ELECTIONSMalgré l'investiture de Gérard Collomb, LREM nage en plein flou

Municipales 2020 à Lyon : Malgré l'investiture de Gérard Collomb, LREM nage en plein flou

ELECTIONSLe parti présidentiel se retrouve empêtré dans une situation inédite où les candidatures dissidentes fleurissent
Caroline Girardon

Caroline Girardon

L'essentiel

  • Si LREM a investi Gérard Collomb pour la métropole à Lyon, le parti présidentiel va devoir faire face à des candidatures dissidentes.
  • David Kimelfeld, qui n’a pas obtenu les faveurs d’Emmanuel Macron, semble toutefois déterminé à aller jusqu’au bout.
  • Aucun candidat n’a pour l’instant été investi à la mairie de Lyon, briguée par deux anciens adjoints de Gérard Collomb.

La saison automnale incitera-t-elle certains courtisans à retourner leurs vestes ? A moins de six mois des élections municipales, la situation reste particulièrement crispée à Lyon et dans la métropole lyonnaise. Notamment dans les rangs de la République en marche où l’on nage en plein mélodrame. Entre le Roi Lyon qui a obtenu l’investiture sans même la demander et son ancien protégé qui fera cavalier seul, sans oublier l’ancien fidèle serviteur qui sort du bois et vient brouiller les cartes… le parti présidentiel se retrouve avec un sacré paquet de nœuds à démêler. Vous n’y comprenez d’ailleurs pas grand-chose ? On va tenter de vous expliquer tout ça.

Gérard Collomb se pose en rassembleur

Emmanuel Macron a-t-il la mémoire courte ? Gérard Collomb, le maire de Lyon, a reçu lundi soir l’investiture LREM pour la métropole de Lyon, un an après avoir quitté le gouvernement avec perte et fracas et rendu son tablier de ministre de l’Intérieur. Une investiture qu’il n’avait pourtant pas spécialement réclamée. En octobre 2018, de retour entre Rhône et Saône, l’élu avait même annoncé haut et fort sur l’antenne de LCI qu'il ne se présenterait pas sous l'étiquette du parti présidentiel. Quelque mois plus tard, en mai 2019, le divorce semblait consommé. Prié par Emmanuel Macron de participer à un meeting LREM en vue des élections européennes, le maire de Lyon avait surtout brillé par son absence.

La roue a tourné. Désormais, Gérard Collomb semble plus que jamais être l’homme indispensable sur lequel s’appuyer pour gagner les élections. Son bilan de maire, sa notoriété et l’importance de ne pas perdre une ville comme Lyon ont sans doute convaincu le président de la République de miser sur son ancien ministre. Ce dernier n’entend toutefois pas porter uniquement les couleurs LREM et se pose désormais en rassembleur. « Demain, nous élargirons encore, a déclaré Gérard Collomb lors d’un point presse mardi matin. Des élus Modem, des adhérents du PS nous rejoindront. Je veux rassembler tous ceux qui ont porté un projet avec moi ».

Pas sûr que le message passe auprès des principaux intéressés. Dans un communiqué, le parti socialiste a aussitôt dégainé pour réagir aux propos du maire. « Je tiens à préciser que le PS ne s’associe aucunement à cette campagne sous quelle forme que ce soit. En se revendiquant de LREM et en ayant l’investiture de celle-ci, Gérard Collomb sait pertinemment que le PS ne peut se reconnaître dans sa ligne politique », lâche Yann Crombecque, premier secrétaire fédéral du PS dans le Rhône.

Ecarté, David Kimelfeld se pose en dissident

Un manque de popularité ? Un désir trop affiché de se différencier de son mentor ? David Kimelfeld, qui a pris la présidence de la métropole de Lyon lorsque Gérard Collomb a été appelé au gouvernement, a sans doute payé sa volonté d’émancipation. Il est le grand sacrifié des investitures.

Mardi, Gérard Collomb lui a tendu une nouvelle fois la main, l’appelant à le rejoindre. « Comment avoir été solidaire des actions menées pendant plusieurs mandats et dire au bout du compte que ce n’était pas une bonne ligne et qu’il faudrait en changer ? David Kimelfeld a été élu sur la même liste que moi en portant le même projet », rappelle le maire de Lyon, déterminé « à renouveler le dialogue ».

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On n’imagine toutefois pas le principal intéressé répondre à cet appel du pied. Celui que Gérard Collomb avait qualifié de « poulain qui se cabre », a la ferme intention d’aller jusqu’au bout et de conserver la métropole de Lyon. Il doit d’ailleurs lancer sa campagne mercredi soir. Il pourra compter sur le soutien des « Jeunes avec Macron » du Rhône, qui se sont officiellement engagés lundi derrière lui.

« Réactionnaire sur les questions de société (immigration, PMA, mariage pour tous…), en retard sur les questions environnementales et s’appuyant sur une vision de l’économie datée, Gérard Collomb n’est plus en phase avec les attentes des jeunes et représente une forme de baronnie locale de l’ancien monde dont les Jeunes Lyonnaises et les Jeunes Lyonnais ne veulent plus », a déclaré Augustin Michaely, référent du mouvement dans le Rhône… qui a été suspendu sur le champ. Ambiance ambiance…

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L’épineuse question de la mairie Lyon

Si LREM a investi Gérard Collomb à la métropole, elle ne s’est toujours pas prononcée sur le choix du candidat qui briguera la mairie de Lyon. La balle, on l’aura compris, est dans le camp de Gégé. Mais l’équation à résoudre est loin d’être simple. Anne Brugnera, ancienne adjointe à l’Education et députée LREM, a depuis longtemps fait part de son désir de s’installer à la tête de l’Hôtel de Ville et a demandé l’investiture du parti présidentiel. Le problème : elle a été l’une des premières à lâcher Collomb pour soutenir Kimelfeld.

Si on voit mal LREM lui refuser l’investiture, on n’imagine pas non plus qu’elle puisse constituer un binôme avec Gérard Collomb qui pousserait en coulisse pour que Fouziya Bouzerda, cheffe de file du Modem pour les municipales de 2020, soit désignée. Reste à savoir si Anne Brugnera maintiendra sa candidature, ce qui l’obligerait à se rallier à Gérard Collomb. Autre question soulevée : dans l’hypothèse où LREM choisirait de l’investir, il paraît peu concevable qu’elle obtienne le feu vert pour monter un projet à côté de David Kimelfeld.

La candidature du fidèle Georges Képénékian, sorti du bois lundi, en a surpris plus d’un. Celui qui avait assuré l’intérim à la mairie de Lyon pendant l’absence de Gérard Collomb, avait toujours clamé qu’il ne briguerait aucun mandat en 2020. Mais son soutien à David Kimelfeld aurait profondément mis en colère le maire de Lyon, qui selon les rumeurs, ne lui parlerait plus. Est-ce cela qui l’aurait poussé à se lancer dans la course et à faire obstacle à son ami ? Sa candidature dissidente (il ne brigue pas l’étiquette LREM), qui peut être perçue comme un acte de rébellion, a été saluée par David Kimelfeld. De là à imaginer un futur binôme prêt à tout pour bouter Collomb de son fief…