Hérault : Une centaine de militants PS signent une lettre demandant le retrait du projet de loi Travail
POLITIQUE•Selon les signataires, le texte menace l'existence même du parti à la rose...Nicolas Bonzom
Certains évoquent les prémices d’une division, d’autres l’expression d’un simple débat démocratique. Quoi qu’il en soit, la lettre ouverte demandant le retrait du projet de loi Travail, signée par 97 militants socialistes de la fédération de l’Hérault, ne passe pas inaperçu. Les signataires, qui ne veulent ni de la première version du texte, ni de la deuxième, parlent d’une loi qui « menace l’existence » même du PS.
Adressée à Jean-Christophe Cambadélis, la lettre regrette un projet qui « attire la colère de la jeunesse et des salariés, dont l’exaspération est à son comble ». « Nous n’acceptons pas que notre gouvernement, nous y associant au titre de militants du parti, organise une politique que l’on croyait réservée à la droite. Si nous ne faisons rien, notre parti sera discrédité pour de longues années aux yeux des militants. »
Ils seraient « beaucoup plus en réalité »
Moins d’une centaine de militants sur un peu moins de 2.000 adhérents au total sur la fédération, c’est peu. Mais selon les signataires, ils seraient beaucoup plus en réalité. Selon certaines sources, au moins le double penserait qu’il faut retirer le projet de loi, et environ cent de plus qu’il faut encore l’améliorer pour qu’il soit valable…
« Il est assez rare d’envoyer une pétition et une lettre ouverte de cette façon, en dépassant le cadre des motions et des tendances, explique Charlotte Géhin (PS), pétitionnaire, membre du conseil national du PS et du bureau fédéral de la fédération de l’Hérault. Il est difficile pour un militant d’accepter que son nom soit diffusé sur un appel public. Au-delà de cet appel, les militants qui sont opposés au projet sont très nombreux… Il y a une forte division entre le gouvernement et la base des militants. »
« Le PS ne peut pas s’attaquer au Code du travail »
Ce projet de loi, ces militants le rejetent tout entier. « Ils sont tout simplement en train de donner les clés du camion au Medef », regrette Alain Manteguetti (PS). « Première ou deuxième version, il n’y a rien de bon ! », reprend Michel Calvo (PS). « Il n’y a eu aucune concertation à tous les niveaux », note Philippe Barjonet (PS). « Le PS ne peut pas s’attaquer au Code du travail, se désespère Charlotte Géhin. Au niveau du droit des travailleurs, les propositions qui sont faites sont absolument dramatiques. »
« Quand c’est excessif, c’est contre-productif »
De son côté, Hussein Bourgi (PS), premier secrétaire fédéral du PS de l’Hérault, qui n’est pas signataire de la lettre, souligne tout de même qu’il est sain de permettre l’expression de toutes les divergences au sein du PS. « L’intérêt du parti n’est pas de dire ''Circulez, il n’y a rien à voir, il n’y a qu’une seule ligne'', non. Je considère que le parti doit pouvoir accepter un débat interne. Tout le monde doit pouvoir s’exprimer. »
Cependant, Hussein Bourgi confie que certaines critiques autour du projet de loi lui semblent « excessives ». « Quand c’est excessif, c’est contre-productif, note-t-il. Je trouve illusoire et vain de demander le retrait. Je pense qu’il vaut mieux travailler à améliorer son contenu. Sachant qu’il comporte des dispositifs intéressants, comme le compte personnel d’activité. »
Samedi prochain, doit se tenir un conseil national tendu au PS, à Paris. Ce sera aussi le jour d’une nouvelle manifestation prévue contre le projet de loi El Khomri.