conseiller municipal lillois..
Pas de quoi désarmer la candidate macroniste. « Je suis convaincu qu’il y a des points de convergence avec EELV. Tout ça va dépendre des résultats du 1er tour. Nous pouvons travailler en bonne intelligence avec des écologistes audacieux qui clament haut et fort leurs convictions mais sans attiser les haines, sans aller chercher des voix du côté de l’extrême gauche », assure Violette Spillebout.
« Spillebout se sert de nous comme d’un épouvantail »
Au centre de la querelle, les Insoumis, ouverts eux aussi à une alliance avec les écolos, dénoncent un calcul politicien de la part de la candidate LREM. « Pourquoi Spillebout nous attaque ? Pour faire peur à une catégorie de population modérée qui vote EELV en prétendant qu’il y a une menace rouge à Lille. Elle se sert de nous comme d’un épouvantail. Mais notre programme est basé sur la solidarité et la défense de l’intérêt général », répond Julien Poix.
A six mois de la campagne, ça s’écharpe donc déjà de tous les côtés. Pendant ce temps-là, à l’abri dans son bureau de l’hôtel de ville avant une possible annonce de candidature, Martine Aubry compte les points…
Retrouvez, en mars 2020, les résultats des élections municipales à Lille.