POLITIQUEPascal Jarty, le candidat qui veut lutter contre la bétonisation à Bordeaux

Municipales 2020 à Bordeaux : Pascal Jarty, le candidat qui veut lutter contre la bétonisation de la ville

POLITIQUEFigure du monde associatif bordelais, Pascal Jarty a décidé de se lancer dans la course aux municipales et présentera une liste, Servir Bordeaux
Mickaël Bosredon

Mickaël Bosredon

L'essentiel

  • Elu sous Jacques Chaban-Delmas, Pascal Jarty se présente pour la première fois comme tête de liste.
  • Il veut refaire de Bordeaux « une ville d’équilibre », et s’inquiète de la « bétonisation à outrance » de ces dernières années.
  • Il propose aussi la gratuité des transports en commun pour résoudre les problèmes de mobilité.

A 63 ans, le Bordelais Pascal Jarty se lance pour la première fois comme tête de liste pour une élection municipale. Bien connu dans le monde associatif, directeur du Cija (Centre d'information jeunesse Aquitaine) pendant 30 ans, cette figure bordelaise a déjà effectué deux mandats comme conseiller municipal sous Jacques Chaban-Delmas, et avait participé à la campagne des municipales de 2008 à Bordeaux, sur la liste… d’Alain Rousset (PS). « Ce qui démontre l’ouverture d’esprit qui est la mienne ! », souligne-t-il. Le candidat qui a créé son mouvement « Servir Bordeaux » a répondu à nos questions.

Pourquoi vous présentez-vous ?

Parce que j’aime ma ville et que je ne veux pas rester les bras croisés. Je veux présenter une liste au-delà des partis politiques, de rassemblement, et je veux qu’elle soit le reflet de la pluralité bordelaise. Je la présenterai en janvier même si elle est déjà bien avancée. J’ai un vrai projet pour Bordeaux, il est déjà quasiment élaboré, et beaucoup de personnes se positionnent dessus. Je veux que Bordeaux redevienne la ville d’équilibre qu’elle a été, et qu’elle n’est plus depuis quelques années. Ma candidature n’est pas une candidature de circonstance.

Le départ d’Alain Juppé a changé les choses ?

Il est vrai que le départ de Juppé redistribue complètement la donne, et dès l’annonce de son départ en février, j’ai annoncé que je serai candidat. J’ai beaucoup analysé la situation de Bordeaux, et en observant ce qu’il s’est passé ces dernières années, je me devais de proposer une alternative. Il y a eu des dérives, comme la bétonisation à outrance qui a fait sentir ses effets de façon cruelle cet été, quand on allait s’asseoir sur les bancs noirs de Pey-Berland… Comme cette obsession de construire également, dont l’expression la plus inquiétante se manifeste aux Bassins à Flot, symbole de la spéculation. Je veux montrer que Bordeaux n’est pas cette ville, sa vraie image c’est la culture et le bien vivre.

Vous estimez donc que le bilan d’Alain Juppé n’est pas positif ?

Je tire un bilan positif de ses premières années de maire. Il a fait beaucoup, il a revitalisé les quais, créé le tramway, réunifié les deux rives, mais depuis quelques années je crains qu’il ait eu les yeux tournés vers d’autres d’ambitions, et Bordeaux s’est développé d’une façon fâcheuse pour le bien-être de la ville. Je veux proposer une inflexion de cette politique.

Un développement qui a eu de graves conséquences sur la mobilité, devenue très problématique, et qui sera sans doute le thème central de la campagne…

Et je ne veux pas qu’on repousse ce débat à dans 20 ans ! On passe une semaine par an dans les embouteillages à Bordeaux. Il faut s’appuyer sur les mobilités douces, et mettre en place la gratuité des transports en commun. Le chiffrage que j’ai me fait penser que c’est possible, et cela doit se faire au niveau de la métropole, avec tous les maires. Il s’agit là d’une mesure historique.

Mais il y aurait encore plus de monde dans les transports, alors que le réseau de tramway est déjà saturé…

Il faut acquérir d’autres rames, et développer les liaisons circulaires, comme des bus électriques qui permettraient d’aller du Bouscat à Pessac ou Talence, sans passer par les Quinconces. Cela désengorgerait les lignes traditionnelles existantes. Il faut aussi développer un tram-train en périphérie, tout comme un RER girondin.

La croissance démographique de la métropole est de 1,5 % par an, faut-il la ralentir ?

Je veux un moratoire de deux ans sur les grands projets urbanistiques qui ne sont pas encore lancés, pour réfléchir tous ensemble. Nous sommes 256.000 habitants à Bordeaux, pour moi le point de rupture est déjà acté. D’autant qu’on s’aperçoit qu’on a vendu une ville qui n’existait pas. On pensait y trouver de l’emploi, il n’y en a pas. On pensait vivre en respirant pleinement, et on se retrouve dans des appartements exigus comme aux Bassins à Flot. On pensait éviter les embouteillages, il y en a… On a fait une belle vitrine, mais des quartiers ont été laissés à l’abandon. Il faut les réinvestir en créant du service public et des parcs.