INTERVIEWGérard Onesta (EELV): «Le PS représente un vide idéologique en France»

Régionales : «Le PS représente un grand vide idéologique en France», estime Gérard Onesta (EELV)

INTERVIEWLa tête de liste EELV/Front de gauche pour les régionales a accordé un entretien à « 20 Minutes »…
Nicolas Bonzom

Nicolas Bonzom

Gérard Onesta (EELV) était de passage à Montpellier, ce lundi. La tête de liste du rassemblement EELV/Front de gauche, conseiller régional de Midi-Pyrénées et ancien député européen [et cousin de Claude Onesta, sélectionneur de l’équipe de France de handball] est venu présenter ses troupes, à deux mois des régionales. L’Albigeois de 55 ans s’est confié à 20 Minutes.

Vous êtes à la tête d’une liste EELV/Front de gauche. Cela signifie que EELV n’est plus compatible avec le PS ?

Incompatible avec le PS, non. Mais certainement pas en capacité de faire l’union autour du grand vide idéologique que représente le PS en France. Le bilan environnemental, social ou en termes d’emploi du couple exécutif de notre pays, il est catastrophique. Je vous donne le bonjour de la courbe du chômage, qui devait être inversée… Il faut réinventer autre chose. Le PS assume sa ligne social-libérale à travers Manuel Valls, Emmanuel Macron… ou Carole Delga [la tête de liste PS aux régionales] ! Cela ne permettra pas de sauver l’emploi, l’agriculture et de réinventer les transports.

Votre objectif, c’est d’être en tête au premier tour…

Oui, en tête de la gauche au premier tour. Les sondages nous mettent à deux encablures d’y être. Nous sommes à la tête d’un rassemblement qui a vocation à gagner. On sait très bien que cette région sera à gauche. Mais reste une question : quelle gauche ? Celle qu’incarne le PS, avec le bilan que l’on sait, et les cumulards ? Ou une gauche différente, éthique et écologique, que nous incarnons ?

La préfecture, l’Insee, peut-être l’Agence régionale de la santé… Les Montpelliérains ont peur que la ville soit dépossédée au profit de Toulouse. Quelle est votre opinion sur cet équilibre des territoires ?

Un de nos axes de campagne, c’est l’équité des territoires. La loi, rédigée par des gens qui étaient loin des réalités, dit que dans la même ville, on ne peut pas mettre la préfecture de région, le siège du conseil régional et son lieu principal de travail. Nous n’avons pas vocation à tout concentrer quelque part. Je ne veux pas que Toulouse siphonne 13 départements, y compris la deuxième métropole qu’est Montpellier. Notre région a deux locomotives, c’est une chance. Les wagons, ce sera la proximité.

Maintiendrez-vous et étendrez-vous le TER à 1 euro, en place en Languedoc-Roussillon ?

Le TER est à 1 euro sur certaines heures, certains jours, pour certaines lignes et certains trains. C’est une infime partie du transport ferroviaire en Languedoc-Roussillon. Si c’est pour un slogan, ça ne sert à rien. Nous pensons qu’il faut avoir une politique tarifaire qui aide les plus précaires, y compris la gratuité pour ceux qui en ont besoin.

Et Lordi, ce PC portable offert à tous les lycéens en Languedoc-Roussillon ?

Bien évidemment, il faut aider les lycéens à ne pas être frappés par la fracture numérique. On ne peut pas aujourd’hui, faire des études, sans avoir accès à Internet. Certaines familles ne peuvent pas acheter d’ordinateurs à leurs enfants. Mais ce qu’a fait la région Midi-Pyrénées, comme de nombreuses régions en France, c’est sous condition de ressources : vous êtes une famille très pauvre, avec peu de moyens, vous avez un très bel ordinateur à 25 euros, mais pour ceux qui ont les moyens, ce n’est pas nécessaire. Inutile d’encourager le suréquipement ! Sinon, ça veut dire que le soir même l’ordinateur en question, il se retrouve sur Ebay. C’est de l’argent public tout de même… Ça ne doit pas être « open bar » dans l’Apple Store du coin ! Et au-delà de l’ordinateur, il y a le coût des cartouches d’encre ou de l’accès Internet, qu’il faut regarder.

Philippe Saurel n’est pas sûr encore de boucler ses listes. S’il n’y parvient pas, le candidat pourrait-il vous intéresser pour, peut-être, vous rejoindre ?

J’ai plutôt un a priori humain favorable vis-à-vis du personnage. C’est une grande gueule, et dans le Midi, on est plus ou moins tous des grandes gueules. Il a tenu tête au PS, qui lui a fait beaucoup de misères. Reconnaissons-lui un certain courage. Après, son positionnement est difficile à comprendre. Il se dit « citoyen » et il ne met que des élus dans ses listes…

EELV est dans une situation délicate, avec le départ de plusieurs têtes du parti

C’est peut-être que ces têtes avaient beaucoup gonflé… Ces gens-là, personne ne les connaissait avant qu’ils ne soient désignés comme députés. Ils font allégeance au PS en espérant récupérer quatre biscuits, c’est pathétique. Je compte douze départs tout au plus. Si scission il y a, c’est tout sauf une hémorragie. Seulement quelques gouttes de sang…