Montpellier: Les trésors du mathématicien de génie Alexandre Grothendieck dévoilés en ligne
SCIENCES•Le chercheur montpelliérain avait laissé ses archives dans des cartons avant de se retirer dans un petit village...Nicolas Bonzom
L'essentiel
- Le mathématicien avait laissé ses archives à l'université avant de se retirer pour vivre en ermite
- Quelque 18.000 pages manuscrites sont accessibles sur le Web
C’est une véritable mine d’or qui a été dévoilée : les archives de l’illustre mathématicien montpelliérain Alexandre Grothendieck, disparu en novembre 2014, ont été mises en ligne par l’université de Montpellier, où il fut étudiant et enseignant.
Un trésor de 18.000 pages écrites à la main, des notes, des formules, des dessins géométriques, des diagrammes ou des courriers, échangés avec d’autres stars de la logique. « Cela faisait très longtemps que l’on parlait de ce fonds. Il y avait une attente forte de la communauté scientifique », confie Philippe Augé, président de l’université.
La vie d’Alexandre Grothendieck est un véritable roman. Né en Allemagne d’une famille juive, il est emmené avec sa mère en 1940, alors qu’il n’a que 12 ans, dans le camp de Rieucros, en Lozère. Après la guerre, son père mort à Auschwitz, il arrive à Montpellier. En 1945, il s’inscrit à la faculté, et obtient sa licence de mathématiques trois ans plus tard. Commence alors pour lui une épatante carrière de chercheur…
« Libéré »
Ses foisonnantes archives, à l’écriture fine et écrasée, le célèbre mathématicien les avaient laissées dans de volumineux cartons, en 1990, lorsqu’il avait décidé de se retirer en ermite dans un village des Pyrénées ariégeoises. C’est à Jean Magloire qu’il les a confiées. Un ancien élève, devenu un brillant enseignant-chercheur.
« Quand il m’a laissé ces documents, il n’y prêtait pas beaucoup d’importance, se souvient-il. J’ai vécu avec ces cartons durant des mois… J’avais conscience qu’il fallait conserver ce trésor. De savoir que ces documents sont en ligne, je me sens libéré. »
« C’est très émouvant »
Du côté de deux de ses fils, que nous avons pu rencontrer, l’émotion prévalait. « Toutes ces écritures, pour nous, c’est un peu du chinois, sourit Alexandre. Nous ne sommes pas du tout mathématiciens. Mais c’est très émouvant. » Matthieu, à ses côtés, se dit « soulagé », espérant que les impressionnantes archives de son père fassent des petits.
Car sur le verso d’un courrier, ou la feuille d’une vieille imprimante, il n’est pas impossible qu’un curieux découvre une formule gribouillée par le professeur Alexandre Grothendieck qui pourrait bouleverser les recherches mathématiques.