TRANSPORTSLe prolongement du tramway jusqu'à la mer à Montpellier, c'est pas gagné

Montpellier : Le prolongement du tramway jusqu'à la mer, c'est pas gagné

TRANSPORTSMichaël Delafosse, le nouveau maire de Montpellier, veut régler ce dossier qui traîne depuis des lustres... mais tout le monde n'y est pas favorable
Au terminus du tramway à Pérols, des bus transportent les usagers à la plage
Au terminus du tramway à Pérols, des bus transportent les usagers à la plage - N. Bonzom / Agence Maxele Presse
Nicolas Bonzom

Nicolas Bonzom

L'essentiel

  • A Montpellier, le tramway ne va pas jusqu’à la mer : il s’arrête 3 km avant.
  • Le nouveau maire, Michaël Delafosse, souhaite prendre en mains ce dossier.
  • Mais il devra discuter avec l’agglomération du Pays de l’Or, qui n’est pas particulièrement favorable à l’idée de raccorder le tramway à la plage.

Chaque été, l’aberration surprend plus d’un touriste : à Montpellier (Hérault), le tramway ne va pas jusqu’à la mer. Le terminus se trouve à un peu moins de 3 km de la plage, à Pérols, à deux pas de la frontière entre la métropole de Montpellier et l’agglomération du Pays de l’Or. Pour aller faire un plouf dans la Méditerranée, depuis la dernière station, il faut attraper un bus, ou marcher une trentaine de minutes. Chaque jour de l’été, des files interminables de piétons longent les routes pour regagner le sable.

De nombreux piétons préfèrent partir à pied rejoindre la plage depuis le terminus à Pérols (illustration)
De nombreux piétons préfèrent partir à pied rejoindre la plage depuis le terminus à Pérols (illustration) - N. Bonzom / Maxele Presse

Voilà de longues années que le projet de raccordement du tramway à la mer est évoqué. Mais aucun des présidents qui se sont succédé à l’agglomération puis à la métropole de Montpellier n’est parvenu à le boucler. Michaël Delafosse (PS), le nouveau maire de Montpellier et probable futur patron de la métropole, semble, lui, déterminé.

L’absurdité « d’un tramway qui s’arrête au milieu d’un rond-point »

« C’est un dossier qui est aujourd’hui un vieux serpent de mer à Montpellier, confiait-il à 20 Minutes quelques jours avec son élection. La responsabilité du futur maire, c’est d’essayer de le régler. (…) Si département et région sont parties prenantes dans ce projet, on peut mener un dialogue fécond, avec l’agglomération du Pays de l’Or, et enfin sortir de cette absurdité d’un tramway qui s’arrête au milieu d’un rond-point. Ce ne sera pas qu’une déclaration. Je vais retrousser mes manches, pour essayer de régler ce problème. »

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Mais le nouveau président de la métropole de Montpellier devra discuter avec le Pays de l’Or, et les maires des stations balnéaires du coin. Et c’est là que cela pourrait coincer. Sollicitée par 20 Minutes, l’agglomération du Pays de l’Or rappelle que « pour l’instant, les trois communes littorales du Pays de l’Or ne sont pas favorables à l’arrivée du tramway jusqu’à la mer. Il existe des navettes de bus qui fonctionnent bien. »

« Aujourd’hui, il n’y a pas de financements prévus pour ce projet »

Et si la collectivité, dirigée par Stéphan Rossignol (LR), le maire de la Grande-Motte, qui n’a pas souhaité répondre à 20 Minutes, n’est pas convaincue par un tel projet, c’est aussi une question écologique. « Le littoral du Pays de l’Or est un espace naturel à préserver et l’arrivée du tramway à la mer aurait un impact environnemental sur des sites protégés classés Natura 2000, poursuit la collectivité. Enfin se pose la question du financement d’un tel projet. Aujourd’hui, il n’y a pas de financements prévus pour ce projet. » Le Pays de l’Or n’exclut pas, en revanche, indique-t-elle, de mener d’éventuelles discussions à ce propos avec le nouveau président de la métropole de Montpellier.

« Travailler au déploiement des transports sur l’aire urbaine d’une métropole et de ses voisins, surtout quand les voisins ont ce qu’il manque à la métropole, comme un aéroport et des plages, ce n’est pas un principe critiquable, confie Yvon Bourrel (divers gauche), le maire de Mauguio-Carnon, l’une des trois communes du littoral montpelliérain, avec Palavas-les-Flots et la Grande-Motte. Un mode de transport qui régalerait de manière harmonieuse le littoral est un principe contre lequel personne ne peut aller, et je ne suis pas celui qui irait contre cela. Mais c’est aller vite en besogne que de dire que la solution est d’emblée le tramway. Interrogez Robert Subra [ancien président de la Tam], il vous dira que plus on s’éloigne de la zone urbaine, plus on creuse le déficit. Le tramway est un transport performant en milieu urbain, beaucoup moins lorsqu’on s’éloigne. »

« Ce n’est pas impossible »

Il faut, quoi qu’il en soit, que le mode de transport ne soit pas seulement un bénéfice pour les Montpelliérains, mais aussi pour les habitants qui résident sur le littoral, note Yvon Bourrel. Et puis, il y a le prix, pointe le maire de Mauguio-Carnon. Car le tramway, c’est cher : plus de 20 millions d’euros le kilomètre en moyenne.

Marc Le Tourneur, spécialiste des questions de transports et membre du mouvement de gauche Confluence, connaît bien le dossier. Il était déjà dans les cartons quand il était le directeur de la Tam, la structure qui gère le réseau des transports à Montpellier. « Je soupçonne que l’une des raisons importantes pour lesquelles [les communes du littoral montpelliérain] ont quitté l’agglomération de Montpellier, c’est pour ne pas avoir le tramway, assure Marc Le Tourneur. Elles ne voulaient pas voir la "racaille" de Montpellier sur les plages. »

Pourtant, selon ce spécialiste des transports, Montpellier a véritablement besoin que son tramway aille jusqu’à la mer. C’est même, confie-t-il, l’un de ses regrets de n’avoir pas pu boucler cet épineux dossier. « Le besoin d’aller à la mer, et vice et versa, en transports publics, a toujours été très important à Montpellier, note-t-il. Je suis ravi que Michaël Delafosse ait l’intention d’y arriver. Son avantage, c’est qu’il aura le département et la région avec lui. Le problème du financement ne me paraît pas être ainsi un problème majeur. C’est réglable. Ensuite, c’est une question de volonté politique, et d’acceptabilité des maires. Mais ce n’est pas impossible. Ce sera très difficile, mais ça peut marcher. »

Si la ligne était lancée, la meilleure des solutions, pour Marc Le Tourneur, c’est d’aller au moins jusqu’au Petit Travers, en longeant la deux fois deux voies et en évitant Carnon. « A moins que Carnon ne le demande ! », ajoute l’ex-directeur de la Tam, qui s’interroge en revanche sur une difficulté technique majeure que le projet pourrait rencontrer : les paysages fragiles (et protégés) qu’il traverserait. Les dunes ou les canaux, par exemple.