ECONOMIEAvec la hausse des stocks et des quotas, le thon rouge retrouve la pêche

Méditerranée : Avec la hausse des stocks et des quotas, le thon rouge retrouve la pêche

ECONOMIEC'est jeudi que débute la pêche au filet. Si les professionnels se réjouissent de ces augmentations, chez WWF, on regrette que ces décisions aient été prises si vite...
Nicolas Bonzom

Nicolas Bonzom

A Sète, dans l’Hérault, voilà déjà plusieurs jours que les thoniers senneurs ont pris la mer, direction Malte et les Baléares. La période est cruciale pour ces quelque 200 marins, embarqués sur une douzaine de bateaux, qui quittent leurs familles pendant près d’un mois : jeudi démarre la campagne de pêche au thon rouge.

Si la technique de l’hameçon pour ramener l’« or de la mer » est autorisée depuis le mois de mars, l’usage du filet lui, démarrera à la première heure jeudi. Avec une spécificité : à la pêche à la senne, les poissons sont conservés vivants.

Un marin quitte Sète à bord d'un thonier.
Un marin quitte Sète à bord d'un thonier. - N. Bonzom / Maxele Presse

Une « image déformée » du thon rouge

Jusqu’au 24 juin, chaque embarcation pourra pêcher sa part des quelque 2.500 tonnes autorisées par le quota français (3.104 tonnes au total avec la pêche à l’hameçon).

« Les consommateurs ont malheureusement encore une image déformée du thon rouge… Certains pensent qu’il ne faut pas en manger, ou même qu’il est interdit d’en pêcher. Il faut bien expliquer que depuis 2006, il y a des mesures très restrictives, et que depuis, le stock se porte mieux », assure Bertrand Wendling, le directeur de la Société coopérative maritime des pêcheurs de Sète-Môle.

Une augmentation des quotas depuis l’année dernière

Depuis cinq ans, les études menées en mer montrent que la biomasse de thon rouge en capacité de se reproduire est quatre fois supérieure à celle observée depuis les années 1950, ce qui a notamment permis aux autorités d’augmenter les quotas de 20 % l’année dernière et encore de 20 % cette année.

Côté mesures, le nombre de navires est restreint par pays (17 pour la France, dont une douzaine part de Sète), tandis qu’un observateur indépendant embarque sur chacun d’entre eux pour garder un œil sur les quotas.

« Nous aurions dû attendre l’évaluation définitive »

Du côté des associations environnementales, on regrette cependant que les quotas aient été augmentés si vite… « En 2014, il a été décidé que les quotas seraient augmentés parce qu’à l’époque, en effet, les estimations montraitent que le stock allait mieux », explique Joséphine Labat, chargée de projet Pêche durable à WWF France.

« En 2014, nous avions alerté les autorités, en rappelant que ce n’était que des estimations, reprend Joséphine Labat. L’évaluation définitive [qui a lieu tous les trois ans] sera rendue en novembre. Certes, il y a sûrement une belle histoire à raconter sur le thon rouge, en montrant que les quotas ont eu des effets positifs… Mais pour les augmenter, nous aurions dû attendre cette évaluation. Augmenter avant, c’est envoyer un signe trop positif à la filière, et mettre trop de pression sur une ressource qui vient tout juste de se remettre d’une situation de crise. »

D’ici quelques semaines, le thon rouge pêché à la senne sera payé au pêcheur entre 10 et 12 euros le kilo, contre 7 à 8 euros il y a dix ans. Et la plupart seront vendue au Japon, où le poisson s’arrache chaque année à prix d’or.