VIDEO. Sète: La mosquée accusée d’accueillir des salafistes et des appels au djihad
REPORTAGE•Sur place, les fidèles réfutent les soupçons d’appels à la haine et ne comprennent pas la décision de fermeture prise par les autorités…Nicolas Bonzom
A Sète, dans l’Hérault, les fidèles de la mosquée Assounna se disent « abasourdis ». Personne ne comprend, ici, que la préfecture ait décidé de fermer leur salle de prière « jusqu’à nouvel ordre ». Ce serait la découverte de tracts, contenant « des appels à la haine », découverts lors l’une perquisition dans ce lieu de culte, située à quelques dizaines de mètres du port de pêche, qui aurait poussé les autorités à réagir.
« C’est honteux », assène un habitué, qui a découvert la fermeture ce jeudi matin, en « regardant les infos ». Les soupçons portés sur cette mosquée sont pourtant lourds.
« Une idéologie radicale »
Selon un communiqué du ministère de l’Intérieur, « le responsable de cette mosquée prônait une idéologie radicale appelant à la discrimination, à la haine ainsi qu’à l’animosité à l’égard des autres. Tendant à rejeter l’autorité de l’État, la laïcité et la démocratie, il véhiculait ainsi un message contraire aux valeurs de la République et susceptible de constituer le terreau d’atteintes à la sécurité et à l’ordre publics. »
Les récentes interpellations d’un jeune couple et d’un autre homme, dans l’Hérault, auraient également éveillé les soupçons de la préfecture vers cette mosquée, qui n’ouvre qu’aux heures de prière. « La mosquée constituait (…) un lieu de rencontre régulier pour des fidèles connus pour leur radicalisation et leur proximité avec des personnes prônant le djihad armé sur le territoire national et cherchant à rejoindre la zone irako-syrienne. »
« Des appels à la haine ? Non »
Pour les fidèles de la mosquée, que 20 Minutes a rencontré à Sète, tous ces mots sonnent faux. « On essaye de comprendre, s’étonne l’un d’entre eux. Franchement, il n’y avait aucune raison de ferme cette mosquée. Des salafistes ? Pas du tout. Des appels à la haine ? Non. On vit tous ensemble, on respecte tout le monde, toutes les religions. »
A ses côtés, un autre homme, qui vient ici « de temps en temps », se dit « très étonné ». « Je n’ai jamais vu aucun problème ici. Personne ne m’a jamais donné de tract. » Mohamed Ali, lui, demande des preuves aux autorités. « S’il y a vraiment eu des tracts qui appelaient à la haine, qu’on nous les montre ! Moi, jamais je n’ai vu ça ici. Jamais. »
« Une mauvaise gestion »
« Je ne comprends pas du tout cette décision, confie l’un d’entre eux. Il n’y a aucun souci. Peut-être un peu de laisser-aller au niveau de l’administration, une mauvaise gestion peut-être, pas de bureau consistant… Mais de là à fermer la mosquée… »
Lui aussi privé de lieu de prière depuis ce jeudi matin, Fathi est perplexe devant cette décision de la préfecture. « On respecte les lois, on respecte la laïcité. Contrairement à ce que l’on entend parfois, ce n’est pas incompatible avec notre culte. Des mosquées dures, il y en a. Et c’est celle-là que l’on ferme, alors qu’il ne s’y passe rien. »
« L’imam nous a toujours appelé à combattre l’extrémisme »
Ce jeune Sétois prend la défense de l’imam de la mosquée Assounna, qui est d’origine marocaine. « C’est une personne intègre, une très bonne personne, qui nous a toujours appelé à se méfier et à combattre l’extrémisme et l’obscurantisme », reprend-il.
Dans son arrêté placardé sur la porte, la préfecture évoque pourtant un « lieu de référence des mouvances salafiste et tabligh », de « fidèles prônant le djihad armé » et de « réunion de nombreux musulmans intégristes ». Quant à l’imam, l’arrêté présente son discours comme radical, expliquant qu’il est « souvent remplacé », lors des prêches, par des « individus figurant parmi les fidèles les plus radicaux ».
« Seul l’imam peut prendre la parole »
Un autre habitant de l’Ile singulière, qui vient lui aussi prier rue de la Révolution, convient que deux des individus interpellés ces dernières semaines dans l’Hérault pour des projets d’attentat présumés venaient, de temps en temps, ici. « Ils venaient oui. Mais ils ne prêchaient pas, jamais. Ils discutaient entre eux. Seul l’imam peut prendre la parole. »
En attendant que leur mosquée rouvre, si elle rouvre un jour, certains vont aller prier à l’autre mosquée de la ville. Mais ce ne sera pas sans difficultés, assurent-ils. « Il y a au moins 350 personnes qui prient ici. Aller à l’autre mosquée, pourquoi pas. Mais il n’y a pas assez de place, là-bas, c’est archi-complet. Et dans un mois, c’est le ramadan. »