Montpellier : A Las Rébès, les opposants au projet immobilier ont (presque) tous déserté la colline
URBANISME•Suite à un viol survenu le 29 août, et à une pétition d’habitants, Philippe Saurel avait demandé l’évacuation du site. Les militants ont décidé de partir d’eux-mêmes…Nicolas Bonzom
A Las Rébès, petit quartier populaire de l’Est de Montpellier (Hérault), la quasi-totalité des zadistes ont déserté la colline. Depuis cinq mois, le terrain, propriété d’ACM-Habitat, voué à accueillir des constructions de logements sociaux, était par des opposants au projet. Le collectif Nuit Debout avait même pris part au combat.
Mais une discorde avec certains habitants du quartier, et le viol collectif d’une jeune fille de 19 ans survenu le vendredi 26 août, en contrebas de l’espace vert, par des individus extérieurs à la Zad, ont fait voler ce combat en éclat : Philippe Saurel (divers gauche), président de la métropole, maire de et président du bailleur social a prié la préfecture de faire évacuer la zone occupée illégalement au plus vite.
« Des événements qui nous ont porté préjudice »
Une récupération politique, pour l’association Les enfants de la colline, maître d’œuvre de l’opposition au projet d’ACM-Habitat. « Les militants des Enfants de la colline et les zadistes ne sont en rien impliqués dans cette affaire. Mieux encore, ils ont fait toute diligence pour faire fuir les violeurs et stopper cette agression innommable », confie la structure dans un communiqué. « Cela s’est passé en contrebas, nous ne nous sommes rendu compte de rien, dans un premier temps », assure un zadiste.
L’intervention policière demandée par n’a pas été nécessaire : samedi, les zadistes ont levé le camp, entassant les matelas et autres abris de fortune. « La Zad a fermé suite à des événements qui nous ont porté préjudice », note un militant.
Une pétition d’habitants contre les zadistes
Dans une pétition dévoilée par Philippe Saurel lui-même ce vendredi, 70 habitants demandent « la libération de la colline », « dépassés par les événements produits par les zadistes ». Ils dénoncent « des troubles », une « insalubrité » ou la consommation d’alcool ou de drogues. Alors qu’il y a quelques semaines, l’osmose paraissait idyllique entre zadistes et habitants, l’ambiance se serait tendue au fil du temps.
Même si les militants rejettent les accusations, et appellent « à la vigilance quant aux amalgames possibles, aux rumeurs et surtout à la désignation des responsables », c’est dans un « souci d’apaisement » qu’ils ont acté leur auto-évacuation. « Face à un quartier qui ne veut plus de nous, il est très difficile de tenir », regrette un opposant au projet.
Désormais, il ne reste plus qu’un seul militant, également résident du quartier, qui vit illégalement, jour et nuit, sur la colline. « Le combat est loin d’être terminé, assure-t-il. Nous continuerons à nous battre, autrement, en organisant des forums de discussion, par exemple. »