SECURITELes commerçants accusent la vidéoverbalisation de faire fuir les clients

Montpellier : Les commerçants accusent la vidéo-verbalisation de faire fuir les clients

SECURITEDeux mois après son installation, si la mairie affiche une grande satisfaction à l'égard du dispositif, ce n'est pas le cas des épiciers et autres débits de tabac sur l’avenue de Toulouse...
Une voiture garée en double file, ce mardi, sur l'avenue de Toulouse, à Montpellier.
Une voiture garée en double file, ce mardi, sur l'avenue de Toulouse, à Montpellier. - N. Bonzom / Maxele Presse
Nicolas Bonzom

Nicolas Bonzom

Voilà deux mois que la vidéo-verbalisation sévit sur l’avenue de Toulouse. Le dispositif, mis en place le 1er février sur cet axe très fréquenté de l’Ouest de Montpellier, mais également sur le boulevard Gambetta et aux abords de la gare, fait la chasse aux automobilistes indélicats, en s’appuyant sur le réseau de caméras de la ville.

Objectif : neutraliser le stationnement anarchique et fluidifier le trafic. Avec 1.288 PV sur le seul mois de février sur les trois zones, du côté de la ville, on affiche une grande satisfaction. « Le dispositif a permis une nette amélioration du trafic sur les axes et aux abords », note Marie-Hélène Santarelli (divers gauche), élue à la sécurité. La mairie étudie même la possibilité d’étendre le dispositif aux boulevards Sarrail et Bonne-nouvelle, sur l’esplanade, pour contrôler l’entrée du tunnel de la Comédie et à Celleneuve.

Avant, « on se garait en double file »

Sur l’avenue de Toulouse en revanche, les commerçants ne cachent pas leur colère… « Ils ont tué le quartier », assène Martial, l’un des serveurs historiques du Lion, bar et débit de tabac de l’avenue, célèbre pour ses horaires tardifs. Ici, avant l’installation de la vidéo-verbalisation, « on se garait en double file » et « on mettait les warnings », confie un client. Une méthode devenue dangereuse avec l’arrivée des caméras à PV.

« Les gens ont peur de se garer, ils vont finir par ne plus venir », assure Hubert, l’autre serveur du Lion. « Ça nous coûte en moyenne une trentaine d’heures de travail en moins par mois, à nous, serveurs, souligne Martial. En discutant avec les collègues, on s’est rendu compte qu’une dizaine d’emplois sont menacés d’être supprimés sur l’avenue. »

« Une clientèle à warnings »

Car ici, la clientèle est essentiellement de passage. « Une clientèle à warnings », note un épicier. « Beaucoup de clients ne viennent plus, ils vont ailleurs… Ils ne prennent pas le risque de s’arrêter, même une minute pour acheter une baguette ou des cigarettes », selon lui. « Notre fréquentation a chuté d’au moins 30 %, expliquent les gérants de l’épicerie Au Clair de lune et de Mister Burger. On a fait une demande d’arrêt-minute à la mairie, mais cela n’a pas abouti. Ils veulent que tous nos magasins ferment ? »

Au bar Le Lion, on préconise l’aménagement d’horaires : « OK pour la verbalisation dans la journée, mais pourquoi ne pas suspendre le dispositif le soir et la nuit de 20 h à 6 h ? Cela n’apporte rien à la fluidification du trafic », note Martial. Côté mairie, on souligne que rien n’est prévu pour l’instant pour répondre aux doléances des commerçants.