Montpellier : Pourquoi le Lien, contournement de la ville par le Nord, n'est toujours pas achevé
INFRASTRUCTURES•La Liaison intercommunale d’évitement nord de Montpellier est un tronçon de 32 km censé relier les autoroutes A709 et A750Jérôme Diesnis
L'essentiel
- Lancée en 1988, la Liaison intercommunale d’évitement nord de Montpellier est un tronçon de 32 km censé relier les autoroutes A709 et A750.
- Sur les 32 km du projet, 24 ont déjà été mis en service. La première inauguration a eu lieu en 1997.
- La note s’est depuis encore alourdie avec au fil des années et l’infrastructure s’est heurtée à une forte opposition. 20 Minutes fait le point sur le Lien, chantier hors norme au cœur d’une bataille juridique.
En 2015, peu de temps avant la fin de son mandat au département de l’Hérault dont il fut le président, André Vézinhet (PS) évoquait la réalisation dont il était le plus fier : le Lien, contournement nord de Montpellier qu’il pensait presque achevé. Mais tente-trois ans après son lancement, l’infrastructure n’est toujours pas terminée. 20 Minutes fait le point sur le Lien, chantier hors norme au cœur d’une bataille juridique et d'une rapport de la Mission régionale d’autorité environnementale.
Le Lien, c’est quoi ?
La Liaison intercommunale d’évitement nord de Montpellier est un tronçon de 32 km censé relier les autoroutes A709 et A750. En 1988, l’infrastructure fut officiellement lancée. La route présente peu de zones de dépassement afin d’éviter d’un faire un boulevard urbain. Elle est censée désengorger le trafic de transit, en passant suffisamment au Nord pour ne pas favoriser l’étalement urbain. Ni déplacer trop de trafic. Une vision à laquelle s’oppose René Revol (PG), maire de Grabels. « Il ne s’agit pas d’une liaison intercantonale, mais interautoroutière. Les calculs de trafic sont faux. On ne peut pas faire passer une pseudo-autoroute à 250 m des maisons ».
Où en est-on sur le terrain ?
Sur les 32 km du projet, 24 ont déjà été mis en service. La première inauguration a eu lieu en 1997. Il s’agissait de la portion comprise entre Vendargues et Castries. L’ouvrage a avancé par petits tronçons, et la note s’est alourdie avec au fil des années. A ce jour, il reste 8 km à achever entre Saint-Gély du Fesc et Grabels. Le département, maître d’œuvre de ce chantier, a annoncé la fin des travaux pour novembre. Au menu, un échangeur routier « nœud du nouveau dispositif avec plusieurs fonctionnalités », détaille la collectivité.
Pourquoi une telle opposition ?
Depuis le lancement de ce contournement, le Lien s’est heurté à une forte opposition. La bataille juridique a eu pour conséquence de retarder le chantier, plus que de le modifier. Y compris lorsque le tribunal administratif avait annulé en 2013 l’arrêté de déclaration d’utilité publique pour la section entre Saint-Gély-du-Fesc et Bel Air, obligeant à recommencer à zéro la procédure sur ce tronçon. Il reste un ultime recours juridique, sur lequel portent les espoirs des opposants. Ce recours n’étant pas suspensif, des Zadistes avaient décidé d’occuper les terrains. Ils en ont été délogés par la force en fin de semaine.
Le rapport peut-il tout changer ?
Dans son rapport récent, la mission régionale d’autorité environnementale (MRAe), a recommandé « de clarifier les objectifs du Lien en général », de « reprendre l’étude d’impact » ou encore de « préciser les mesures techniques ». Mais elle ne se dit « ni favorable, ni défavorable » et son avis est consultatif. Huit espèces protégées seraient touchées. Le département s’est engagé à créer une réserve si nécessaire. Les opposants ont manifesté samedi devant la préfecture. « Les travaux ont démarré depuis trois semaines malgré des irrégularités dans la déclaration d’utilité publique, sur lesquelles le Conseil d’Etat n’a pas statué, estime Hélène Ilbert, membre du Collectif SOS Oulala. Dans un Etat de droit, on attend l’avis du Conseil d’Etat avant de commencer un chantier. »