Montpellier : Une cordonnerie veut remettre sur pied le cirage de chaussures à l’ancienne
SERVICE•La cordonnerie Kidur, à Montpellier, propose chaque matin de se faire cirer les pompes en buvant un café et en mangeant un croissantNicolas Bonzom
L'essentiel
- A Montpellier, la cordonnerie Kidur tente de remettre au goût du jour un service qui a disparu depuis des décennies : le cirage de chaussures à l’ancienne.
- La boutique a installé une chaise en bois fait maison, sur laquelle on peut s’installer, pour se faire cirer les pompes en buvant un café et en mangeant un croissant.
- Pour l’instant, « les gens sont peut-être un peu timides », et les clients sont encore peu nombreux à se laisser tenter, confie toutefois Julio Perez, le patron.
A la cordonnerie Kidur, à Montpellier (Hérault), « la journée commence du bon pied ». « J’y tiens à mon slogan, sourit le patron, Julio Perez. Il y en a qui aurait payé des boîtes pour ça ! Moi, c’est ma fille qui l’a trouvé. » Epaulé par ses enfants, ce cordonnier de la place Jean Jaurès tente de relancer un service qui n’existe plus, ou presque, depuis des décennies en France : le cirage de chaussures.
Tous les jours, sauf le dimanche, de 8 heures à 10 heures, les clients sont invités à s’asseoir dans un grand fauteuil en bois fait maison, devant la boutique. Pour 5 euros, Julio Perez s’occupe de leur cirer les pompes, pendant un petit quart d’heure. Et avec la complicité de ses voisins commerçants, le cordonnier leur propose, pendant la prestation, de leur servir un café et un croissant. « Cirer les chaussures, je le faisais, lorsque j’ai commencé à travailler avec mon père, il y a 40 ans, confie Julio Perez. J’avais 13 ans. J’ai voulu remettre ce service disparu au goût du jour. »
« On a toujours des a priori sur les choses »
Pour l’instant, « les gens sont peut-être un peu timides », et les clients sont encore peu nombreux à monter sur la grande chaise. « Ils ne devraient pas être gênés, assure le cordonnier. Il y a un rapport humain génial, avec le client. On parle, on rit. » Pour le commerçant, cirer les chaussures n’a rien d'avilissant, contrairement à l’image qui colle à ce vieux métier. « Pas du tout, pas du tout ! », assure-t-il. « On a toujours des a priori sur les choses. Il faut que les gens s’enlèvent cette idée de leur tête. »
Jean-Pierre Verneau, cordonnier au Mans et président de la Fédération française de la cordonnerie-multiservice, trouve l’idée « excellente ». « Cela se faisait beaucoup, notamment dans les années 1960, ou un petit peu avant, mais c’est un service qui aujourd’hui a totalement disparu », confie-t-il. Pour une question d’image, peut-être. Mais si ce service n’existe plus, c’est surtout par souci de rentabilité, explique Jean-Pierre Verneau. « On ne peut pas vivre que de ça », assure-t-il. Notamment parce que la mode n’est plus vraiment aux mocassins en cuir, mais plutôt aux baskets. Alors dans un quartier d’affaires, peut-être. « Mais dans un quartier traditionnel, comme le mien, si je mets ça en place, je n’ai personne », regrette le représentant des cordonniers.
A Montpellier, Julio Perez espère bientôt proposer aux clients une carte de soins plus large, avec des recolorations, du glaçage, de la patine… « Et si ça venait à fonctionner, espère-t-il, cela pourrait déboucher sur un poste, pour une étudiante ou un étudiant ! »