Montpellier : Comment la ville peut-elle tenter de réguler les locations sur Airbnb ?
TOURISME•Le maire de Montpellier Michaël Delafosse a dit son intention de contrôler les locations touristiques meublées proposées sur la célèbre plate-formeNicolas Bonzom
L'essentiel
- Le 15 septembre, lors du conseil métropolitain, Michaël Delafosse (PS), le maire de Montpellier, a dit son intention d’œuvrer à la régulation des locations sur Airbnb.
- « Quand cela devient une activité à part entière, cela déstabilise l'hôtellerie, et cela met le logement en tension », a expliqué l'élu, au conseil métropolitain.
- Les communes disposent de plusieurs leviers pour tenter de contrôler les locations sur les plates-formes : contrôler si le seuil maximal est respecté, obliger les propriétaires à s'inscrire auprès de la mairie ou toucher à la taxe de séjour.
«Vous savez ce que c’est, le nouveau bruit dans l’Ecusson ? Celui des valises à roulettes ! » Le 15 septembre dernier, lors du conseil métropolitain, Michaël Delafosse (PS), le maire de Montpellier (Hérault), a indiqué sa ferme intention d’œuvrer rapidement à la régulation des locations sur Airbnb.
« Nous allons y mettre des moyens, a tonné l’élu. Dans l’hyper-centre, de nombreux logements qui pourraient être mis en location sont découpés, et deviennent des logements Airbnb. Bien sûr, cela représente pour certains des compléments de revenus, et c’est tout à fait entendable. Mais quand cela devient une activité à part entière, cela déstabilise l’hôtellerie, et donc des emplois, et cela met le logement en tension. »
Une législation « relativement libérale »
Mais une commune peut-elle vraiment s’attaquer à la célèbre plate-forme de locations meublées ? Ou est-ce un combat perdu d’avance ? « De nombreuses métropoles tentent aujourd’hui de réguler les locations via Airbnb, explique à 20 Minutes Antoine Courmont, chercheur à Science Po, expert des rapports entre les villes et le numérique. Mais leurs capacités à le faire se heurtent à la législation française, qui est relativement libérale dans ce domaine. Pour qu’elle soit plus contraignante, il faudrait qu’elle évolue. »
Mais, rappelle ce chercheur, on ne s’attaque pas à Airbnb, mais « aux personnes qui louent sur Airbnb ». Ainsi, les résidences principales ne peuvent pas être louées plus de 120 nuits par an. Dans 34 communes, où la tension locative est forte, les plates-formes se sont engagées ces derniers mois auprès du gouvernement à bloquer les réservations lorsque les propriétaires dépassent ce seuil. Dans la région, Nîmes, Frontignan et Sète figurent dans la liste des villes où cette restriction est en vigueur. Pas Montpellier.
Des données transmises aux communes
« Si la ville de Montpellier considère qu’il y a un problème de logement avéré, si elle est identifiée comme telle par le ministère du Logement, alors bloquer les réservations à 120 jours est quelque chose dont on peut tout à fait discuter, indique à 20 Minutes Timothée de Roux, le président de l’Union nationale pour la promotion de la location de vacances (UNPLV) et directeur général d’Abritel. Mais l’immense majorité des biens loués dans les villes sont des résidences principales. Bloquer les locations ne résoudra jamais les problèmes de logement, puisque ce sont des résidences principales. »
Aujourd’hui, les plates-formes de réservation de meublés doivent transmettre aux communes tous les détails des locations. « La mairie de Montpellier, comme les autres, a toutes les données : à travers le versement de la taxe de séjour, nous lui donnons l’adresse du propriétaire, les dates de séjour, le nombre de nuitées, le nombre de personnes etc », reprend le président de l’UNPLV. « Avec ces données, les communes peuvent renforcer les contrôles pour identifier les loueurs qui dépassent les 120 jours par an, et les poursuivre en justice », note le chercheur, Antoine Courmont.
« Nous demandons une hausse du taux de taxation »
Les villes peuvent aussi actionner le levier de la taxe de séjour pour tenter de réguler le phénomène. C’est le souhait de Nous Sommes, à Montpellier. « Pour lutter efficacement contre les abus de logements résidentiels mis en location à la nuit sur Airbnb, et donc retirés du parc locatif, nous demandons une hausse du taux de taxation équivalente à celle de Paris ou Lille », demande le mouvement, représenté au conseil métropolitain par Alenka Doulain. Dans certaines villes, comme à Paris, les loueurs doivent également s’enregistrer préalablement avant de mettre leurs biens en ligne.
« L’encadrement de l’activité de la location sur les plates-formes, nous la comprenons, reprend Timothée de Roux. C’est une activité qui a pris beaucoup d’ampleur, avec la montée en puissance de certaines plates-formes. Nous sommes prêts à en discuter, et nous le faisons, depuis longtemps, avec les pouvoirs publics et les collectivités locales. » Mais rappelle-t-il, il ne faudrait pas oublier que « les bénéfices de la location meublée de courte durée sont nombreux pour l’attractivité touristique locale ».