Le tribunal correctionnel d’Alès a condamné à 18 mois de prison avec sursis, 1.000 euros d’amende et 185.000 euros de dommages et intérêts un agriculteur de Saint-Florent-sur-Auzonnet, une commune des Cévennes. Pendant 30 ans, il a utilisé les services d’un homme, aujourd’hui âgé de 72 ans, sans jamais lui verser le moindre salaire. Sa pension de retraite versée par la Carsat (Caisse d’Assurance Retraite et de la Santé au Travail) et son RSA étaient ponctionnés par l’agriculteur et sa compagne, auxquels celui qui était réduit à l’état d’esclave avait confié une procuration bancaire depuis 1985.

Son tortionnaire : « Je lui ai fourni la famille qu’il n’a jamais eue »

« Je lui ai rendu service. Il me donnait la main pour les petits travaux : nourrir les bêtes, couper du bois… Je lui ai fourni la famille qu’il n’a jamais eue », a expliqué l’agriculteur à la barre. Le tribunal ne l’a pas entendu. L’homme qui vivait dans un cabanon de 12 m2, sans eau ni chauffage, était corvéable à merci et « travaillait toute l’année », a-t-il expliqué aux gendarmes. « Comme tout esclave, il a adhéré aux volontés de son maître, jusqu’à prendre sa défense », évoque son curateur àMidi Libre. Au point de se considérer comme un membre à part entière de la famille.

Placé en maison de retraite, il a été mis sous la curatelle d’un voisin. C’est lui qui, en compagnie d’une assistante sociale, a effectué le signalement auprès du procureur de la République.