Hérault : Les secrets de la popularité du Picpoul de Pinet, compagnon des dégustations d’huîtres
VIN•Ce blanc est l’une des valeurs sûres du Languedoc, et plaît particulièrement aux AnglaisNicolas Bonzom
L'essentiel
- Le Picpoul de Pinet est une valeur sûre des vins du Languedoc : très populaire au bord de la mer, où il se marie parfaitement avec des dégustations de coquillages, il séduit également les Anglais, qui boivent un tiers de la production chaque année.
- S’il est si populaire, confie Claude Jourdan, à la tête du domaine Félines Jourdan, l’un des plus gros producteurs de Picpoul de Pinet, c’est parce qu’il est « facile à déguster » et qu’il est associé « au bord de la mer, à des moments agréables ».
- Le syndicat de l’AOP espère toutefois arriver à séduire davantage de cavistes et de restaurateurs, qui sont encore nombreux à snober ce petit vin blanc.
C’est un petit blanc sans prétention, qui remporte pourtant tous les suffrages à table. Le Picpoul de Pinet, star des dégustations de coquillages au bord de l’étang de Thau, est l’une des valeurs sûres des vins du Languedoc. A l’occasion, ce week-end, de la première édition du Salon des vins Sud de France, à la foire de Montpellier (Hérault), 20 Minutes a mis le nez dans cette appellation ensoleillée.
« C’est un vin blanc assez sec, avec une belle acidité et une belle tension, ce qui est remarquable en Languedoc, explique Céleste Renault, coordinatrice du Syndicat de l’AOP Picpoul de Pinet. On sent les influences maritimes, forcément. C’est un vin très frais, qui est totalement dans l’air du temps, où l’on cherche des vins qui ont du peps. » Certains y trouveront des notes d’agrumes ou de fleurs blanches. « Il a une typicité, qui est bien marquée, c’est comme ça qu’on le reconnaît », poursuit Céleste Renault.
Associé à « des moments agréables »
S’il est si populaire, confie Claude Jourdan, à la tête du domaine Félines Jourdan, l’un des plus gros producteurs de Picpoul de Pinet, c’est parce qu’il est « facile à déguster » et qu’il est associé « au bord de la mer, à des moments agréables ». Et si le Picpoul de Pinet, dont le cépage existe depuis le XIVe siècle au moins, est reconnaissable parmi tant d’autres, c’est aussi grâce à sa bouteille, la Neptune. Une bouteille allongée, que seuls les producteurs de ce vin blanc du Languedoc peuvent utiliser.
Ce vin, appellation d’origine protégée (AOP) depuis 2013, n’est produit que sur six communes de l’Hérault : Castelnau-de-Guers, Florensac, Mèze, Montagnac, Pinet et Pomérols. Soit quelque 1.500 hectares, à cheval sur deux territoires très différents : le bord de l’étang de Thau, et à l’intérieur des terres, au nord. L’appellation, produite en monocouleur et en monocépage, compte quatre caves coopératives et 23 caves particulières. Dix millions de bouteilles sont produites chaque année.
« Avec les huîtres, c’est une évidence. Mais c’est toutefois un peu réducteur »
Mais contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’y a pas qu’un seul Picpoul de Pinet. « Il y a une véritable diversité de vins, avec une palette d’arômes très importante, reprend Céleste Renault. Les vignerons travaillent différemment. Et en fonction du territoire, les notes changent. Certains tendent même vers les fruits exotiques. » Ce blanc s’associe parfaitement avec les huîtres. Au bord de l’étang de Thau, certaines paillotes ne proposent presque que du Picpoul de Pinet pour accompagner leurs dégustations. Mais au syndicat de l’AOP, on se bat pour convaincre les consommateurs que l’on peut, aussi, le marier avec d’autres plats. « Avec les huîtres, c’est une évidence. Mais c’est toutefois un peu réducteur, pointe Céleste Renault. Il peut aussi accompagner des fromages affinés, de la charcuterie, des plats cuisinés, etc. »
Le syndicat espère, aussi, séduire davantage de cavistes et de restaurateurs. Comme c’est le cas pour d’autres vins très populaires, le Picpoul de Pinet, qui a longtemps souffert d’une image écornée, est encore un peu snobé par certains professionnels. « Nous aimerions les aider à avoir un peu plus d’intérêt pour cette appellation, et leur montrer que, depuis dix ans, il y a eu une augmentation de la qualité très importante, et une diversité de plus en plus importante », poursuit la coordinatrice de l’AOP.
Mais ce vin ne plaît pas seulement aux Français : 65 % de la production est exportée. Le Picpoul de Pinet représente même 80 % de l’exportation de vins blancs du Languedoc. Il est en grande partie envoyé au Royaume-Uni, qui raffole de ce petit vin blanc sec. « Un tiers du Picpoul de Pinet est bu par les Anglais », confie Céleste Renault. « Ils aiment les vins blancs secs, avec un côté un peu minéral, comme le Picpoul de Pinet, poursuit Claude Jourdan. Mais ils le dégustent un peu différemment qu’en France, plutôt dans les bars. Après le travail, ils vont se retrouver à plusieurs, et vont acheter une bouteille, dans un bar, et la consommer en papotant. »