VIDEO. Perpignan: Tramway, Disneyland Paris... Un réseau de vol de cartes bancaires démantelé
JUSTICE•Lundi, quinze personnes ont été interpellées. Basé dans les Pyrénées-Orientales, ce réseau présumé aurait sévi dans le tramway à Montpellier, à Disneyland Paris, à Nantes ou dans la région parisienne…Nicolas Bonzom
C’est une enquête minutieuse de près de deux ans, mobilisant police et gendarmerie, qui a mené lundi à l’interpellation de douze personnes, dans la périphérie de Perpignan.
Ce « clan », composé de trois familles issues de la communauté des gens du voyage, originaires d’ex-Yougoslavie, est soupçonné d’être à la tête d’un réseau, qui dérobait des cartes bancaires dans le tramway de Montpellier, mais aussi près du parc Disneyland à Paris, et dans les régions parisienne et nantaise. 20 Minutes fait le point sur cette affaire qui a mobilisé plus de 300 policiers et gendarmes, lors du coup de filet final, lundi dernier.
Des mineures, 12 ans pour les plus jeunes
Les investigations débutent en 2015, à Montpellier. « Nous nous sommes rendus compte qu'un grand nombre de vols de cartes bancaires étaient commis dans le tramway, et aux abords du tramway, rapporte Christophe Barret, procureur de la République. Les personnes retiraient très rapidement des sommes en espèces, dans des distributeurs. »
Parfois, les victimes, souvent des touristes de passage dans la capitale héraultaise, ne se rendaient compte de rien. Un détail attire l’attention des enquêteurs : la bande qui sévit à Montpellier est composée de jeunes femmes, souvent mineures, 12 ans pour les plus jeunes, ou qui se font passer pour mineures. En croisant les dizaines, puis les centaines de plaintes qui s’entassent au commissariat, les policiers découvrent alors un même mode opératoire, ne laissant, au fil du temps, plus de doute : il s’agit d’un réseau.
Des vols à Disneyland Paris
« Ce sont des personnes qui maîtrisaient parfaitement bien les ruses et les techniques de vol, notamment pour repérer et retenir les codes des cartes bancaires », reprend le procureur de la République de Montpellier. En 2016, une enquête est ouverte.
Quelques mois plus tard, coup de théâtre : au cours du premier semestre 2017, les policiers de la sûreté départementale de Seine-et-Marne prennent contact avec leurs collègues héraultais. Eux aussi enquêtent sur des vols similaires, à Disneyland Paris. « Nous avions un phénomène conséquent de vols aux abords du parc, et dans les transports en commun qui y mènent, qui a augmenté à la fin de l’année 2016, et au début de l’année 2017 », explique le capitaine chargé de l’enquête, en région parisienne.
Trois familles « alliées »
Polices héraultaises et parisiennes et gendarmerie se mêlent à l’affaire, jusqu’à la découverte d’une « base arrière », dans la région de Perpignan. C’est ici que lundi, douze personnes ont été interpellées, dont deux mineurs. Trois gardes à vue ont depuis été levées, six personnes ont été déférées ce jeudi. Les autres sont toujours entendues à Montpellier. Les perquisitions ont permis de mettre la main sur dix véhicules, quatre « de luxe », 47.000 euros en espèces, des montres et des vêtements haut-de-gamme.
Dans ce « clan », composé de trois familles « alliées », certains avaient déjà été condamnés, en 1998, pour provocation de mineurs à commettre des délits, ou en 2013 et 2014, pour recel, association de malfaiteurs et blanchiment. Les voleuses présumées, des jeunes femmes soupçonnées d’avoir sévi sur toute la France ces dernières années, figuraient dans « l’entourage immédiat de ces personnes », indique Christophe Barret. « Ils venaient à un endroit, ils y restaient quelques jours, voire quelques semaines, note le procureur. Parfois, ils préparaient leur venue à l’avance, réservaient des hôtels... »
« Une délinquance difficile à détecter »
Le nombre précis de victimes, lui, est difficile à chiffrer. Des centaines, peut-être plus. Les enquêteurs estiment que le clan visé par une enquête pour recel en bande organisée, provocation de mineurs à commettre des délits ou association de malfaiteurs, pouvaient générer jusqu’à 150.000 euros par mois. Le plus gros retrait effectué était de 7.500 euros. « Ce sont des gens très discrets, qui ne faisaient pas parler d’eux », note Christophe Barret. Qui dépensaient l’argent « en famille », dans les casinos notamment.
« C’est une délinquance difficile à détecter, qui passe sous les radars », reprend le colonel Bertrand Thibault, de l’Office central de lutte contre la délinquance itinérante. Les personnes interpellées, elles, contestaient toujours ce jeudi faire partie d’un réseau.