POLITIQUEFaut-il publier un livre pour être élu à la mairie de Paris ?

Municipales 2020 à Paris : Faut-il publier un livre pour être élu à la mairie ?

POLITIQUEA six mois des élections municipales, les livres politiques fleurissent dans les librairies de la capitale
Romain Lescurieux

Romain Lescurieux

L'essentiel

  • Anne Hidalgo a publié ce mercredi Le lieu des possibles. Avant la maire de Paris, d’autres candidats à la mairie de Paris notamment Gaspard Gantzer ou Pierre-Yves Bournazel ont également sorti un livre.
  • Le livre politique avec ses idéaux et envolées lyriques est-il une étape obligatoire en période de campagne électorale ?

Le lieu des possibles, Nous autres Parisiens, Revoir Paris… A six mois des élections municipales dans la capitale, les livres politiques de candidats – déclarés ou non – fleurissent chez les libraires. Dernier en date : celui d’Anne Hidalgo. Le lieu des possibles est sorti ce mercredi. Elle y défend son bilan et soigne son positionnement social, avant une plus que probable annonce de candidature à sa réélection en mars 2020 à Paris. « Je ne renoncerai jamais », prévient-elle à la fin de l’ouvrage. Mais le livre politique avec ses idéaux et envolées lyriques est-il une étape obligatoire en période de campagne électorale ?

Pierre-Yves Bournazel est l’un des premiers à avoir sorti le sien, en mars dernier. « C’est important de savoir poser sa vision, son projet, à travers un livre. Un livre, c’est l’occasion de donner du sens au projet. J’écrivais depuis un certain temps, beaucoup de choses dans des cahiers manuscrits et ça a abouti à Revoir Paris. Je voulais donner ma vision de l’avenir, de la ville. Il s’agit de l’analyse d’un élu du 18e arrondissement. J’explique mon parcours et je livre aussi des propositions en matière de logements, d’écologie de crise migratoire », explique le député Agir et candidat à la Mairie de Paris.

« Balzac et Flaubert sont de meilleurs écrivains que nous pour parler de Paris »

Egalement contacté par 20 Minutes, Gaspard Gantzer , auteur de Nous autres Parisiens vante le livre, l’objet. « Je suis peut-être un peu à l’ancienne mais je suis pour ce travail. J’ai consacré un an et demi pour construire cet ouvrage, via 15 chapitres, à partir de témoignages de Parisiens et de mon analyse. Le livre permet de développer un raisonnement, de bâtir une vision, de poser ses idées. On n’a rien trouvé de mieux que le livre pour développer toutes ses idées. D’ailleurs, une élection se gagne sur le fond. » Du côté des Marcheurs, en revanche, aucun livre n’est prévu.

Dans les rangs de Cédric Villani, le candidat dissident de LREM, on dit être concentrés sur autre chose. « Pour le moment, on est plus l’organisation de ses quatre grands ateliers citoyens à l’automne et la préparation du programme complet. » Du côté de Benjamin Griveaux, on ironise un peu sur la démarche. « Balzac et Flaubert sont de meilleurs écrivains que nous pour parler de Paris », indique-t-on dans son entourage. Et chez Gantzer, ça tacle. « Je trouve ça dommage que ces deux candidats ne le fassent pas. Du coup, on ne sait pas ce qu’ils proposent et comment ils le financent », commente-t-il. Enfin du côté, de l’UDI-Modem, un livre n’est pas prévu, mais on ne se gêne pas pour se moquer de ceux des autres.

« Le lieu des possibles d’Anne Hidago ? C’est le lieu des impossibles surtout. Impossible de se loger, de se garer, de respirer », balance Eric Azière, le président du groupe UDI. « En plus, elle procède avec une double abstraction dans ce titre. Le lieu, c’est finalement partout et nulle part. Et il manque Paris dans le titre. Son livre pourrait s’appliquer à Milan, à Marseille, etc. », conclut-il.

Un livre pour quoi faire ?

Le livre est une vieille rengaine politique. Et la Ville de Paris ne déroge pas à la règle. Du moins du côté des socialistes. En 2013, en campagne pour les municipales, Anne Hidalgo sortait Mon combat pour Paris : quand la ville ose. « J’aurais pu être ministre, on me l’a proposé. Mon ambition est ailleurs : je suis candidate pour devenir la prochaine maire de Paris. Contrairement à certains, je ne considère pas cette fonction comme un tremplin vers d’autres ambitions, mais comme un engagement en soi, exigeant et exclusif », expliquait-elle.

En 2008, entre ses deux mandats, Bertrand Delanoë avait publié un livre : De l’Audace. « Après sa victoire à Paris, quelle sera la prochaine étape ? Comment redessiner un projet qui redonne espoir à la gauche ? Comment ce “socialisme municipal”, réalisé dans l’une des plus grandes villes du monde et qui est par définition un “socialisme du réel”, peut-il s’appliquer à l’échelle du pays ? », mentionnait la quatrième de couverture. En revanche, ni Jacques Chirac, ni Jean Tibéri, n’avaient publié de livre en amont de leur élection à la Mairie de Paris. Enfin, quid des librairies parisiennes ?


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Les librairies jouent-elles le jeu ?

Si ces livres ne rencontrent évidemment pas de grands succès populaires, certains libraires jouent le jeu. A la librairie indépendante Ici sur les Grands Boulevards, on trouve les livres de tous les candidats. « On les a. Après ce n’est pas une science exacte, on ne sait jamais si ça va se vendre. Mais les avoir entre dans une logique de pluralité de l’offre pour que chaque lecteur puisse trouver ce qu’il cherche », explique Delphine Bouétard, fondatrice de la librairie. En revanche dans une autre librairie généraliste du quartier, on est beaucoup plus expéditif. « Nous n'en avons aucun, et nous n'en aurons aucun. On s’en fout et ce n’est pas notre clientèle. »