Pacte de Milan : Pourquoi Montpellier est une capitale de l’agroécologie
SOMMET•La ville accueille le sommet mondial du Pacte des politiques alimentaires jusqu’à mercrediNicolas Bonzom
L'essentiel
- Jusqu’à mercredi, Montpellier accueille le Sommet du Pacte de Milan, qui engage les villes qui l’ont signé à mettre en place des actions pour une alimentation durable.
- Montpellier dispose de l’une des armées de chercheurs les plus performantes d’Europe dans le domaine : 2.200 à 2.400 chercheurs travaillent sur ce thème.
- La ville et la métropole ont également mis en place des mesures dans ce domaine.
En accueillant jusqu’à mercredi le 5e Sommet du Pacte de Milan, Montpellier se mue en capitale de l’agroécologie. Pendant trois jours, élus, chercheurs et organisations du monde entier vont tenter d’imaginer les politiques d'alimentation urbaine de demain. Car le Pacte de Milan, que Montpellier a signé dès sa création en 2015, engage les 200 villes qui l’ont paraphé à mettre le paquet pour favoriser une nutrition saine et durable, pour tous. Et dans ce domaine, Montpellier est en pointe.
A l’université, au CNRS, à l’Inra, au Cirad ou à Sup Agro, on bosse dur pour trouver de nouvelles façons de produire et de s’alimenter. « En agriculture, écologie, agroécologie et biodiversité, nous disposons d’environ 2.200 à 2.400 chercheurs, indique François Pierrot, le directeur exécutif du projet Muse, qui rassemble tout cet écosystème. C’est l’un des groupes les plus importants d’Europe, l’un des tout premiers. C’est une force considérable. La particularité à Montpellier, c’est que tout le monde arrive à travailler très facilement ensemble, alors qu’ailleurs, il y a parfois des oppositions. On dit quelquefois que les agriculteurs et les écologistes s’opposent. Ici, les chercheurs en agriculture et les chercheurs en environnement et en biodiversité travaillent main dans la main. »
« Faire en sorte que quand nous produisons beaucoup, nous ne dégradions pas la nature »
Parmi les missions de cette armée de chercheurs, contribuer à nourrir les populations dans un environnement qui change. « Certaines équipes travaillent notamment sur comment continuer à faire croître les cultures différemment, avec peut-être moins d’eau, en utilisant moins ou plus du tout de pesticides, en respectant mieux l’environnement, l’être humain et l’ensemble des espèces, poursuit François Pierrot. Et faire en sorte que quand nous produisons beaucoup, nous ne dégradions pas la nature. »
En s’appuyant sur le nombre de publications et d’enseignants primés, voilà deux ans que le prestigieux classement de Shanghai place d’ailleurs l’université de Montpellier à la tête des établissements d’enseignement les plus performants en matière d’écologie.
« Notre politique d’alimentation va du champ à l’assiette »
Mais Montpellier fait également preuve d’une volonté politique en matière d’alimentation durable. « Nous sommes engagés dans ce processus [le Pacte de Milan] parce que nous étions localement déjà impliqués dans cette démarche », rappelle Philippe Saurel (divers gauche), maire et président de la métropole, qui a choisi de faire de l’agroécologie et de l’alimentation « l’un des sept piliers » de la construction de l’intercommunalité.
« Notre politique d’alimentation va du champ à l’assiette, reprend l’élu. Nous avons installé une gouvernance métropolitaine dans ce domaine, nous appliquons une politique de sauvegarde des terres et de relocalisation des agriculteurs. » Parmi les projets phares en cours, la ville a prévu de construire ses cuisines centrales au sein même du marché gare, le Rungis de Montpellier, pour qu’elles soient en relation directe avec les producteurs, et souhaite atteindre les 50 % de bio dans les cantines scolaires en 2020.