C'est quoi cette police des transports créée à Montpellier ?

Parce que « la sécurité n’est pas négociable », Montpellier a créé une police des transports

MOBILITéSLa collectivité souhaite accompagner la gratuité des bus et des tramways, qui sera lancée jeudi, par un dispositif qui améliore la quiétude des usagers
Nicolas Bonzom

Nicolas Bonzom

L'essentiel

  • La métropole de Montpellier a créé une police des transports, parce que « la sécurité n’est pas négociable », confie son président, Michaël Delafosse (PS).
  • La collectivité souhaite, avec cette mesure, accompagner la gratuité des bus et des tramways par un dispositif qui améliore la quiétude des usagers.
  • Ces policiers interviendront en cas d’agressions, de vols, de harcèlement, d’outrages sexistes ou d’atteintes aux biens. Mais aussi en cas d’incivilités.

A Montpellier (Hérault), une toute nouvelle brigade a investi les bus et les tramways : la police métropolitaine des transports. Ce contingent s’assure, depuis le 18 septembre dernier, que les usagers voyagent en toute quiétude sur le réseau de la Tam. « La sécurité n’est pas négociable », confie Michaël Delafosse (PS), le maire et président de la métropole, qui avait promis de mettre en œuvre cette mesure pendant sa campagne électorale, en 2020. « On l’entend, déplore l’élu. Il y a des personnes qui ne prennent pas le tramway, car elles ne se sentent pas en sécurité. La meilleure réponse que nous puissions apporter, c’est une présence humaine, en uniformes. »

Depuis trois mois, la métropole de Montpellier mobilise sur son réseau de transports 22 policiers, soit quatre patrouilles de trois à quatre agents, armés et équipés de caméras piétons. Ces policiers sillonnent les quartiers desservis par les bus et le tramway, avec un dispositif renforcé du mercredi au samedi, de 14 heures à minuit. L’année prochaine, cette brigade devrait être dotée d’une vingtaine de policiers supplémentaires.

Les usagers « doivent pouvoir se déplacer en toute sécurité »

Si la métropole de Montpellier investit autant pour sécuriser ses transports, c’est, aussi, parce que prendre les bus et le tramway sera gratuit, dès jeudi, pour tous les habitants du territoire. Et si c’est gratuit, mais que c’est le Far-West, ça n’a pas vraiment de sens. « Nous souhaitons accompagner le développement de notre réseau de transports en commun par des dispositifs qui en améliorent la sécurité, explique Michaël Delafosse. La gratuité des transports, c’est l’espoir qu’il y ait davantage d’usagers. Et il y en aura. Mais ils doivent pouvoir se déplacer en toute sécurité. Tout comme les conductrices et les conducteurs doivent pouvoir assurer leurs missions en toute quiétude. »

Les policiers des transports seront chargés d'intervenir en cas d'agressions, de vols, de harcèlement, d'outrages sexistes ou d'atteintes aux biens. Mais aussi en cas d'incivilités.
Les policiers des transports seront chargés d'intervenir en cas d'agressions, de vols, de harcèlement, d'outrages sexistes ou d'atteintes aux biens. Mais aussi en cas d'incivilités. - N. Bonzom / Maxele Presse

Les policiers des transports seront chargés d’intervenir en cas d’agressions, de vols, de harcèlement, d’outrages sexistes ou d’atteintes aux biens. Avec une attention toute particulière aux femmes seules et aux seniors, indique la métropole. Mais ces agents auront l’œil, aussi, sur les trop nombreuses incivilités, qui pourrissent le quotidien des usagers des bus et du tramway. Ces actes indélicats représentent environ 30 % des méfaits relevés par la métropole de Montpellier dans ses transports en commun.

« Nous souhaitons faire en sorte que ces incivilités cessent »

« Ce sont des personnes qui mettent leurs pieds sur les sièges, qui parlent très, très fort au téléphone, ou qui sont en état d’ivresse, détaille Jean-Pierre Rico (Centre), le maire de Pérols, et élu de la métropole chargé de la création de la police des transports. Nous souhaitons, avec cette mesure, faire en sorte que ces incivilités cessent. » Mais cette brigade « n’est pas seulement là pour verbaliser, mais pour rassurer les voyageurs, aussi », confie Gautier Sifantus, adjoint au responsable de la police des transports.

A Montpellier, ces agents d’un nouveau genre sont accueillis avec enthousiasme, par les usagers des transports en commun. Parce que l’insécurité est quotidienne, notamment dans le tramway, regrettent certains. Valérie, une étudiante en marketing, déplore que sur « la ligne 3, le soir », elle doive faire « très attention. « Ça n’est jamais allé jusqu’à l’agression, confie cette Lattoise, mais les commentaires sexistes, oui… » Emma, elle, confie avoir été témoin d’une agression dans une rame de la ligne 1. « Dans ces cas-là, on baisse les yeux, souffle-t-elle. Et on espère que notre tour n’arrivera pas. »

NOTRE DOSSIER SUR LES TRANSPORTS EN COMMUN

Un jeune homme, lui, a quelques doutes, toutefois, sur ce dispositif. « Une vingtaine d’agents, pour quatre lignes de tramway et je ne sais pas combien de lignes de bus ! Que voulez-vous qu’ils fassent ? », s’interroge-t-il. « Les transports, renchérit Maguelonne, ce n’est que la continuité de ce qui se passe en ville. Je pense que c’est une sécurisation beaucoup plus profonde, à l’échelle de la métropole, qui doit être menée. »