PATRIMOINEQue faire pour les Journées du patrimoine à Montpellier ?

Journées du patrimoine 2022 : A Montpellier, le mikvé, un lieu chargé d’histoire

PATRIMOINEParmi les nombreux sites à découvrir à Montpellier lors des Journées européennes du patrimoine, le bain rituel juif est l’un des plus emblématiques de la ville
Jérôme Diesnis

Jérôme Diesnis

L'essentiel

  • Le mikvé (agglomération des eaux, en hébreu) est un lieu permettant un bain purificateur dans la culture juive. Celui basé en plein centre-ville, daté du XIIe siècle, est l’un des hauts lieux de la mémoire montpelliéraine, mais aussi de la mémoire hébraïque continentale.
  • Remarquablement conservé, le mikvé est propriété de la ville qui en a financé les travaux amenant à sa découverte aux débuts des années 1980, par hasard par un particulier.
  • « C’est un lieu qui remonte à la source de la ville. Un lieu de valeurs communes puisqu’on retrouve la symbolique de l’eau commune aux grandes religions monothéistes », détaille Michaël Iancu, docteur en histoire et directeur de l’institut Maïmonide de Montpellier.

«Il s’agit de l’un des lieux les plus visités de Montpellier, y compris lors des Journées du patrimoine », confirme l’office de tourisme. L’histoire et l’essor de la préfecture de l’Hérault depuis sa création en 985, se sont construits en partie avec l’apport et l’interaction des différentes religions et des cultures. Une histoire marquée par la création de la faculté de médecine, la plus vieille d’Europe en activité, qui a entraîné l’expansion de la ville.



Les juifs de Montpellier y ont pris une part importante même s’ils n’avaient pas le droit d’y enseigner. « Cette communauté avait été pour la plupart chassée de la péninsule ibérique. Elle était très versée dans la médecine arabo-musulmane. Ils ont été des passeurs de culture importants », souligne Michaël Iancu, docteur en histoire et directeur de l’institut Maïmonide de Montpellier.

Découvert par hasard par un particulier

Le mikvé (agglomération des eaux, en hébreu) est un lieu permettant un bain purificateur dans la culture juive. Celui basé en plein centre-ville, daté du XIIe siècle, est l’un des hauts lieux de la mémoire montpelliéraine, mais aussi de la mémoire hébraïque continentale. « Il est l’un des plus anciens bains en Europe et toujours casher, c’est-à-dire apte à être utilisé puisque ses eaux sont naturelles, alimentés depuis une nappe phréatique et les eaux de pluie qui transpirent par la pierre, reprend Michaël Iancu. Même s’il n’est plus utilisé à cet effet puisqu’il a désormais une fonction exclusivement muséale. »


Le mikvé est l'un des hauts lieux de la mémoire hébraïque continentale.
Le mikvé est l'un des hauts lieux de la mémoire hébraïque continentale. - Jérôme Diesnis / Agence Maxele Presse

Remarquablement conservé, le mikvé, situé rue de la Barralerie, se visite à l’année par petits groupes et uniquement sur réservation auprès de l’office de tourisme qui en assure la gestion. Il est propriété de la ville qui en a financé les travaux amenant à sa découverte aux débuts des années 1980, par hasard par un particulier. Il est constitué d’un vestiaire, d’un bassin dans lequel on s’immerge après avoir descendu sept marches, comme les sept jours de la semaine. « C’est un bain purificateur, on n’y venait pas pour y faire sa toilette, reprend Michaël Iancu. On y passait de l’état impur à l’état pur. » Notamment – mais pas exclusivement comme on l’entend parfois à tort – par les femmes après le cycle menstruel.

« C’est un lieu qui remonte à la source de la ville. Un lieu de valeurs communes puisqu’on retrouve la symbolique de l’eau commune aux grandes religions monothéistes. Et il a été érigé par des architectes chrétiens, à la demande de la communauté juive. Le mikvé de Montpellier est un lieu chargé d’histoire et de symboles », conclut Michaël Iancu.