Pour Mohed Altrad, «en France, on a peur d'entreprendre»
ECONOMIE•L'entrepreneur mondial de l'année estime qu'il serait possible de diviser le chômage par deux en France...Jérôme Diesnis
Dans la nuit de samedi à dimanche, Mohed Altrad est devenu, à Monaco, le premier français à obtenir le titre d’entrepreneur mondial de l’année. Une récompense plus que symbolique pour ce chef d’entreprise d’origine syrienne, né dans le désert d’un viol, aujourd’hui à la tête d’une entreprise de 17.000 salariés, 170 filiales à travers le monde et qui pèse 1,8 milliard d’euros de chiffre d’affaires.
Être reconnu mondialement par ses pairs, est-ce devenir exemplaire ?
« Peut-être au moins pour les gens qui ont de l’énergie, de l’ambition de faire des choses dans la vie et d’être utile. J’ai essayé de l’être à travers le rugby (il est président du MHR) ou les associations humanitaires. Je sais que je suis capable d’insuffler une dynamique pour 17.000 personnes, de montrer la voie par l’engagement et le travail. Être riche n’est pas un objectif, c’est un résultat. Beaucoup de gens se trompent car ils réfléchissent à l’envers et échouent. »
Ce modèle est-il transposable à l’échelle d’un pays ?
« Je constate que la France est un pays plein de génies, de ressources, de richesses, mais je suis aussi obligé de constater la hausse continue du chômage et de la pauvreté qui va avec. La peur, la crainte… Ce n’est pas normal. On ne peut pas être performant lorsque l’on vit dans la crainte. »
Vous pensez que le pays a peur de prendre des risques, d’innover ?
« Oui. On a peur de tout. Autour de moi, les gens n’osent pas entreprendre. Ils en perdent l’étape d’avant, ils n’osent pas oser entreprendre. »
Votre réussite pourrait-elle contribuer à changer les choses ?
« Ça devrait être le cas. Regardez d’où je viens. C’est la preuve que tout est possible, y compris de diviser le chômage par deux. Cela nécessite du courage, de l’abnégation, de ne pas avoir peur de tout, y compris de son mandat électif pour des hommes politiques. Ça devrait être un devoir. »
Vous seriez prêt à vous investir personnellement ?
« Je ne souhaite pas m’investir en politique, par envie et par temps, mais je suis prêt à donner de mon temps sans m’associer à un quelconque parti politique. Cette récompense m’offre le droit à la parole. »