Législatives: Un «Monsieur Scoumoune» au FN, un PS fragilisé... Les enjeux du scrutin dans l'Aude
POLITIQUE•Il y a trois circonscriptions dans ce département, terre de gauche depuis très longtemps…Nicolas Bonzom
«Département le plus socialiste de France », l’Aude a longtemps été une terre promise au PS. Et même à la SFIO et à la Fédération de la gauche démocrate et socialiste, qui l’ont précédé des décennies auparavant. Depuis vingt ans, Solférino peut compter sur les trois sièges de député dans ce département du Sud de la France.
Mais dans ce territoire de quelque 360.000 habitants, où la quasi-totalité des leviers du pouvoir ont longtemps été aux mains de la gauche, le FN est en embuscade. Au 1er tour de l’élection présidentielle, c’est Marine Le Pen qui est arrivée en tête, avec 28,26 % des voix, sept points devant Emmanuel Macron. Un petit tremblement de terre au pays du vin. 20 Minutes fait le point sur les enjeux des législatives dans l’Aude.
Après vingt ans de mandat, Jean-Claude Pérez remet ça
Voilà vingt ans en ce mois de juin que Jean-Claude Pérez est député de l’Aude. Il y a cinq ans, cet ancien maire de Carcassonne, capitale du département, entre 2009 et 2014, avait battu le FN au 2ème tour avec près de 61 % des voix. Mais cette fois-ci, l’affaire semble plus corsée pour l’élu audois de 53 ans, qui remet son mandat en jeu sur la 1ère circonscription : il part sans le PS, dont il a claqué la porte. A L’Indépendant en décembre, il avait d’ailleurs souligné qu’il ne serait pas candidat. Il a changé d’avis.
Solférino n’a d’ailleurs pas fait dans la dentelle, en présentant un autre candidat sur sa circonscription chérie, Alain Giniès. Jean-Claude Pérez devra aussi compter sur une candidature En Marche, celle de Danièle Hérin, une ancienne présidente d’université, aujourd’hui élue à l’enseignement supérieur à la mairie de Carcassonne.
A droite, la 1ère circonscription de l’Aude a sa petite originalité. Les Républicains ont investi Miren De Lorgeril, mais l’UDI fait cavalier seul, avec Yamina Mamou, déléguée départementale du parti et conseillère municipale déléguée aux quartiers prioritaires. Enfin, Christophe Barthès représentera le FN, et Marine Toro, la France insoumise.
Au FN, « Monsieur Scoumoune » à l’assaut de la deuxième circonscription
Sur ce territoire de l’est du département, qui englobe les communes de Narbonne, Coursan et Sigean, Marie-Hélène Fabre et Michel Py sont de retour. La première, investie par le Parti socialiste, est la députée sortante. Elle avait remporté son siège à l’Assemblée nationale il y a cinq ans avec 56,83 % des voix face au second, maire de Leucate et conseiller régional, qui défendra les couleurs des Républicains.
Cette circonscription a toujours été remportée par la gauche sous la Vème République, depuis 1958. Sauf entre 1993 et 1997, où une vague bleue a déferlé sur la France. Et même sur l’Aude. Mais ces deux-là ne seront pas tout seuls. Loin de là.
Au total, dix-sept candidats sont sur la ligne de départ. Le record, dans l’Aude. Pour la République en marche, c’est Alain Perea, maire de Villedaigne, un petit village de 500 habitants, qui roule vers l’Assemblée nationale. L’homme était jusqu’ici au PS. A gauche toujours, le camp Mélenchon, de son côté, a investi Jean-Hugues Silberman.
De son côté, le FN a choisi Jean-François Daraud. Surnommé « monsieur Scoumoune », cette ancienne figure de l’UDI a acquis une certaine célébrité dans le département, en arpentant de nombreux médias nationaux depuis de longues années, en expliquant aux téléspectateurs à quel point il était malchanceux, multipliant notamment les accidents depuis de longues années. Il a même écrit un livre sur le sujet.
La dernière fois qu’on l’a vu à une heure de grande écoute, c’était le 14 octobre dernier, dans Les 35 h de Baba, le marathon télévisuel de Cyril Hanouna, sur C8. Contactée par 20 Minutes il y a sept mois après l’émission, la société de production était alors « tombée des nues » en découvrant l’engagement politique de son invité.
La troisième circonscription peut-elle rester socialiste ?
Si dans la 1ère circonscription, Jean-Claude Pérez rempile, Jean-Paul Dupré, le député-maire de Limoux ne se représentera pas. Comme lui, il aura fait quatre mandats sur ce territoire, qui s’étend de Quillan, dans la Haute-Vallée, à Lagrasse, dans les Corbières. Pour conserver le siège, Solférino a investi André Viola, président du département.
Si ce territoire est réputé pour être « le plus à gauche » de l’Aude, le résultat du PS au 1er tour de l’élection présidentielle était maigre : 6,3 %. Peu, très peu, pour un bastion socialiste. Lors de ce scrutin, André Viola trouvera sur son chemin Mireille Robert pour le camp de Macron et Manon Le Bretton pour celui de Mélenchon. En hausse sur ce territoire lors des derniers scrutins, le FN, de son côté, a misé sur Christelle de l’Epinois.
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