Montpellier: Sept ans de prison ferme pour le chauffard qui a tué deux jeunes filles en 2014
JUSTICE•L'homme, originaire de Savoie, a été placé en mandat de dépôt à l'issue de l'audience...Nicolas Bonzom
Sept ans de prison ferme, avec mandat de dépôt : c’est la décision prononcée lundi par le tribunal correctionnel de Montpellier, à l’encontre d’Alix, 25 ans. Ce natif de Savoie a été reconnu coupable de la mort de Boutaina et Claire, amies d’enfance, présentées comme « inséparables » par Me. Abratkiewicz, avocat de la famille de Claire.
Projetées à plusieurs dizaines de mètres
La peine est assortie d’une annulation du permis pendant 10 ans. Le prévenu a dit « regretter infiniment » ce qu’il s’est passé : le 8 août 2014, à 2h20, les victimes, âgées de 19 et 17 ans, rentraient à scooter de leur travail lorsqu’elles ont été percutées par le véhicule du prévenu, sur la 2 x 2 voies, entre Palavas-les-flots et Montpellier, à Lattes.
Les deux victimes ont été projetées à plusieurs dizaines de mètres, tandis que le cyclomoteur a été traîné sur plus de 300 m. Alix, qui roulait à 89 km/h, et n’était donc pas en infraction de vitesse, a terminé sa route sur un panneau de signalisation, mais ne s’est pas arrêté, ce qui lui a valu d’être également poursuivi pour délit de fuite.
Boutaina et Claire, qui travaillaient en tant que serveuses le soir de l’accident, sont décédées quelques heures plus tard, des suites de leurs blessures.
« Soit vous êtiez ivre, soit vous êtes fou, soit vous mentez »
« Vous ne vous êtes pas rendu compte du choc ? Soit vous étiez ivre, soit vous êtes fou, soit vous mentez », lui assène le président Paul Badouin. Pourtant, le prévenu l’assure : il ne s’est pas aperçu de la violence du choc, pensant à un « simple accrochage ». Rentré chez lui, il aurait néanmoins téléphoné à sa petite amie, lui indiquant avoir fait « quelque chose de grave ». « Ce n’est qu’en rentrant que je me suis vaguement rappelé avoir eu un accrochage avec un cyclomoteur », assure-t-il. Là, il se met à boire. « Une demi-bouteille de whisky », note le président. Silencieux, le prévenu acquiesce.
Le matin, malgré les sermons de son colocataire, il refuse de se rendre. L’homme plonge sa voiture dans un fossé, vers Pignan, pour faire croire à un vol. Quelques heures plus tard, il est interpellé : dans l’accident, il a perdu son pare-choc, et sa plaque d’immatriculation, ce qui a permis de le retrouver. Il a 1,2 g d’alcool par lire de sang.
« Je pense aux victimes »
Mais au moment des faits, l’homme, qui avait déjà été condamné en 2012 pour conduire en état d’ivresse, était-il sous l’emprise de l’alcool ? Impossible de le dire précisément. Il assure avoir simplement bu quelques verres, dans une soirée.
« Je ne vis plus normalement, je fais des cauchemars. Je pense aux victimes », a confié Alix, présenté comme dépressif, régulièrement sous anti-dépresseurs et anxyolitiques et dont « la mère était alcoolique », note son avocat. Me. Etienne Nicolau a également assuré que le délit de fuite n’avait eu aucune conséquence supplémentaire sur l’issue tragique des faits et relevé la dangerosité de cette route, accessible aux deux-roues, limitée à 110 km/h. « D’ailleurs, quelques mois plus tard, elle est passée à 90 », note-t-il.
Une comparution qui s’est faite dans la douleur : plusieurs proches des victimes, en pleurs, ont dû à plusieurs reprises quitter la salle. « Cette décision n’est pas un exploit, a noté Hassan, le père de Boutaina. Nous aurions aimé plus. Dix ans, le maximum (…) Ecoutez sa mère pleurer… Nous, on vit avec ça, tous les jours. On ne vit pas, on survit. A 32 ans, il sortira de prison et pourra refaire sa vie. Moi, je n’ai plus ma fille. »