Frontignan : Les odeurs d'œuf pourri causées par les eaux souterraines d'une ancienne raffinerie
TRAVAUX•Quand le canal du Rhône est bas, les effluves de sulfure d’hydrogène sont particulièrement malodorantesNicolas Bonzom
L'essentiel
- Depuis des années, lorsque le niveau du canal est bas, les quais Voltaire et Rousseau, à Frontignan, étaient cernés par les effluves de sulfure d’hydrogène (H2S).
- C’est la faute à des eaux souterraines de l’ancienne raffinerie Mobil, qui présentent des concentrations en H2S, du fait de la dégradation d’hydrocarbures dans le sous-sol.
- Des travaux sont actuellement menés pour faire disparaître ces odeurs.
Ça ne sent (presque) plus d’œuf pourri, au bord du canal du Rhône, à Frontignan (Hérault). C’est peut-être un détail pour vous, mais pour les habitants du coin, c’est une petite révolution. Depuis des années, lorsque le niveau du canal est bas, les quais Voltaire et Jean-Jacques Rousseau étaient cernés par les effluves de sulfure d’hydrogène (H2S), un gaz toxique, et particulièrement malodorant.
Selon la force du vent, ou même, sans doute, la température, la perception par les habitants n’étaient pas la même. « Cela allait de la simple gêne, à l’envie de vomir », confie Céline Laurens, présidente de l’Association des riverains du canal du Rhône. « C’était une odeur d’œuf pourri, très récurrente », ajoute Francis Herrera, membre de France Nature Environnement et ancien secrétaire d’Action Risque Zéro Frontignan (ARZF), qui a signalé ces odeurs aux autorités dès 2012. Elles avaient par ailleurs été identifiées par le réseau des « nez » (lire ici), mis en place sur le bassin de Thau par Atmo Occitanie, l’organisme régional chargé de surveiller la qualité de l’air.
Des eaux souterraines en cause
Mais « après des années de recherches et divers travaux sur les canalisations », se réjouit la commune de Frontignan, l’origine de ces odeurs a enfin été identifiée : c’est la faute à des eaux souterraines, en provenance de l’ancienne raffinerie Mobil, non loin de là, qui « présentent des concentrations en H2S, du fait de la dégradation des hydrocarbures dans le sous-sol », a précisé aux habitants des quartiers impactés Exxon Mobil, à qui appartient l’ex-site industriel. « Elles s’écoulent du nord du site vers cette section du canal, poursuit le groupe pétrolier. Lorsque le niveau du canal est bas, les arrivées d’eau de la nappe souterraine se font très proches de la surface de l’eau, le H2S dissous dans l’eau s’oxygène et les odeurs sont ressenties. Lorsque le niveau du canal est haut, les arrivées d’eau sont immergées et on ne ressent pas d’odeur. »
Pour le plus grand bonheur des habitants, qui font enfin pouvoir boire l’apéritif sur la terrasse sans se bouger le nez, d’importants travaux sont actuellement menés pour y remédier : des plongeurs cartographient en ce moment les arrivées d’eau qui posent problème, et les redirigent, via des tuyaux, vers le fond du canal du Rhône. Si cette redirection des eaux a considérablement fait baisser les effluves de sulfure d’hydrogène dans le quartier, « on sentait encore quelques odeurs au niveau du quai Rousseau », reprend Céline Laurens. Mais dans le canal, les travaux se poursuivent.
A partir de 2022, les travaux de dépollution de l’ancienne raffinerie, aujourd’hui fermée, permettront par ailleurs de diminuer encore un peu plus les concentrations en H2S. Exxon Mobil a par ailleurs prévu, confie le groupe à 20 Minutes, de constituer son propre réseau de « nez », qui sera chargé de débusquer les odeurs que cette réhabilitation du lieu pourrait mettre au jour. Les habitants qui le souhaitent sont invités à y participer.